Le titre choisi pour cette conférence a pu surprendre par son caractère provocateur. Il m’est venu lorsque vous m’avez sollicité pour évoquer une clinique qui fut la mienne dans un centre thérapeutique spécialisé dans la prise en charge de ceux que Gilbert Diatkine appelait des « candidats à la psychopathie » pour les enfants et des « familles à problèmes multiples » pour les parents, et que Laurence Kahn qualifiait « d’enfants indomptables »[1]1. Bien que je ne travaille plus dans ce centre, j’ai le sentiment de leur être redevable pour une grande part de ma formation professionnelle tant clinique qu’universitaire, une dette qui m’incite à transmettre, nourri par un sentiment de culpabilité. Les avais-je laissé tomber ? Dans L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort, S. Ferenczi évoque ces enfants « qui sont d’abord traités avec enthousiasme, voire avec un amour passionné, mais qu’on a “laissé tomber” par la suite »[2]2, expression reprise par Winnicott[3]3 à propos de l’environnement qui ne doit pas laisser tomber l’enfant sinon l’espoir sous-tendu dans la tendance antisociale serait brisé. Pas toujours pourtant. Nous avons tous été frappés dans nos parcours cliniques par la « force vitale » (Ferenczi) dont font preuve certains enfants, pris dès le début de leur vie dans des situations aux limites de la pensée et de la tolérance et qui cependant montrent des capacités d’adaptation incroyables, sans jamais que les vécus dépressifs ne s’expriment comme tels, mais sur le versant de l’agitation et de la destructivité manifeste.
Dans ces formes cliniques, le recours aux actes occupe le devant de la scène. La souffrance dépressive se devine en filigrane derrière des récits anamnestiques chargés d’événements potentiellement dépressiogènes. La dépression attendue est masquée, elle se dessine en creux, en négatif. L’accès au vécu dépressif est entravé, les affects souvent déniés par l’enfant lui-même et par son entourage, quelquefois même il semble que ces enfants ne ressentent rien, comme s’ils n’étaient pas concernés, ni touchés psychiquement. Ils ont parfois recours à des défenses maniaques afin de protéger la psyché de toute survenue d’affects et de représentations intolérables et inélaborables en l’état. Ces mécanismes entravent l’élaboration psychique et le travail de symbolisation. L’enfant est doublement confronté à des sentiments de vide interne, d’ennui, rarement par des affects dépressifs qui sont réprimés, mis hors jeu, et non pas refoulés. Leur présence diffuse est parfois ressentie contre-transférentiellement. Les affects ne sont pas assignés à un objet lui-même dénié ou mal intériorisé, ce qui rend difficile l'élaboration du vécu dépressif encore peu accessible. C’est aussi pour palier à ce sentiment de vide interne que l’agitation et le recours aux comportements s’installent souvent. Comment faire alors pour rompre cet engrenage et tenter d’accéder à un vécu de dépression tolérable psychiquement ? Comment faire pour que le travail de symbolisation se réamorce, que l’agitation et la destructivité ne remplissent pas qu’une fonction de destruction mais soient liées et source de vie, que l’enfant parvienne à s’adapter à son environnement et à lui-même ?
De nombreux visages et situations me reviennent parmi ceux que j’ai pu suivre comme analyste dans ce centre, ils s’éveillent en moi lors de rencontres cliniques nouvelles, mais aussi souvent à l’écoute des supervisions des étudiants et des professionnels que j’accompagne. Je mesure alors combien ces situations cliniques passées sont malheureusement toujours très actuelles. Derrière ce besoin de transmettre se profile aussi une forme de lutte contre la négation, toujours à l’œuvre, de ce que la psychanalyse a pu apporter dans le champ clinique et social. L’écoute d’une vie psychique nourrie de la sauvagerie pulsionnelle issue du sexuel infantile présente chez tout individu, et des conflits instantiels suscités par les voies d’expression de ces pulsions sexuelles dont Freud nous dit dans Au-delà du principe de plaisirqu’elles sont « difficilement éducables ».
Peut-on « civiliser le sauvage infantile » s’interroge L. Kahn, tache dévolue au Kulturarbeit, « le travail de civilisation qui lentement transforme le petit primitif en enfant culturel, en Kulturkind »[4]4. Contribuer à élever des digues psychiques face à l’excitation qu’elle soit externe ou interne et liée à la violence pulsionnelle, parvenir à différer la satisfaction immédiate au profit d’une satisfaction secondarisée, tenter d’assouvir les besoins du moi en construction chez l’enfant via un environnement suffisamment bon, participent sur le plan des modalités thérapeutiques auprès de ces enfants, de ce travail de civilisation.
Parmi ces visages, le parcours de Maurice m’a semblé illustratif d’une agitation ayant valeur de lutte antidépressive, du fait de la précarité des objets internes rendant difficile la symbolisation, la constitution même des représentations psychiques, représentations de choses puis de mots auxquels secondairement des affects peuvent se lier. Ces objets internes ont pu progressivement se constituer et s’intérioriser grâce à l’investissement progressif d’un objet de transfert, via la relation établie avec son analyste, susceptible de recueillir les affects dépressifs lorsqu’ils adviennent à la conscience. En effet, pour s’autoriser à exprimer de la tristesse, il faut être sûr qu’il y ait quelqu’un de fiable pour la recevoir, quelqu’un qui ne vous laissera pas tomber, qui ne sera pas submergé ni détruit par la puissance dévastatrice des vécus dépressifs, ce que l’enfant, comme l’adulte, présent s’il s’autorisait à lâcher les digues défensives mises en place. Pour cela il lui faut d’abord être sûr que l’objet d’investissement résiste, mais aussi que cet objet et lui-même puissent compter sur et pour d’autres qu’eux même. Avec ces enfants en très grande difficulté, la relation duelle ne peut à elle seule permettre ce travail préalable d’accès à la symbolisation qui passe par la mise à l’épreuve de l’objet au sein du cadre thérapeutique. Enfant et thérapeute doivent pouvoir s’appuyer sur un environnement suffisamment bon, étayant et sécurisant, ce qui favorise sur le plan intra psychique l’intériorisation d’un tiers. Cet environnement doit s’adapter à l’enfant, lui qui n’a jamais demandé de venir au monde écrivait Ferenczi, et favoriser l’instauration d’une continuité d’existence. Il doit pouvoir offrir la fiabilité nécessaire pour que la destructivité et la réparation puissent être expérimentées et que secondairement la dépression puisse s’exprimer, se vivre psychiquement et être tolérée voire élaborée parce qu’elle aura trouvé un lieu et un objet pouvant la recevoir et la contenir.
Maurice est un jeune garçon africain, placé en famille d’accueil. Il est arrivé en France illégalement lors d’un séjour de son grand-père paternel qui l’élevait et qui est brutalement décédé pendant ce voyage. Il est alors recueilli par sa tante. L’assistante sociale, qui recevait cette femme pour un de ses enfants suivis dans notre institution, a vu tout d’un coup bouger quelque chose sous son bureau. Caché « sous ses jupes », Maurice, âgé de deux ans, montrait le bout de son nez. Il est l’enfant de son frère décédé quelque temps après sa naissance. La mère de Maurice appartenant à une ethnie différente n’était pas jugée digne de s’occuper du bébé, et la famille paternelle d’origine princière avait décidée qu’il devait être séparé d’elle. Maurice est le seul descendant à porter le nom de cette dynastie, un petit prince et à ce titre il serait « intouchable » aux dires de sa tante. Cette dernière pourtant ne semble voir chez son neveu que des ressemblances avec la mère, « une moins que rien ». Elle tente par un système éducatif très rigide de le « dresser » car il était selon elle en Afrique « comme un petit singe vivant en totale liberté ».
Petit Prince « intouchable », tombé du ciel et atterrissant en France brutalement, Maurice présente d’importantes difficultés à la maison, agitation, crises et un signalement est finalement fait. La séparation d’avec sa mère, puis d’avec ses grands-parents qui l’élevaient, le décès soudain du grand père, le changement brutal de vie et d’environnement, ainsi que l’incohérence du système éducatif sous-tendent pour partie les troubles du comportement. La situation s’est brutalement aggravée quand, à la suite de disputes importantes dans le couple, le mari de la tante a définitivement quitté la maison, chassé par sa femme. Maurice est alors placé en famille d’accueil, il a 6 ans. « Déposé comme un paquet », il ne manifestera aucune angoisse de séparation, aucune tristesse. Le placement familial spécialisé semble bien se passer. Maurice, accueilli par un couple âgé, est choyé par sa tata d’accueil. Il est calme et docile à la maison, tout en étant vif et autonome dans la vie quotidienne. La scolarité se déroule sans trop de difficultés apparentes, mais les relations avec ses pairs se passent mal et l’équipe du placement s’inquiète pour cet enfant qui s’exprime essentiellement par l’agir, non par les mots, et pour lequel ils soupçonnent un profond vécu dépressif. Une indication de psychanalyse est ainsi posée et je recevrais Maurice deux fois par semaine pendant cinq ans.
Impatient de venir à sa première séance, Maurice entre directement dans mon bureau pile à l’heure. Il ne dit rien, intimidé mais avec un sourire de satisfaction. Il ne veut pas dessiner, ni jouer, mais regarde tout ce qu’il y a dans mon bureau. Rien ne semble vraiment l’intéresser durablement et il reste silencieux. Je me mets alors à dessiner et là, il s’approche. Je dessine notre situation, il sourit, mais quand je lui propose de continuer avec moi le dessin, il ne veut pas. J’essaye un squiggle, il accepte et fait un rectangle en bas de la page. Il dit tout bas : « maison ».
En moi émerge l’image d’un film où un extraterrestre pointe le doigt vers le ciel, et je pense « E.T. phone Home, E.T. téléphone maison ». Je lui demande où est sa maison et il me répond qu’il a une maison comme ça, celle de tonton. De quel tonton parle-t-il ? Je relève « Tonton ? » Il ne précisera pas mais je crois comprendre qu’il parle de sa famille d’accueil, qu’il appelle Tata et Tonton. Il introduit donc d’emblée un tiers entre nous, au sein de cette relation duelle peut être trop chargée d’un risque de dépendance extrême et de perte d’objet, dans une dimension plus dépressive, ou trop chaude, dans une dimension œdipienne intégrant le risque incestueux. Tonton c’est aussi celui qui a été chassé de la maison par sa femme, la tante biologique de Maurice, figure imagoïque incarnant une toute puissance dangereuse. Vais-je le chasser lui aussi s’il s’aventure à exprimer ses désirs ? Il va poursuivre son dessin de façon très rigide, très contrôlée, sans plus d’associations. C’est lui qui met un terme à notre rencontre, qui se met à la porte et m’abandonne, partant tout seul vers le placement familial, il « connaît le chemin » me dit-il.
Ce besoin intense de maitrise de la réalité externe est directement en lien avec le peu de maitrise du monde interne du fait non seulement de la précarité des objets internes, mais aussi de la puissance des mouvements transférentiels mal contenus psychiquement. C’est précisément contre le risque du transfert et de ces effets que luttent ces enfants, car ils ne peuvent pas psychiquement se laisser aller à vivre des sentiments aussi intenses, à se faire confiance et à avoir confiance en l’objet. L’amour de transfert est violent, à la hauteur de la puissance des premiers investissements d’objets, qui ont souvent été source de déception chez ces enfants, et ce précocement, du fait de l’indisponibilité ou de l’absence de l’objet, voire de sa disparition comme ce fut le cas pour Maurice.
La psychanalyse va se poursuivre essentiellement à partir de jeux informels, bouts de papiers, pliages, découpages et collage, sans contenus figuratifs ni associations. J’entends très peu le son de sa voix, tout passe par le corps, les gestes, son visage expressif et son regard très intense. Mais Maurice est là, à chaque séance, pressé de venir, il fonce comme une trombe pour être le premier dans le bureau, ou bien se cache pour que je le cherche avant d’entrer. Un jeu de cache-cache comme un tout petit, qui devient un rituel au début de la séance, façon d’élaborer quelque peu la problématique de l’absence. Mais à l’intérieur du bureau, de la séance, ses ébauches de jeux sont très peu symbolisées, il touche à tout mais n’investit rien. Il n’y a pas de déplacement, ni de continuité associative ni au sein de la séance ni d’une séance à l’autre. C’est en bordure que Maurice semble fonctionner, sans jamais vraiment s’installer. Le peut-il vraiment, lui dont la fiabilité de l’environnement premier a été si durement mit à l’épreuve ? Peut-il avoir confiance en l’objet et prendre le risque de la régression qui favoriserait l’émergence des sentiments liés à ses vécus dépressifs ?
Jouer, c’est accepter de régresser à des positions infantiles pas si lointaines. Mais cette régression est inconcevable, puisqu’elle renvoie à des vécus d’impuissance, à des failles narcissiques douloureuses, à un risque d’intrusion et de passivité insupportables, chez Maurice comme chez ces enfants qui ont souvent constitué des carapaces de guerriers insensibles, tout-puissants, pour affronter leurs réalités. Maurice de plus est « intouchable » et ne se laisse pas toucher par mes interventions. Il semble ne rien entendre de mes tentatives d’associations quand j’essaye de relier certains jeux, dessins ou découpages entre eux, afin de constituer des ébauches de scénario, de susciter des représentations. Quand parfois il me parle un peu et sur un mode factuel de ce qu’il vit à l’extérieur, je tente de faire des liens avec ce qui se passe entre lui et moi en séance. Mais alors l’agitation et les comportements réapparaissent, comme si tout lien psychique était insupportable et très vite les jeux de Maurice deviennent menaçants et dangereux pour lui, pour moi, pour les objets et le cadre de travail. L’expression de la destructivité touche ainsi aussi bien les objets externes concrets que les objets internes et entrave les processus de pensée, le travail de représentance.
Une des particularités du fonctionnement de ces enfants, c’est précisément la grande difficulté, pour ne pas dire leur incapacité à jouer, à faire semblant[5]5. Les jeux sont chaotiques, interrompus de façon incessante dès qu’ils ne sont plus conformes à leurs désirs, identiques à la représentation partielle qu’ils s’en font. Ils jouent parfois comme si leur vie en dépendait. Pas de faire semblant, de comme si, pas de fonctionnement dans un espace transitionnel[6]6. Faut-il alors apprendre à jouer, au sens du gamejeu avec règles, ou plutôt favoriser le playing? La question n’est pas simple, car si dans un premier mouvement nous pouvons penser en suivant Winnicott[7]7 que le playingserait l’expression la plus proche d’une forme d’associativité telle que la psychanalyse le conçoit, il semble bien qu’avec ces enfants en mal de transitionnalité, cette modalité de jeu ne leur soit pas immédiatement accessible. Le playpeut toujours se transformer en quelque chose d'effrayant, car jouer sans règles c’est prendre le risque de tomber dans l’arbitraire, la folie et la toute-puissance de la pensée, la perte totale des limites. Les règles du gamepermettent de tenir à distance cet aspect menaçant du jeu, elles ont le mérite d’apaiser un temps la situation et d’avoir l’illusion de réduire la part laissée au hasard. Accepter ces règles suppose de reconnaître la présence de tiers, porteur de la loi, qu'ils soient présents ou non, car même en leur absence, ils continuent d'exister pour les deux partenaires. Mais l’apaisement ne dure qu’un temps, car comment accepter pour l’enfant la contrainte des règles codifiées et les effets d’imprévu lié au hasard, et pour le psychanalyste, ces jeux sans fin où toujours il perd, quels que soient les dés.
Petit à petit, Maurice va introduire des jeux de société, les Dames auxquels il joue avec son tonton d’accueil, et il n’aura de cesse de vouloir gagner à tout prix. Son comportement va devenir tyrannique, essentiellement avant les séparations lors des vacances. Il est alors exigent, possessif, mais tout en me ménageant, tant la crainte d’un abandon du fait de ses propre mouvements destructeurs est forte. En fonction des aléas de la vie, de l’impact de la réalité, départ de la famille d’accueil en vacances sans lui, conflits dans sa famille paternelle et menaces proférées d’un retour en Afrique s’il ne se calme pas, les répercussions sont immédiates dans le cadre de la psychanalyse. Elles se traduisent par de l’opposition passive et active, par des bouderies intenses, l’accentuation de l’emprise sur l’objet thérapeute, mais jamais par la rupture. Le lien à l’objet dans la réalité concrète doit être maintenu, il en va probablement de sa survie. Une fois ces zones de turbulence passées, il retrouve son mode de fonctionnement habituel, où il s’efforce de maitriser la relation et la séparation. Il est très pris par les jeux de petits chevaux, d’un ennui mortel pour moi, mortel car mes chevaux sont systématiquement renversés, massacrés, les dés me sont toujours défavorables. Rien n’y fait, je suis kaput ! Maurice triche avec un sourire désarmant ! Il est toujours au bord du passage à l’acte, peu accessible à la régression et à l’élaboration. Pour survivre psychiquement, je pense à René Diatkine qui vantait les mérites des parties de petits chevaux, ce qui apaise parfois mon surmoi de psychanalyste débutante à l’époque.
Progressivement Maurice se montrera plus détendu, en particulier quand il aura pu me réclamer un jour une séance supplémentaire durant des vacances à un moment où sa situation dans sa famille et en famille d’accueil était fragile. J’ai accepté sa demande et il a su profiter de cette séance, plus dans le fait de l’avoir obtenue que dans le contenu. Maurice semble en effet réclamer son dû, comme un bébé avide, avidité qui touche tous les éléments du cadre, le temps et le matériel que je peux lui accorder à lui exclusivement. Il est toujours plus préoccupé par ce qu’il peut obtenir de moi que par le plaisir qu’il peut prendre en séance. Faute d’obtenir l’objet de satisfaction pulsionnelle, c’est l’emprise sur l’objet qui apporte une part de satisfaction, écrit Paul Denis[8]8. La maitrise relève plus des bénéfices secondaires que d’une véritable satisfaction libidinale et ce d’autant plus que l’objet n’est pas reconnu dans son altérité, mais comme un objet partiel. L’emprise s’exerce sur l’objet externe, tant les objets internes sont précaires en lien avec les premiers temps de la vie psychique et les modalités relationnelles établies avec ses premiers objets d’investissement.
Pour A. Green la précarité des objets internes dans les formes cliniques empreintes de négativité serait liée au travail psychique de désobjectalisation, « un meurtre psychique de l’objet accompli sans haine », face à une « mère morte » absente psychiquement, « morte aux yeux de l’enfant » selon Winnicott. Celui-ci a décrit l’impact des séparations précoces sur le fonctionnement psychique : « Quand la mère est absente pendant une période qui dépasse une certaine limite mesurée en minutes, en heures ou en jour, le souvenir de la représentation interne s’efface. Dans un même temps, les phénomènes transitionnels perdent progressivement toute signification et le petit enfant est incapable d’en faire l’expérience. Nous assistons alors au désinvestissement de l’objet »[9]9. Désinvesti psychiquement, les traces de l’objet ne sont pas refoulées, mais déniées, voire effacées de la psyché, détruites ou externalisées.
Green propose des distinctions en fonction des différentes modalités de séparation d’avec l’objet primaire et temporalités psychiques, entre absence, perte et non-présence ou non existence, induisant des conséquences psychiques distinctes.
L’absence de l’objet sous-entend l’espoir d’un retour à la présence, et se distingue de la perte, car dans ce cas « on devrait en faire son deuil. » Face à un vécu de perte, lorsque les assises narcissiques ont pu être assez solidement constituées, lorsque les objets internes ont été suffisamment intériorisés, et que la destructivité interne n’est pas trop agissante, le deuil est possible, la dépression peut être accessible. Ce qui n’était pas le cas chez Maurice, qui n’a probablement pas pu faire le deuil d’un objet mal ou non intériorisé.
La non-présence ou non-existence de l’objet renvoie au vide, au néant, au blanc. Winnicott a montré comment « la non-existence, deviendra, à un certain point, la seule chose réelle. (…) même si l’objet réapparaît, la réalité de l’objet reste liée à sa non-existence. Le retour à la présence de l’objet n’est plus suffisant pour guérir les effets désastreux de sa trop longue absence. La non-existence a pris possession de l’esprit, effaçant les représentations de l’objet qui ont précédé son absence. C’est une étape irréversible, au moins en l’absence de traitement » écrit Green[10]10. Les effets de cette non présence ou non existence de l’objet se traduiront par une attaque de la pensée et du processus même de symbolisation, donc d’intériorisation de l’objet. « La représentation interne s’estompe » (Winnicott), ce que Green désigne par « l’hallucination négative destructrice de l’objet ».
La destruction vise l’objet interne, si tant est que cet objet ait été intériorisé même partiellement. L’attaque se fait à l’intérieur même de la psyché, contre tout travail psychique susceptible de réactiver les traces de l’objet, vécu comme défaillant, et les affects intolérables qui lui sont associés. Ces achoppements de la symbolisation sont perceptibles cliniquement lors des séances avec Maurice, bien que des capacités de symbolisations existent aussi. Il a accès au langage, il est capable d’apprentissages, sa scolarisation se passe plutôt bien. Je comprends cela comme le signe qu’il y a bien eu des investissements d’objets primaires, objets maternel et probablement grand-maternel chez Maurice durant ses premières années de vie et intériorisation partielle. Mais ces investissements ont été interrompus brutalement conduisant à un désinvestissement psychique partiel pour survivre à la non-réponse de l’objet. Une partie du travail thérapeutique peut alors s’entendre sous l’angle d’une ré-objectalisation, permettant l’intériorisation d’objets rendant à nouveau possible la constitution de représentations.
Pour ce faire, l’enfant doit s’assurer qu’il est en relation avec un objet d’investissement fiable et vivant psychiquement. Il doit tester sa permanence vivante malgré les attaques destructrices liées à l’expression pulsionnelle. Ces attaques externes et internes, cette destructivité à l’œuvre, contre soi et contre l’objet, réel et psychique, agissent conjointement.[11]11 Pour M. Klein, la formation du symbole nécessite l’expression du sadisme de l’enfant mais aussi sa tolérance face aux risques encourus en retour. [12]12 Maurice peut-il exprimer son sadisme, peut-il s’autoriser à attaquer et à détruire symboliquement ses objets d’investissement, lui dont le parcours de vie est parsemé de morts, de disparitions dans la réalité ? Comment ne pas penser qu’on y est peut être pour quelque chose si tout ceux qui nous approchent et que l’on investit disparaissent ? Tous ces évènements ont eu des incidences sur le fonctionnement psychique, sur la constitution même des représentations de choses puis de mots ? Pas d’inhibition majeure dans la formation des symboles chez Maurice, mais une relative indifférenciation entre acte et pensée du fait d’un trop faible écart entre représentations de choses et représentations de mots, mots et choses semblent équivalents. Cette indifférenciation entre acte et pensée est actualisée dans le transfert. L’agieren, agir de transfert[13]13doit ainsi être reçu par l’analyste, objet de transfert, toléré puis élaboré psychiquement d’abord par l’analyste puis par le patient afin que des mots puissent se substituer aux actes.
Chez Maurice, plusieurs temps successifs ont été nécessaires. Il lui a fallu d’abord tester la fiabilité du cadre que je lui proposais, en maitrisant la situation, arrivant et quittant mon bureau à sa guise et tout seul, déniant ainsi une forme de dépendance à un unique objet menaçant son narcissisme. Puis c’est l’objet analyste qu’il a testé. Est-ce que je pouvais supporter son avidité, sa destructivité et son sadisme qui m’était progressivement adressé, lorsqu’il abimait le matériel ou s’acharnait à me mettre kaput ? Il m’a fallu tout un temps supporter d’être maîtrisée, utilisée comme un objet malléable (M. Milner), malmenée, niée souvent dans ma présence même en tant que sujet de désirs différents, tout en tentant de trouver des voies de déplacement et de sublimation. Parfois aussi accepter de ne pas comprendre, renoncer à trouver du sens à ce qui se produit en séance, m’a permis de retrouver un degré de liberté suffisant pour qu’un dégagement s’opère et qu’une autre modalité de réponse advienne. La réponse de l’objet est fondamentale, même imparfaite, elle tente d’être « suffisamment bonne » (Roussillon). Pour ce faire, il m’a fallu élaborer les vécus d’impuissance, d’inutilité de ma fonction d’analyste, la haine ressentie dans le contre-transfert, pour continuer de paraphraser Winnicott.
Durant toutes ces années, l’investissement transférentiel était majeur, de part et d’autre, tempéré du côté de Maurice par la possibilité de transferts latéraux multiples, (Tata d’accueil, éducatrice, instituteurs, psychiatre, assistante socialeet autres intervenants du cadre thérapeutique global qui filtrait les incidences des évènements de la réalité sur notre relation). De mon côté, l’intensité du contre-transfert rendait indispensable le recours aux tiers, le tiers institutionnel via le travail d’équipe mais aussi le tiers externe de la supervision[14]14.
Maurice me réclame un jour avec insistance, lui qui ne parlait quasiment jamais, de lui donner les jeunes pousses de la plante de mon bureau. Il est toujours dans la revendication avec moi, exigeant, avide, insatisfait, il veut tout s’approprier et ne rien laisser intact, ni pour lui, ni pour les autres. Pourtant dans cette phase de sa psychanalyse et de sa vie, il doit changer de famille d’accueil et quitter celle qui l’a élevé pendant six ans, je sens que sa demande est différente. Mais je ne peux céder ainsi d’emblée, surtout lorsqu’il cherche à arracher les pousses et toute la plante sans mon autorisation. Je ne trouve pas de réponse appropriée et je me demande ce que ma superviseuse aurait fait dans une telle situation. Mon contrôle doit avoir lieu prochainement et je réponds alors à Maurice : « il faut que je demande l’autorisation au jardinier, c’est lui qui m’a confié ces plantes. » Maurice se calme alors et nous convenons que je lui donnerai la réponse à la prochaine séance.
L’introduction d’un tiers au sein de cette relation duelle exclusive dans laquelle je me sentais piégée, a permis non seulement une distanciation psychique mais aussi la constitution d’une scène primitive. Un jardinier associé à une superviseuse, ces deux figures surmoïques interdictrices et bienveillantes m’ont permis de différer et trianguler la réponse, qui fut positive, et d’en récolter les fruits. Dès le début de la séance suivante, Maurice a immédiatement demandé ce qu’avait répondu le jardinier et il a alors délicatement coupé les jeunes pousses sans abimer la plante, me disant qu’il allait les planter dans sa maison. Laquelle ? Par la suite, il m’a de temps en temps donné des nouvelles de ses plantations tout en surveillant du coin de l’œil l’état des miennes. Mon rôle de thérapeute lui a peut-être permis d’expérimenter sa capacité à faire pousser par lui-même ses jeunes pousses, à s’en soucier comme peut-être il avait senti que je me souciais de lui. Il les avait plantés dans un pot qu’il avait décoré à l’école pour la fête des mères (sic), lui qui avait si peu de temps connu la sienne. Ce moment de notre cheminement en psychanalyse me laisse penser que nous avons symbolisé ensemble, tout du moins construit ensemble une représentation de scène primitive, ce qui j’espère lui aura permis d’étoffer ses capacités de symbolisation si fragiles, via le recours à un tiers. Si, en tant que psychanalyste, l’un de nos objectifs est de favoriser la constitution d’un jardin intérieur, il faut aussi parfois y adjoindre un jardinier pour en autoriser la floraison et espérer qu’une intériorisation s’opère afin que le sujet puisse continuer seul à l’entretenir.
Par la suite, j’ai dû interrompre la psychanalyse de Maurice, devant quitter cette institution, mise à mal à l’époque par nos tutelles administratives[15]15. Le psychiatre psychanalyste référent de la situation avait lui été licencié du jour au lendemain, une rupture de plus. Pour ma part, j’ai pu préparer cette séparation. J’ai pu m’appuyer sur les collègues qui restaient dans l’institution, mais aussi et surtout, j’ai pu rencontrer avant mon départ la nouvelle famille d’accueil de Maurice, celle chez qui il faisait désormais pousser ses jeunes pousses. J’espérais que malgré les turbulences institutionnelles il parviendrait à traverser sans trop d’encombre son adolescence qui pointait. Mais j’étais inquiète car la situation politique en France n’était déjà pas favorable à ces petits princes tombés chez nous plus ou moins par hasard. Maurice n’avait pas la nationalité française, qu’allait-il advenir de lui à sa majorité ?
L’actualité nous rappelle hélas que de très nombreux enfants sont soumis à des aléas de la vie parfois plus dramatiques encore que ce qu’a pu vivre Maurice. Ces histoires potentiellement traumatiques sont susceptibles de favoriser des modalités de fonctionnements où le recours aux actes et aux comportements prime sur la pensée et ne permettent pas de se laisser aller à la dépression. Comme Winnicott le préconisait, c’est à la société de prendre en charge ces enfants et de leur offrir un environnement qui puisse traiter ce qui ne peut être qu’externalisé, en attente d’être psychisé. Mais notre société préfère faire des économies et privilégier des modalités de suivi plus légères, où la dimension thérapeutique est réduite à une juxtaposition d’interventions multiples sans cohérence globale souvent. La psychanalyse seule ne peut rien, tout du moins ne peut-elle qu’insuffisamment. Durant la cure de Maurice, les troubles du comportement s’étaient apaisés à l’extérieur des séances ; il a pu poursuivre une scolarité normale ; ses placements en famille d’accueil se sont déroulés sans trop de heurts, grâce au travail de tous. Mais peut-être aussi parce qu’il y avait un lieu où les mouvements pulsionnels pouvaient être accueillis pour, qui sait, trouver des voies d’expression psychiques plutôt que comportementales, et que les effets de la dépression masquée puissent être élaborés.
Quelque temps avant l’arrêt de son analyse, j’ai vu arriver Maurice un grand sourire aux lèvres, habillé en boubou africain. Il était magnifique, un vrai petit prince ! Il ne pouvait rien me dire, mais je savais que le travail de l’équipe auprès de sa famille paternelle et de sa famille d’accueil avait permis qu’il retrouve la trace de sa mère qui vivait toujours en Afrique. Elle lui avait envoyé une photo d’elle et ce costume traditionnel qu’il portait. Maurice était planté devant moi, heureux mais craintif. Est-ce que j’allais supporter qu’il se détourne de moi pour investir psychiquement celle dont il avait « perdu la trace », mais qui demeurait en creux à l’intérieur de sa psyché, sous la forme d’une « non-existence ». Nous avons pu parler d’elle et de la crainte qu’il pouvait ressentir s’il s’attachait à nouveau prenant le risque d’une nouvelle perte. Il me semble qu’au cours de ce traitement, et grâce à la relation transféro-contre-transférentielle qui s’est établie progressivement entre Maurice et moi, des objets internes ont pu se constituer, permettant probablement, du moins j’ose l’espérer, que ce « retour à la présence de l’objet » puisse être« suffisant pour guérir les effets désastreux de sa trop longue absence ».
Les bénéfices d’une analyse sont malgré tout insuffisants si des modifications de l’environnement au sens large ne peuvent s’opérer. S’ouvre ici un versant sociétal et politique qui doit nécessairement être pris en compte avec ces enfants. Maurice n’avait pas la nationalité française lors de son suivi et je ne sais pas ce qu’il est devenu à sa majorité lorsqu’il a du administrativement quitter le placement familial. Son visage me revient régulièrement en mémoire lorsque l’actualité jette ses feux sur ces enfants migrants, mineurs non accompagnés, qui malheureusement n’ont pas tous la chance d’être pris en charge, et de surcroit le tissu médico-social et plus largement sociétal a profondément changé. Les apports de la psychanalyse sont diabolisés quand ils ne sont pas niés, ou affadis par des courants théoriques qui tentent de lui arracher « ses crochets à venin et […] la rendre agréable (aux malades) », ce que Freud écrivait dès 1926 dans La question de l’analyse profane [16]16.Les travaux de L. Kahn en montrent comment céder sur des mots, céder sur certains pans de la métapsychologie, et en particulier ses concepts les plus dérangeants dont la pulsion et son caractère violent en tout humain, représente un affadissement de la psychanalyse pour la rendre plus consommable[17]17, et contribuer in fine à sa négation. Nier ou méconnaitre la pulsionnalité, c’est prendre le risque qu’elle revienne sous un jour plus violent, car non refoulée, non soumise au travail de liaison et de dérivation par les voies de la sublimation.
La violence pulsionnelle est la matière vive du psychisme, ce qui fait qu’il existe en tout individu une part d’indomptable que l’on ne peut ni réprimer, ni dénier, ni reléguer ou bannir hors du champ de l’humain, et qu’il faut donc tenter de comprendre comment « faire avec » au mieux pour l’individu et la société. À propos des criminels par sentiment de culpabilité, un sentiment inconscient de culpabilité, Freud avait en son temps ouvert cette voie thérapeutique possible. Le travail nécessairement pluridisciplinaire avec ces enfants et adolescents potentiels candidats à la psychopathie ou à la délinquance, en serait une autre pour peu que l’on ne le réduise pas à une dimension éducative et normative, visant à réprimer plus qu’à dériver vers des voies non sexuelles une grande part de la puissance pulsionnelle qu’ils ne parviennent pas suffisamment à psychiser.
Ces enfants terribles, indomptables, agités et violents, bousculent nos références. Ils interrogent constamment le rapport entre psychanalyse et éducation, et au-delà notre conception de l’humain et des valeurs que nous souhaitons mettre au premier plan dans nos sociétés. Ils offrent à notre regard ce que nous pouvons prendre comme une matière brute, comme le plus primitif en nous, ce à quoi adultes nous croyons avoir échappé par le travail de civilisation, de domptage pulsionnel. Face à certains actes chargés d’une violence vécue comme insoutenable par les observateurs, l’apport d’une compréhension psychanalytique devrait permettre de percevoir la part d’humanité présente chez tous et contenir nos désirs primaires d’exclusion hors champ. Avec ces enfants, deux écueils sont envisageables. D’un côté, l’exhibition de la violence et ses effets de sidération peut pousser au rejet pur et simple. De l’autre, une compréhension empathique et raisonnée face à leur trajectoire de vie, conduit à se laisser aller à l’émotion qu’ils ne manquent pas de susciter d’autant plus qu’elle est imprégnée de notre culpabilité, un sentiment de culpabilité qui pousse à la réparation sans élaboration. L’empathie peut avoir des effets de consolation, mais peut-elle vraiment à elle seule guérir de la dépression et surtout des effets sur le fonctionnement d’une détresse peu accessible ?
Peut-on « civiliser la détresse », civiliser « ce qui serait advenu de traumatique à une époque précoce où la quantité d’excitation était trop grande pour être traitée, entrainant une perte de toute homogénéité narcissique. »[18]18. Une part probablement peut l’être, mais il y aura toujours des restes, des rejetons. Peut-on guérir de la violence pulsionnelle ? Jusqu’où peut-on civiliser les pulsions ?
Conférences d’introduction à la psychanalyse, 27 Mars 2019
Références
- Kahn, in « Civiliser le sauvage infantile », Séances pour le XXIème siècle, Actes de la journée, Destins du petit primitif (20 janvier 2018), Lyon, pp. 39-54.
- Ferenczi (1929), « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort », L’enfant dans l’adulte, Payot & Rivages, 2006, p. 113-123.
- Winnicott D.W. (1955) « La tendance antisociale », in De la pédiatrie à la psychanalyse, Payot, Paris 1969.
- (p. 189, Cures d’enfance).
- Kurts N., (1993), « L'enfant qui ne savait pas jouer », in La Psychiatrie de l'enfant, n°XXXVI-2.
- Le travail psychanalytique devrait permettre de « retrouver les traces du jeu qui n’a pas pu historiquement avoir lieu (…) pour créer les conditions qui permettent que le jeu potentiel puisse être régénéré et qu’il puisse redéployer ses virtualités symbolisantes » Roussillon R. (2008) Le jeu et l'entre-je(u), Paris : PUF, p. X.
- Winnicott D.W. (1971), Playing and reality, tr. fr. Jeux et réalité, in Éd. Gallimard, 1975.
- Denis (2013), De l’exaltation, In coll. Fil rouge, Paris, PUF.
- D.W. Winnicott, Jeu et réalité, Gallimard.
- Green, 2009, p. 306.
- Pour C. Balier, en recourant à l’acte, le sujet viendrait même expulser toute potentialité de représentation, ce qui correspondrait à une mesure de sauvegarde psychique visant la destruction du processus d’objectalisation et d’élaboration psychique, laquelle est toujours susceptible d’actualiser la menace. Cité par Neau F. et Ciavaldini A. Psychopathologie psychanalytique du passage à l'acte, in Encyclopédie Médico Chirurgicale, 2010.
- « Le sadisme devient une source de danger parce qu’il permet une libération de l’angoisse, mais aussi parce que le sujet se sent attaqué lui-même par les armes dont il s’est servi pour détruire l’objet. Celui-ci devient une source de danger parce que le sujet craint de sa part des attaques semblables en représailles, selon le talion. » M. Klein, 1930, in L’importance de la formation du symbole dans le développement du moi.
- Freud S., 1926.
- La tiercéité est une « triangulation généralisée à tiers substituable » A. Green, 1989b, p.2002, cité par G. Diatkine, in Monographie et débats, La destructivité chez l’enfant, dir. Cohen de Lara A., Danon Boileau L., Paris, Puf, 2014.
- Cf. Cohen de Lara A. (2001), " Ces enfants dits inadaptés ", in Éducation et maltraitance, (Arfouilloux J. C., Diatkine G., Fréjaville A. dir.), PUF, Monographies de la Psychiatrie de l’enfant, 137-148.
- OCP, XVIII, PUF, 2002. Freud évoquait ce risque lorsqu’un analyste « libéré d’une instruction rigoureuse n’aura certainement pas manqué de tenter d’améliorer l’analyse. »
- Neau, Entretien avec Laurence Kahn, Le carnet PSY, 2015/2 (N°187), p. 16-35.
- Kahn, Ibid, « Civiliser le sauvage infantile ».