Conférence à la 34e Journée de l’Institut de Psychanalyse et de Psychothérapie de Varsovie, février 2025
Dans cette conférence, je me propose de juxtaposer deux questions : d’une part, celle de la technique psychanalytique ; d’autre part, celle du travail thérapeutique avec les patients ayant subi des traumatismes. Je passerai donc en revue le cheminement de Freud sur la question du traumatisme tel que l’on entend aujourd’hui, ainsi que son cheminement sur la question de la technique analytique, au fur et à mesure qu’il l’établissait. J’espère que je pourrai montrer que ces deux questions, celle de la technique analytique et celle du traumatisme, se sont trouvées à un certain moment en décalage, et même en contradiction. Nous sommes les héritiers de cette contradiction et nous la rencontrons de plus en plus souvent dans notre pratique thérapeutique.
J’examinerai successivement quatre aspects, qui se déroulent de façon en partie chronologique, en partie parallèle, dans l’œuvre de Freud. Premièrement, une hypothèse que Freud considérera par la suite comme erronée, celle de la neurotica : le traumatisme sexuel dans l’enfance. Ensuite, et sur les décombres de la neurotica, la mise au point d’une technique analytique conçue comme science expérimentale. Troisièmement, le maintien du modèle traumatique dans la pensée de Freud et ses conséquences théoriques, notamment dans ses débats avec Ferenczi. Et enfin, les implications techniques de la prise en compte du traumatique dans les pratiques thérapeutiques psychanalytiques d’aujourd’hui.
Un modèle abandonné : la neurotica
Il ne serait pas exagéré de considérer que Freud, pendant les premières années de son activité clinique et de ses investigations, s’apparente à certains égards à un sexologue. Ce qualificatif n’a pas à l’époque le caractère quelque peu péjoratif qu’il a acquis par la suite. La sexologie, à la fin du 19e siècle, se présente comme une discipline nouvelle qui intéresse fortement les spécialistes des maladies nerveuses et psychiques. Plusieurs ouvrages de l’époque étudient la psychopathologie sexuelle et le Pr Richard von Krafft-Ebing (1840-1902), figure dominante de la psychiatrie universitaire à Vienne au temps de Freud, a rédigé en 1866 une « Psychopathia sexualis » qui a connu plusieurs dizaines d’éditions successives et des traductions dans toute l’Europe. C’est sous sa présidence que Freud va présenter ses premiers travaux sur l’étiologie de l’hystérie à l’Association pour la psychiatrie et la neurologie de Vienne, et c’est lui qui sera le premier critique des idées que Freud développe à l’époque.
Quelles sont ces idées ? En combinant des séances d’hypnose et des méthodes de suggestion, en observant les résultats cathartiques et les « abréactions » parfois produites, en mettant progressivement au point la méthode des associations libres, en surtout en écoutant beaucoup et en interrogeant ses patients, et en les poussant à explorer leurs souvenirs le plus loin possible dans le temps, Freud va se forger une conviction : non seulement les « troubles nerveux » sont en rapport avec la vie sexuelle actuelle des patients (coït interrompu, masturbation, abstinence, etc.), mais en plus, les pathologies psychonévrotiques proprement dites (hystérie, névrose obsessionnelle, phobie) sont en rapport avec une scène sexuelle subie dans l’enfance. C’est en cela que cette première théorie est une « théorie de la séduction », qu’il appelle « neurotica ». Il faut rappeler ici que le terme allemand utilisé, Verführung, désigne le « détournement de mineur », ce qui est le cas aussi en français, même si l’extension du terme de séduction et des mots de la même famille (séduire, séduisant, séducteur...) a fait passer au deuxième plan la signification de « détournement de mineur » (laquelle d’ailleurs s’applique à toute soustraction d’un mineur aux mains de l’autorité parentale, que cette soustraction soit à but sexuel ou pas). Il s’agit donc bien en l’occurrence d’une théorie de l’effet traumatique de l’abus sexuel dans l’enfance, à ceci près qu’elle a souvent un caractère incestueux. Les formulations que Freud utilise (il parlera à plusieurs reprises de « pères pervers ») ne laissent aucun doute sur l’idée qu’il se fait de cet événement qu’il considère comme « pathogène » : il est question d’une violence sexuelle, d’un « abus sexuel » dans notre terminologie d’aujourd’hui.
Ainsi, dans le texte sur l’étiologie de l’hystérie – et ce n’est qu’un exemple – il précise bien que dans la cause de l’hystérie,
« il ne suffit pas qu’à une époque quelconque de la vie se produise une expérience vécue qui effleure de quelque façon la vie sexuelle et devient pathogène par la déliaison [la libération] et la répression d’un affect pénible. Il faut bien plutôt que ces traumas sexuels appartiennent à l’enfance précoce (à l’époque de vie avant la puberté) et il faut que leur contenu consiste en une irritation effective des organes génitaux (processus similaires au coït) » (Freud, 1896b, p. 124).
Encore au début 1897, dans une lettre à son ami Wilhelm Fliess, Freud maintient ses hypothèses étiologiques : « J’ai ainsi ramené avec certitude une hystérie apparaissant dans le tableau de l’humeur dépressive périodique à un abus commis pour la première fois à 11 mois, et j’ai entendu les paroles qui furent alors échanger entre deux adultes ! C’est vraiment comme sur un phonographe » (Freud, 1985c, p. 288).
Et pourtant, en septembre de la même année, changement total : « je vais tout de suite te confier le grand secret qui, au cours des derniers mois, s’est lentement fait jour en moi. Je ne crois plus à mes neurotica » (ibid, p. 334). Freud donne d’abord comme explication de cette perte de croyance (« incroyance », écrit-il) les échecs thérapeutiques, l’inconstance des résultats du traitement, puis il ajoute, dans l’énumération des motifs de son changement d’avis : « Ensuite, la surprise de voir que, dans l’ensemble des cas, il fallait incriminer le père comme pervers, sans exclure le mien, le constat de la fréquence inattendue de l’hystérie, où chaque fois cette même condition se trouve maintenue, alors qu’une telle extension de la perversion vis-à-vis des enfants est quand même peu vraisemblable ». Il est intéressant de rapporter ici le troisième motif du doute de Freud, en dehors de l’invraisemblance du nombre élevé des actes pédophiles : « Troisièmement, le constat est certain qu’il n’y a pas de signe de réalité dans l’inconscient, de sorte que l’on ne peut pas différencier la vérité et la fiction investie d’affect » (ibid, p. 335).
On sait que plusieurs chercheurs ont contesté les motivations profondes de ce virage de Freud au cours de cette 1897, en considérant qu’il aurait cédé à la pression de la bonne société viennoise, horrifiée de constater que les actes d’inceste et d’agression sexuelle sur des enfants étaient si fréquents dans ses foyers. Un chercheur américain, Jeffrey Moussaieff Masson, qui a été directeur des archives de Freud en collaboration avec Anna Freud, a publié au début des années 1980 un livre qui a eu un retentissement considérable, Le réel escamoté. Le renoncement de Freud à la théorie de la séduction (1984), où il soutient que Freud, et par la suite sa famille et ses collaborateurs, ont passé sous silence un grand nombre de cas avérés d’agressions sexuelles à caractère incestueux, pour privilégier la théorie du fantasme œdipien, bien plus inoffensive.
La remarque de Freud, selon laquelle « on ne peut pas différencier la vérité et la fiction investie d’affect » va permettre à l’hypothèse du traumatisme sexuel d’apporter un enrichissement considérable à notre connaissance du psychisme humain. C’est à partir d’elle que sera élaborée le mécanisme de l’après-coup : Freud va considérer que le caractère immature des organes sexuels de l’enfant rend impossible toute « décharge » adéquate de l’excitation induite par les comportements sexuels de l’adulte, d’autant plus que la scène est vécue dans la passivité de la part de l’enfant. Son effet pathogène ne sera révélé que plus tard, après la puberté, lorsqu’un événement en apparence anodin va raviver le souvenir de la séduction subie. La « séduction » elle-même en tant que terme ne désignera plus un abus sexuel, notamment dans l’enfance, mais l’un des trois ou quatre « fantasmes originaires » (scène originaire, castration, séduction) quasi phylogénétiques, vie intra-utérine), fondateurs du psychisme humain (Freud, 1915f).
Mais cette remarque de Freud, « on ne peut pas différencier la vérité et la fiction investie d’affect », parle aussi de la façon dont est traitée l’histoire, non pas seulement des individus, mais également des groupes humains, des peuples, de l’humanité tout entière. Par exemple, à partir de quel moment dans l’évolution de la mémoire collective d’une nation, un fait historique (un acte de bravoure, ou une révolte, ou une défaite majeure), quitte le domaine de la vérité factuelle pour devenir légende, puis mythe ? Un mythe fondateur et plus ou moins explicatif de l’évolution future, qu’il s’agisse d’une renaissance ou d’une catastrophe ? Dans ce domaine, les évènements – qu’ils soient vécus comme positifs ou négatifs, autrement dit comme des traumatismes collectifs – connaissent le même traitement psychique : ils sont écrits et réécrits dans leurs récits consécutifs, ils déterminent des significations successives et de nouveaux aménagements de l’esprit du groupe, ils ordonnent – au sens où ils mettent de l’ordre, organisent, vectorisent, symbolisent, signifient – les processus mentaux des groupes du point de vue de leur conscience de soi, de leur identité et de leur destinée. Ou alors, ils ne subissent aucune de ces évolutions, et restent comme immobilisés dans un éternel présent, corps étrangers enfoncés dans la psyché, territoires morts, amputant d’autant les fonctionnalités psychiques.
La mise au point d’une science expérimentale
Laissons pour l’instant de côté la problématique de Freud autour du traumatisme sexuel infantile pour ouvrir une deuxième question, que j’ai déjà eu l’occasion de traiter dans d’autres textes (Kapsambelis, 2012, 2020).
Il y a une constante dans l’œuvre de Freud, qui n’est pas sans rapport avec notre propos d’aujourd’hui, et que l’on peut décrire comme la mise sous tension permanente de deux positions relativement opposées.
D’une part, il y a une position de médecin, c’est-à-dire avant tout d’un pathologiste voué à l’étude des pathologies du corps et du psychisme, et à leur traitement. On attribue à un chirurgien français du 20e siècle, René Leriche, l’aphorisme, selon lequel la santé est « le silence des organes ». Le pathologiste est confronté au bruit et aux cris des organes : douleurs, dysfonctionnements, pâleurs, chaleurs, rougeurs, tumeurs, affaiblissements, tremblements et anomalies diverses. Et pour la pathologie mentale : crises et agitations hystériques, troubles mnésiques, phobies et obsessions, idées délirantes et hallucinations. À strictement parler, le médecin ne sait rien de la santé, ou peu de choses, et sa définition de la santé est souvent, soit négative (l’absence de maladie), soit statistique (ce qui se situe entre une valeur maximale et une valeur minimale, par exemple la tension artérielle, les globules rouges, le cholestérol...).
D’autre part, il y a la position de chercheur. C’était la première vocation de Freud, nous savons d’ailleurs que c’est lorsque cette vocation n’a pas trouvé d’issue dans le domaine de la recherche en neurophysiologie qu’il s’est décidé à s’orienter vers l’ouverture d’un cabinet et l’exercice du métier de pathologiste dans le domaine des maladies nerveuses. Mais dans un cabinet médical, on rencontre uniquement des malades, alors que le chercheur a besoin de personnes en bonne santé (des « volontaires sains », comme on dit dans la recherche), de la même façon que, à la même époque, l’élucidation des mécanismes de la digestion nécessite un travail de laboratoire et de chimie organique et ne peut pas se baser sur l’étude des indigestions et des intoxications alimentaires. Pour quelqu’un qui a l’ambition d’étudier les mécanismes du psychisme humain, la fréquentation uniquement de malades est une sérieuse limitation, et Freud le compense en étudiant tout ce qu’il peut trouver chez le « volontaire sain » : mots d’esprit, lapsus, actes manqués (toute une « psychopathologie de la vie quotidienne » de tout le monde), et bien sûr, ses propres rêves à lui : le « volontaire sain » qu’il a le plus souvent sous la main !
Dans ce contexte, l’abandon de la neurotica signifie essentiellement l’abandon d’une hypothèse d’agent pathogène extérieur (comme par exemple dans un accident mécanique provoquant un traumatisme, ou en infectiologie) et la mise en évidence et l’étude d’un certain nombre de mécanismes internes, donc potentiellement propres à tout individu. Et comme nous sommes à la fin du 19e siècle, et que l’étude du vivant ne se fait plus à la façon de l’observation naturaliste mais à partir de dispositifs expérimentaux, Freud va mettre au point une situation non naturelle, un dispositif capable de reproduire, tout en les isolant, et tout en en réduisant les paramètres, les phénomènes qu’il se propose d’étudier. C’est ainsi qu’apparaît la cure-type, véritable dispositif expérimental d’une nouvelle science du psychisme, apte à réduire les phénomènes à étudier à un plus petit nombre d’éléments, à en rendre d’autres des invariants, et à créer les conditions d’une reproduction des phénomènes que nous observons en milieu naturel :
- dispositif, car tout dans sa mise en place évoque la définition d’un plan de travail : immuabilité du cadre, positionnement prédéterminé des participants, répétitivité et régularité de l’expérience, définition de règles de fonctionnement, et notamment d’une « règle fondamentale » (une règle « fondamentale » pour une recherche « fondamentale », pourrait-on dire) ;
- expérimental, car il ne correspond à aucune situation de la vie quotidienne : il nous arrive de rêvasser, ou de laisser notre esprit flâner, mais dans ce cas, nous ne le faisons pas à haute voix ; quand nous nous adressons à quelqu’un, nous le regardons, il n’est pas assis derrière nous, car le contact visuel et mimique fait partie intégrante de la communication interhumaine ; et puis, de toute façon, la rêverie et la flânerie de l’esprit ne se font pas sur commande, à jours et heures fixes ;
- réduisant les paramètres au plus petit nombre d’éléments pertinents (analyste soustrait au regard de l’analysant, activité perceptive et motrice limitées), rendant d’autres paramètres des invariants (neutralité de l’analyste, règle de l’abstinence), de façon à produire une abstraction propice à la recherche ;
- reproduisant d’une certaine façon les phénomènes à étudier dans le « ici et maintenant » de l’expérimentation, ce qui sera rendu possible par l’étude et la théorisation du transfert.
On se souvient de la définition que Freud donne de la psychanalyse en 1922 : a) une méthode d’investigation, b) une méthode psychothérapique, c) un ensemble de théories psychologiques (Freud S. (1923a). Il est clair que, dans sa rigueur, la cure-type correspond pleinement à la définition d’une méthode d’investigation (c’est-à-dire d’un plan expérimental). Il est tout aussi clair, aux yeux de Freud, que la méthode expérimentale ne pourra pas être thérapeutiquement efficace sur toutes sortes de pathologies mentales, et qu’il faut donc, à partir de la méthode expérimentale, concevoir des technologies plus adaptées lorsqu’il s’agit d’une application pratique, c’est-à-dire thérapeutique (de la même façon que toute science fondamentale finit par produire des technologies qui rendent plus largement utiles les connaissances acquises). C’est à ces technologies que Freud va donner le nom de psychothérapie. Dans ses œuvres depuis son texte au 5e Congrès international de psychanalyse à Budapest en 1918 (Freud, 1919a), où il évoque les Voies des la thérapeutique psychanalytique, jusqu’à ses allusions concernant le traitement des psychoses, Freud évoque régulièrement cette idée, à savoir que la psychanalyse, en tant que modèle expérimental d’exploration, pourrait conduire à des aménagements techniques aptes à rendre un service thérapeutique à des patients dont la pathologie ne permet pas un travail analytique proprement dit.
Malheureusement, Freud n’a jamais pensé de façon approfondie à quoi pourraient ressembler ces technologies. Dans son idée, comme il le dit dans de nombreux passages, une psychothérapie adaptée à une situation pathologique donnée serait un mélange, à des proportions variables, de l’analyse proprement dite et de la suggestion, cette dernière comportant aussi des conseils, des indications d’hygiène de vie, l’influence éducative, voire l’aide matérielle. Comme il l’écrit dans le rapport sur les voies de la thérapeutique psychanalytique cité plus haut, « nous serons aussi très vraisemblablement obligés, dans l’application de notre thérapie à la masse, d’allier abondamment l’or pur de l’analyse au cuivre de la suggestion directe » (Freud, 1919a, p. 107-8).
On verra par la suite quelles sont les possibles obstacles à la définition de cette technologie psychothérapique, ainsi que les contestations de la position de Freud, de la part de ses propres disciples, à commencer par Ferenczi. Mais pour l’instant, nous allons fermer cette question sur les techniques thérapeutiques qui s’écartent de la cure-type psychanalytique pour revenir à la problématique freudienne du traumatisme après la neurotica.
Le traumatisme, une réalité clinique chez Freud au-delà de la neurotica
On a vu que Freud a abandonné la théorie de la séduction en tant qu’événement réel ayant eu lieu dans l’enfance des patients souffrant de psychonévroses, pour considérer que la séduction est un fantasme universel, déterminant dans l’organisation psychique de l’ensemble des êtres humains. On a vu aussi que cette deuxième hypothèse lui a permis d’avancer de façon considérable dans la compréhension des mécanismes fondamentaux du psychisme humain : elle lui a donc permis d’atteindre ce à quoi le conduisait son aspiration de chercheur, à savoir, non pas la découverte de quelques mécanismes psychopathologiques, mais la formulation de lois générales sur le psychisme humain.
Une question se pose alors ici. Est-ce que l’abandon de la théorie de la séduction en tant qu’événement traumatique vécu dans l’enfance et ayant déterminé un certain nombre de pathologies, signifie l’abandon de l’idée même qu’un tel événement ait pu être « réel », ait pu avoir été réellement vécu ? En d’autres termes, est-ce que l’idée même d’un traumatisme psychique a cessé d’avoir de valeur théorique en psychanalyse ?
La réponse est triplement non.
Premièrement, l’abandon de la neurotica n’a pas fait disparaître toutes les névroses traumatiques, auxquelles Freud a continué d’apporter son intérêt. Il faut rappeler ici que les névroses traumatiques n’apparaissent pas avec les travaux de Freud sur l’hypothèse d’abus sexuels dans l’enfance des futurs névrosés. Elles existent déjà et elles sont étudiées à partir des observations cliniques établies lors des accidents survenant avec ce nouveau moyen de transport collectif qui est le chemin de fer au cours de la deuxième moitié du 19e siècle. Et elles vont connaître une augmentation significative avec la première guerre mondiale et les soldats revenant du front, sans blessures corporelles, mais présentant un état psychique qui les rendait inaptes au combat – à moins de les considérer comme des simulateurs.
Or, c’est pour contester ce dernier point que Freud prendra publiquement la parole, en acceptant de travailler comme expert pour le ministère de la guerre autrichien, au début de 1920, dans le cadre d’une enquête sur des traitements brutaux imposés par les médecins militaires aux soldats souffrant de névroses de guerre. Dans son rapport d’expertise, Freud (1955 [1920]) insistera sur le fait que les troubles présentés par les patients étaient qualifiés de « fonctionnels » lorsqu’aucune lésion cérébrale ou autre n’était constatée, et que ce terme cachait mal la cause évidente, « psychique », de leurs troubles. Cause liée aux « conflits d’affects » qu’ils subissaient, tiraillés qu’ils pourraient être entre l’envie de sauver leur vie et/ou de ne pas contrevenir au principe moral de ne pas tuer, et la tendance à obéir au patriotisme et au devoir.
Deuxièmement, l’accent mis sur le fantasme n’a nullement fait disparaître, dans l’esprit de Freud, l’idée qu’il existe aussi des agressions sexuelles, chez l’enfant comme chez l’adulte. Sur cette question, le point de vue de Freud est étonnamment large et, pourrait-on dire, « moderne ». Ainsi, et sans aller jusqu’à dépister ses références sur les traumatismes sexuels subis par les enfants de la part des adultes, il suffit de mentionner que, de son point de vue, l’impréparation à la sexualité adulte est déjà un facteur prédisposant à une sexualité traumatique, comme il le signale dès les Études sur l’hystérie dans ce surprenant passage :
« Le mariage entraine de nouveaux traumas sexuels. On peut s’étonner que la nuit de noces n’ait pas plus fréquemment d’effet pathogène, étant donné que malheureusement elle a très souvent pour contenu non pas une séduction érotique, mais un viol » (Freud, 1895d, p. 272-3).
Tout au long de son œuvre, la notion de fantasme se combine constamment avec la notion d’expérience traumatique vécue, notamment dans l’enfance, pour produire les symptômes psychonévrotiques :
« Si les expériences vécues infantiles mises au jour par l’analyse étaient chaque fois réelles, nous aurions le sentiment de nous déplacer sur un terrain solide, si elles étaient régulièrement des expériences falsifiées, si elles se révélaient être des inventions, des fantaisies des malades, il nous faudrait quitter ce terrain mouvant et nous réfugier sur un autre. Or, ce n’est ni l’un ni l’autre, l’état des choses, comme on peut le démontrer, est que les expériences vécues de l’enfance, construites ou remémorées dans l’analyse, sont tantôt indiscutablement fausses, tantôt d’une exactitude tout aussi établie, et dans la plupart des cas faites d’un mélange de vrai et de faut » (Freud (1916-1917a)c, p. 380-1).
Troisièmement, et plus fondamentalement : même lorsque Freud parle de fantasmes, et plus particulièrement de fantasmes originaires, il reste convaincu que ce que nous appelons aujourd’hui « fantasme » était probablement des réalités vécues dans la préhistoire de l’humanité. Nous n’avons pas la possibilité de reprendre ici les nombreux passages dans lesquels Freud soutient et argumente cette idée ; un essai d’Ilse Grubrich-Simitis (2022) a remarquablement exposé cette problématique. On peut songer aussi à ce que nous avons évoqué précédemment : l’histoire individuelle est comme l’histoire des groupes et des nations, et de nombreux faits historiques deviennent avec le temps légendes et mythes.
Lorsque finalement Freud revient à la question du traumatisme en tant qu’expérience universelle affectant le psychisme, il aboutit à une formulation qui englobe toutes les expériences traumatiques, de l’enfance et de l’âge adulte, sexuelles et non sexuelles :
« le terme “traumatique” n’a pas d’autre sens que ce sens économique. Nous qualifions ainsi une expérience vécue qui apporte à la vie psychique, en un court laps de temps, un surcroît de stimulus [excitation] tellement fort que la liquidation ou l’élaboration de celui-ci selon une manière normale et habituelle échoue, d’où ne peuvent que résulter des perturbations durables dans le fonctionnement énergétique » (Freud (1916-1917a)a, p. 285).
Qu’est-ce que cela signifie ? Freud semble considérer que le traumatisme représente dans tous les cas un surcroît de travail pour l’appareil psychique, pour cause d’augmentation brutale et significative de l’excitation en son intérieur. Une telle augmentation nécessite une mobilisation ayant comme finalité de « lier » les grands mouvements émotionnels, de les mettre en relation avec d’autres expériences et avec les mouvements pulsionnels propres, de les intégrer sous forme de représentations chargées d’affects dans un fonctionnement d’ensemble qui sauvegarde ses références et sa cohérence (ce que Freud appelle plus haut « la liquidation ou l’élaboration du traumatisme selon une manière normale et habituelle »). Est-ce que l’appareil psychique y parviendra-t-il ? La réponse, du point de vue de Freud, semble se situer sur une « série complémentaire », analogue à celle qu’il formule lorsqu’il était question de faire la part, dans l’étiologie des névroses, entre le poids de la « frustration » (facteur exogène) et le poids de la fixation (facteur endogène) (Freud (1916-1917a)b, p. 359-60) : quelle est la part de bouleversement économique induit par la traumatisme et ses effets de perforation du pare-excitations et de sidération des capacités élaboratives de l’appareil psychique, et quelle est la part de fonctionnement conservé du psychisme (témoignant de sa qualité antérieure au traumatisme), de façon à ce que l’événement puisse faire l’objet d’un travail psychique, incluant refoulement, retour du refoulé, réminiscence plutôt que reviviscence, expression verbale et associativité ?
En d’autres termes : les traumatismes font partie de la vie, ils sont inattendus et, le plus souvent, inévitables. Ils font partie de la « réalité » – d’une réalité extérieure à la réalité psychique – comme il y en a d’autres : des réalités biologiques propres à chaque individu, des réalités familiales, des réalités socio-économiques, des réalités géopolitiques..., et chacune entraîne son lot de circonstances favorables ou défavorables pour le développement psychique, et donc aussi son lot de traumatismes. Le travail du psychanalyste consiste à utiliser ce qui reste d’activité psychique, après l’impact du trauma, pour essayer de la développer, partant du principe que chaque espace psychique gagné grâce à ce développement sera conquis sur les dommages causés par le traumatisme.
C’est exactement sur le point que va se situer le désaccord entre Freud et Ferenczi. Ferenczi, qui sera particulièrement attentif à la question traumatique et à ses effets, va montrer que les abus sexuels dans l’enfance n’aboutissent pas simplement à un surcroît de travail pour l’appareil psychique, mais induisent des modifications significatives dans son organisation même ; modifications dont la prise en compte est nécessaire pour mener à bien un traitement analytique. Ferenczi va proposer plusieurs idées novatrices, comme la « confusion des langues » (Ferenczi, 1933) – une confusion entre la sexualité empreinte de tendresse de l’enfant et la sexualité génitalisée de l’adulte –, l’idée que le traumatisme ébranle avant tout les assises narcissiques du moi et aboutit à sa mutilation, ou que les effets du désaveu des adultes face à la souffrance que peuvent exprimer les enfants devant ces violences sont délétères (disqualification des affects) ; et encore l’introjection du sentiment de culpabilité inconscient de l’adulte et l’identification à l’agresseur de l’enfant. Ces notions introduites par Ferenczi vont dessiner une clinique autre que celle de la psychosexualité qui, à certains égards, préfigure celle de Winnicott (Bokanowski, 2001).
Ferenczi reproche à Freud de rester trop fidèle à la technique qu’il a mise au point – en d’autres termes, il lui reproche d’être trop « chercheur » et pas assez « thérapeute » – et tente d’introduire un certain nombre de changements techniques (comme la « technique active ») censés mieux correspondre aux besoins thérapeutiques des patients ayant vécu des expériences traumatiques précoces, sexuelles ou pas.
Comment réagit Freud à ces avancées ? De façon manifestement complexe, et nous voyons bien, dans sa réaction, toute la contradiction dont nous parlions en introduction entre d’un côté, une cure-type qui se conçoit comme un véritable modèle expérimental dont est issu un certain nombre de connaissances nouvelles sur le psychisme humain, de l’autre côté la nécessité de proposer des approches psychothérapiques à des patients dont l’histoire traumatique les rend inaptes à l’application de cette technique. Ainsi :
- d’un côté, il entend bien ce que Ferenczi introduit comme hypothèses et adopte certaines des notions qu’il propose (comme par exemple d’introjection) ;
- de l’autre côté, il se méfie des modifications techniques, sans doute parce que, profondément scientifique dans l’âme, il sait mieux que quiconque qu’aucune connaissance valable ne peut être produite sans une expérimentation rigoureuse ;
- toutefois, il recommande malgré tout l’adoption, du moins partielle, de certaines des techniques proposées (comme par exemple la « technique active »), car il est aussi dans l’optique – même si, au fond, la question ne l’intéresse sans doute pas beaucoup – de rechercher ces modifications techniques (dont il avait déjà anticipé la nécessité) pour étendre la psychanalyse à des pathologies qui ne sont pas accessibles par la cure-type ;
- et enfin, il reste probablement sceptique quant aux chances de pouvoir changer par la psychanalyse, quels que soient les aménagements techniques proposés et les bonnes volontés qui s’y emploient, une « réalité subie » ayant laissé des dommages trop étendus...
Nous retrouverons ce « pessimisme » de Freud à la fin de cette conférence.
Le traumatisme et ses thérapeutiques aujourd’hui
On pourrait conclure que, indépendamment de la réalité factuelle du traumatisme, celui-ci se décline schématiquement selon trois éventualités théoriques, qui conduisent à des approches thérapeutiques, et à des résultats, différents (éventualités qu’il ne faut pas comprendre comme des formes séparées les unes des autres, mais comment des dimensions se combinant à des proportions variables dans chaque situation traumatique) :
A. Lorsque le traumatisme sexuel prend la forme de la classique scène de séduction, à laquelle on peut ajouter tout ce qui a trait à la sexualité des adultes exposée aux yeux des enfants (par exemple la scène primitive), l’enjeu thérapeutique consiste à intégrer le plus possible le souvenir de l’événement vécu dans la vie pulsionnelle de l’individu, en activant autant que faire se peut les liaisons entre sexualité infantile et sexualité actuelle, entre remémoration et après-coup. Donnet et Green (1973) résument bien cette question :
« Ce qui est traumatique n’est pas l’événement, mais la réminiscence. Cependant, aujourd’hui, nous pouvons nous poser une question qui prolonge cette réflexion. Dans quelle mesure la conception de l’après-coup n’est-elle pas liée à l’univers névrotique ? [...] Pour pouvoir mettre en œuvre les structures de l’après-coup, il faut qu’un refoulement efficace ait opéré, c’est-à-dire un refoulement qui ne soit pas une rejection radicale (une forclusion). C’est parce qu’une certaine capacité de liaison sera maintenue que la “fausse liaison” par laquelle Freud définit le transfert sera possible » (p. 255-6).
En d’autres termes : pour qu’un traumatisme sexuel infantile rejoigne le fantasme de séduction, encore faut-il que la personne dispose d’une bonne organisation névrotique...
Bien entendu, nous savons que tous les traumatismes sexuels de l’enfance ne se valent pas, et que la difficulté de la tâche thérapeutique peut s’avérer proportionnelle à la violence et à la brutalité de l’abus sexuel. Et nous savons aussi que, moins la situation vécue est ambiguë, plus il sera difficile de mobiliser les ressources habituelles de la vie psychique pour l’intégrer. Mais ces évidences sont valables lorsqu’on parle de façon générale, et l’évidence statistique a peu de valeur pour chaque cas particulier ; c’est toujours avec un psychisme individuel, avec ses cicatrices passées, ses réminiscences plus ou moins mobilisables et ses expériences ultérieures, que nous avons à effectuer ce travail de psychanalyse classique.
B. Lorsque le traumatisme est essentiellement narcissique, ce qui signifie qu’il a atteint les soubassements même du moi dans son intégrité et dans sa cohérence, voire même dans son sentiment d’existence, les aménagements techniques qui sont proposés pour consolider d’abord l’investissement narcissique du moi avant de s’intéresser aux mouvements pulsionnels ont toute leur pertinence. Dans cette optique, les travaux de Winnicott (1974) sont certainement précieux, non seulement parce qu’ils intègrent dans la conduite du traitement une certaine reconnaissance des défaillances ou de l’inadéquation de l’environnement premier, mais aussi et surtout parce que les aménagements du cadre et plus généralement l’attitude du psychanalyste sont partie prenante du travail de consolidation de l’investissement narcissique. Ici, il y a incontestablement un fil qui remonte bien à Ferenczi.
Il est aussi à noter que ce que nous pouvons appeler « une certaine reconnaissance des défaillances ou de l’inadéquation de l’environnement » (et par extension, de la violence des traumatismes subis) n’a pas tellement de valeur déclarative et se traduit surtout dans les attitudes et dans l’écoute de l’analyste, qui tendent à reconnaître et à valider la réalité psychique des représentations et des affects mentionnés ou retrouvés par patient autour du trauma. L’enjeu est de prendre en considération le fait que certains de ces évènements traumatiques peuvent attaquer la validité même du souvenir et de l’affect que le patient en garde, comme une mise en doute de sa propre réalité psychique (et on se souvient de la « disqualification de l’affect » décrite par Ferenczi).
Deux observations supplémentaires me semblent ici nécessaires.
Premièrement, la notion de « traumatisme narcissique » que nous utilisons dans cette discussion ne doit pas faire oublier que le narcissisme est aussi une formation de l’Éros, dans sa définition même en tant qu’investissement libidinal du moi propre. Le plaisir de fonctionnement de l’appareil psychique, la capacité à désirer (et à désirer apprendre et comprendre), font partie de cette investissement libidinal du moi et de ses fonctions, tout comme l’estime de soi ou le sentiment de sa propre valeur. Par conséquent, une partie du travail thérapeutique effectué ici représente une composante qui fait partie de tout travail analytique.
Deuxièmement, il n’y a pas lieu de distinguer, en dernière instance, entre traumatisme « narcissique » et un autre qui serait, par symétrie, « objectal ». Même dans l’expérience la plus classique de la perte de l’objet d’amour, le traumatisme objectal s’intrique indissociablement au traumatisme narcissique ; être triste et malheureux (« traumatisé », dit-on aujourd’hui) parce que l’objet d’amour nous a quitté et abandonné peut signifie aussi qu’on n’a pas été suffisamment « à la hauteur » pour le retenir.
C. Enfin, une troisième catégorie de traumatismes semble s’intriquer plus particulièrement avec une compulsion de répétition qui, analysée jusqu’à sa limite extrême, deviendra dans la dernière partie de l’œuvre de Freud ce dont il déduira qu’il appellera « pulsion de mort ». Plusieurs idées se mêlent dans cet essai dense, parfois difficile à comprendre, que Freud (1920g) va consacrer à cet Au-delà du principe de plaisir. D’une part, l’impossibilité d’utiliser, pour ces traumatismes, les procédés habituels de remémoration et donc d’élaboration verbale, comme si le trauma restait résolument en dehors de la sphère psychique, impropre à tout travail de liaison et d’après-coup, comme figé dans son expression première. Ensuite, que c’est cette expression première, sans médiation et sans temporalité, qui se trouve condamnée à se répéter sous diverses formes agies (passages à l’acte, acting-out), de façon relativement stéréotypée, indifférente au temps qui passe comme aux liens que différents contextes de pensées et de relations pourraient lui offrir. Enfin, que cette tendance à la répétition ne peut trouver de l’aide possible auprès d’Éros en tant qu’agent de liaison qu’à travers un masochisme d’autant plus solidement enraciné, une fois l’opération de liaison effectuée, que les souffrances liées au traumatisme ne font que consolider sa répétition.
C’est probablement face de ce type de traumatismes – ou, plus précisément : face à cette composante mortifère, présente à minima dans tout traumatisme – que Freud restait plutôt dubitatif devant les efforts de Ferenczi pour modifier la technique afin de mieux les soigner ; craignant sans doute que le sacrifice de « sa » science serait de toute façon assez mal récompensé en termes d’efficacité thérapeutique. Question qui peut-être reste toujours d’actualité, si on laisse de côté la propension des analystes à diverses formes d’héroïsme thérapeutique.
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