L’ambition de cette interview visait à retracer « le Parcours analytique » d’André Green, depuis ses positions premières jusqu’à celles qui caractérisent aujourd’hui sa conception théorique de la Psychanalyse et sa pratique. Ambition trop vaste pour le temps d’un entretien qui se limite donc à dégager les jalons décisifs de l’évolution d’une pensée toujours en mouvement.
D’entrée de jeu, André Green souligne l’importance de son expérience psychiatrique qui lui fait comprendre « la force de la résistance et l’opacité de la maladie mentale ». Interne à Sainte Anne où il rencontre Henri Ey ainsi que Pierre Mâle, Granoff, Marty, Pasche …et Lacan, cette riche expérience prélude à son choix exclusif en faveur de la Psychanalyse.
Son apprentissage analytique se nourrit alors, des influences parallèles de Lacan et de la Psychanalyse anglaise en laquelle il se reconnaît. En 1974, il participe pour la première fois au Congrès des langues romanes avec son rapport sur « l’Affect » (qui deviendra « le Discours vivant ») et en 1974 paraît son article sur « le changement dans la pratique et la théorie ».
1975 marque pour André Green, un tournant décisif qui introduit dans son champ de pensée et de recherches, l’opposition entre névrose et cas limites : « j’ai creusé mon sillon dans ce continent qu’on appelle « les cas limites ». Il se pose en continuateur de l’œuvre de Freud dont l’acuité du regard, dit-il, avait prévu que l’Analyse allait être transformée par des structures qui n’étaient pas névrotiques. Dans cette perspective, il s’est toujours efforcé d’articuler les théories freudiennes et les théories post-freudiennes, en particulier celles d’auteurs tels que Winnicott et Bion qui, eux aussi, contrairement à Lacan, se sont affrontés à cette difficulté. La poursuite de cette recherche sur les cas limites qui débute par une étude du Narcissisme (1983) et l’exemple même de Freud qui, « à un âge avancé, n’a pas hésité à transformer sa théorie en introduisant la pulsion de mort », ont sans doute joué un rôle de modèle et de guide pour André Green, dans son effort pour repenser théorie et pratique analytiques en réponse à la demande actuelle. La fin de l’interview pose la question de l’épistémologie psychanalytique et de l’élargissement du champ de la Psychanalyse à la nature du « psychique » et non pas limité à la seule névrose. Marianne Persine
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