Chaque nouvelle interprétation en psychanalyse réinvente la psychanalyse, comme si c’était la première fois. En même temps, chaque interprétation récapitule l’histoire de la psychanalyse pour chaque analyste, même si ses péripéties se sont perdues pour lui dans la nuit des temps.
1. L’interprétation comme traduction
Quand Freud explique à son lecteur ou à ses auditeurs en quoi consiste l’interprétation psychanalytique, Freud la compare souvent à une traduction [1]1. Le patient reçoit de son inconscient un message écrit dans une langue qu’il ne comprend pas, comme un symptôme, une conduite inexplicable ou un rêve, et l’analyste va lui en montrer le sens[2]2, qui est un ensemble complexe de pensées refoulées, dont la remémoration met fin au symptôme[3] 3. « Chaque symptôme a un sens et se rattache étroitement à la vie psychique du malade » [4] 4. Ce complexe inconscient est ainsi présenté au patient « en nos propres paroles... »[5] 5. « Découvrir ce sens ne suffit toutefois pas à faire disparaître le symptôme » [6]6. La « traduction » de l’inconscient en conscient « exige que l’analysé surmonte certaines résistances, celles-là mêmes qui, de cela, ont fait jadis un refoulé, en l’écartant du conscient »[7]7. Il faut que la découverte de « la représentation consciente, une fois surmontées les résistances, soit entrée en liaison avec la trace mnésique inconsciente » [8]8. Parmi ces résistances, la plus importante est le transfert sur la personne de l’analyste des premières relations conflictuelles avec les objets parentaux. Son interprétation est l’un des principaux instruments de la cure [9]9. La lutte contre les résistances est souvent décrite par Freud comme une véritable bataille, dans laquelle l’analyste fait alliance avec la partie saine du moi du patient, et lui indique « la voie dans laquelle il doit engager ses énergies » [10] 10. Dans cette alliance, l’analyste et la partie saine du patient luttent ensemble contre « les résistances du refoulement » [11] 11, et contre l’apparition de nouveaux refoulements « grâce auquel la libido se réfugierait dans l’inconscient et échapperait de nouveau au moi » [12] 12.
La technique de l’interprétation obéit à une « logique » qui consiste en une étude de l’actuelle surface psychique du patient [13]13. « Grâce au travail d’intégration qui transforme l’inconscient en conscient, le moi s’agrandit aux dépens de celui-ci » [14]14. Le travail analytique vise bien pour Freud à renforcer le Moi, et à le rendre plus adulte: le résultat du travail analytique est pour Freud « … les refoulements des débuts de son développement. . . [seront remplacés] par des réactions qui correspondent à son état de maturité psychique » [15]15.
Il peut arriver que l’interprétation n’amène pas la remémoration attendue, mais une « construction » cohérente par l’analyste du passé que le patient ne parvient pas à se remémorer a en pratique le même effet thérapeutique [16]16.
2. Le rôle des mots équivoques
Dans la plupart des exemples donnés par Freud, depuis L’interprétation des rêves jusqu’à l’article sur l’Occultisme [17]17, en passant par Dora [18]18, l’Homme aux loups[19]19, et le Fétichisme [20]20, l’interprétation naît de l’écoute par Freud d’un mot à double sens dit par le patient : cette place fondamentale des mots à double sens a été découverte par Freud et Breuer dès les Études sur l’hystérie. Le symptôme hystérique « exprime une phrase » en utilisant des assonances ou des jeux de mots. Elisabeth von R. [...] est astasique-abasique pour dire qu’elle « est clouée sur place », qu’elle « n’a aucun appui » [21]21. La névralgie faciale de Cécile M. exprime la phrase « C’est comme un coup en plein visage ». Cécile M. a une talalgie parce qu’elle a peur de marcher/se présenter (Aufreten ) devant des étrangers. Elle ressent une douleur « perçante » au front après que sa grand-mère l’ait regardée d’une manière « perçante ». Elle hallucine Freud et Breuer pendus à un arbre : « Ces deux-là se valent bien, ils sont le pendant l’un de l’autre ! » [22]22.
Ce rôle singulier des mots équivoques a suffisamment frappé Freud pour qu’il en ait fait une règle technique pour l’interprétation des rêves : « Chaque fois qu’un élément psychique est relié à un autre par une association choquante et superficielle » comme « assonance, équivocité verbale […] toutes les associations que nous nous permettons d’utiliser dans le trait d’esprit et le jeu de mot […] Il existe aussi entre les deux une connexion correcte et plus profonde qui est soumise à la résistance de la censure » [23] 23.
Dans Dora, cette règle est étendue à l’écoute dans la séance de psychanalyse : « Des mots équivoques sont dans la voie des associations comme des aiguilles [sans doute plutôt des « aiguillages »]. On met l’aiguille autrement qu’elle ne semble être placée dans le contenu du rêve, on arrive au rail sur lequel se meuvent les idées recherchées et encore dissimulées derrière le rêve » [24]24.
Cette place des assonances dans la psychanalyse surprend tout autant Freud lui-même [25]25 que ses amis. Breuer pense que « ces jeux de mots ridicules [...] ne peuvent exister que dans les hystéries graves » [26]26. Fliess, lisant les épreuves de L’interprétation du rêve, trouve que les rêveurs de Freud ont trop d’esprit. Freud lui répond le 11 septembre 1899 : « Il est certainement vrai que le rêveur a trop d’esprit, mais ce n’est pas ma faute, et on ne peut pas me le reprocher. Tous les rêveurs sont insupportablement spirituels de la même façon, et ils ont besoin de l’être parce qu’ils sont sous pression et que la route directe leur est barrée. Si tu penses qu’il le faut, j’insérerai une remarque à ce sujet quelque part. Le caractère spirituel évident de tous les processus inconscients est intimement lié à la théorie de la plaisanterie et du comique ».
Comment comprendre ce rôle singulier des mots dans le travail du rêve et dans la production des symptômes ? Dans L’interprétation des rêves, Freud attaché à montrer que le rêve ne contient aucun message particulier de l’au-delà prédisant l’avenir, tend à diminuer leur importance : les mots utilisés dans le contenu manifeste sont un matériel tout fait, pris dans les conversations de la veille, et utilisés pour leur capacité de « figurer » des images à double sens [27]27. Les mots équivoques sont choisis par le travail du rêve parce qu’ils présentent à la censure une figure anodine, tandis que leur autre signification, invisible, permet la satisfaction de pulsions interdites. Les mots sont donc utilisés pour leurs propriétés plastiques [28]28. Ils « se comportent comme des images, c’est-à-dire sont plus semblables aux perceptions qu’aux représentations mnésiques » [29]29. Dans le rêve de la Monographie botanique les multiples sens du mot « Gärtner » conduisent entre autres sens à une patiente nommée Flora. Que ce serait-il passé, demande Freud, « si la patiente dont j’ai parlé ne s’appelait pas Flora mais Anna ? Et pourtant la réponse est aisée. Si ces relations de pensée ne s’étaient pas produites, d’autres auraient vraisemblablement été choisies » [30]30. Ce qui importe, c’est le contenu latent du rêve, mais la face « signifiante » du mot choisi n’a aucune importance [31]31.
Pour comprendre le rôle des mots à double sens dans l’interprétation, Freud s’est tourné simultanément vers deux directions différentes : la première piste est celle de la phylogenèse du langage. Si les mots se prêtent particulièrement bien à véhiculer un double sens, c’est en raison de leur origine. « Le mot, en tant que point nodal de plusieurs représentations, constitue pour ainsi dire une multivocité prédestinée » [32]32, parce qu’à l’origine du langage il en était déjà ainsi. La régression qui se produit dans le rêve ou le symptôme névrotique est aussi une régression aux origines de l’humanité, et aux origines, tous les mots avaient un double sens, et une origine sexuelle. Ici, Freud s’appuie sur les travaux de deux linguistes de son temps : Karl Abel, qui pensait avoir démontré que les mots primitifs avaient tous un double sens [33]33, et Hans Sperber, pour qui l’origine de tous les mots serait sexuelle [34]34. Le symbolisme va au-delà du langage : les Hongrois rêvent d’un navire sur l’eau pour représenter le désir d’uriner, bien qu’en Hongrois, « naviguer » ne signifie pas aussi « uriner ». Les Français symbolisent les organes génitaux féminins par la chambre, bien que ce ne soit qu’en Allemand que Frauenzimmer signifie « chambre » [35]35. Les linguistes contemporains ont montré que les idées de Sperber, comme celles de Karl Abel, étaient inconsistantes [36]36.
L’autre piste qu’explore Freud est celle du mot d’esprit. L’auteur du mot d’esprit se sert de toutes les ressources du langage pour endormir la censure par un travail raffiné sur les mots, dont le versant « innocent » dissimule le côté « tendancieux », qui satisfait les pulsions refoulées. Freud écrit que le jeu de mot achète la « libération d’une somme considérable de plaisir » par « un petit appoint de plaisir, une prime de séduction » [37]37. Pendant un temps bref, une représentation préconsciente est alors soumise à l’élaboration inconsciente. Quelque chose des processus primaires s’introduit au sein des processus secondaires. La censure devrait protéger le moi contre cette folie momentanée en mettant en œuvre la menace de castration, mais elle est comme endormie par la qualité du jeu de mot, tout comme elle l’est dans le rêve par la qualité de la « présentation » fournie par le mot à double sens.
3. La critique de Lacan
La première génération des élèves de Freud, qui a eu à formaliser l’enseignement de la technique psychanalytique dans les premiers Instituts de Psychanalyse, a d’autant plus négligé le rôle du langage dans l’interprétation, que Freud lui-même semble s’en être désintéressé après l’insuccès du Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient. En revanche, ils ont généralisé et souvent forcé les indications de Freud sur la traduction des symboles, l’interprétation des résistances et en particulier celle du transfert, l’alliance thérapeutique, l’interprétation de la surface vers la profondeur, le renforcement et la maturation du Moi. Ces conseils, énoncés par Freud, et amplifiés systématiquement dans leur enseignement par ses élèves, ont été soumis à une critique rigoureuse par Lacan, sans que celui-ci n’attaque jamais explicitement Freud.
Lacan montre avec raison que l’interprétation n’est pas une traduction, un « déchiffrage », ce qui laisserait supposer que l’analyste dispose d’un code tout prêt de symboles qu’il lui suffirait d’utiliser comme on utilise un dictionnaire pour comprendre une langue étrangère [38]38. En effet, d’abord aucun manuel de technique psychanalytique ne peut fournir un tel code. Ensuite, faire comme s’il existait, c’est ne rien communiquer que l’analyste « ne tienne d’un savoir préconçu ou d’une intuition immédiate, c’est-à-dire qui ne soit soumis à l’organisation de son propre Moi » [39]39. Dans ces conditions, « l’interprétation relève toujours plus exclusivement du savoir de l’analyste [...] la communication de ce savoir au sujet n’agit que comme une suggestion à laquelle le critère de la vérité reste étranger. Que le fait de cette suggestion soit analysé comme tel, n’en ferait pas pour autant une interprétation véritable. Une telle analyse dessinerait seulement la relation d’un Moi avec un autre Moi » [40]40. « L’alliance thérapeutique » de l’analyste avec la partie saine du Moi du patient tombe sous la même critique : « Si l’on procède ainsi à une série de bipartitions du Moi du sujet en la poussant ad infinitum, il est clair qu’il se réduit à la limite, au Moi de l’analyste » [41]41. C’est au contraire à la partie pathologique du Moi du patient que l’analyste doit s’adresser [42]42.
Si Lacan a fondamentalement vu juste dans sa critique de la technique « orthodoxe » préconisée par les Instituts de Psychanalyse au milieu du siècle dernier, en dénonçant le danger de réapparition de la suggestion, il a poussé sa critique de Freud jusqu’à l’absurde en soutenant qu’il ne fallait pas interpréter le transfert pour ne pas courir le risque d’aliéner le patient au moi de l’analyste [43]43. À le suivre, on peut faire toute sa formation psychanalytique sans avoir jamais rencontré le transfert. Selon Lacan, toute interprétation des résistances serait d’ailleurs « dangereuse », car la lutte de l’analyste contre les résistances ne fait que renforcer l’agressivité du patient, et donc son aliénation imaginaire [44]44. La résistance résulterait uniquement de cette activité interprétative de l’analyste [45]45, et donc il n’y aurait pas d’autre résistance que celle de l’analyste lui-même [46]46. Il est vrai que si l’analyste sort de sa neutralité pour interpréter les résistances, il renforce ces dernières. Mais il ne les crée pas. Il ne faudrait pas non plus se soucier de la « profondeur » ou de la superficialité d’une interprétation, car pas plus qu’il ne possède un dictionnaire des symboles de l’inconscient, l’analyste ne dispose d’un plan de celui-ci lui permettant de dire si une interprétation est superficielle ou profonde [47]47. Mais quand Freud conseille de commencer par la « superficie » du Moi, il veut dire que l’analyste doit s’efforcer de s’adresser au patient à un niveau où il puisse recevoir l’interprétation. Lacan a au contraire l’idée que plus une « ponctuation » est déconcertante, plus elle peut désaliéner le sujet de ses identifications imaginaires. C’est parce que Lacan ne voit dans le Moi qu’une série d’identifications imaginaires que l’idée de « renforcer le Moi » du patient lui semble tout simplement, comme il le dit aimablement, « une ânerie » [48]48. Mais le résultat du processus analytique est bien d’ouvrir des secteurs de plus en plus larges de la personnalité jusque-là clivées et mortifiées à la vie psychique, et en ce sens il est tout à fait justifié de parler de « renforcement du Moi ».
La notion de « construction » devrait tomber particulièrement sous les coups de cette argumentation de Lacan car, en apparence, elle soumet complètement le patient aux abus de l’analyste, qui insuffle au patient sa propre vision, en se passant de la confirmation que devrait lui apporter la remémoration du fantasme ou du traumatisme oublié. Pourtant Lacan ne semble pas s’y être attardé. En revanche, au sein de la SPP, elle a fait l’objet d’une critique approfondie par Serge Viderman [49]49. Le débat ouvert par Viderman a eu des retentissements féconds qui se prolongent encore aujourd’hui et ont complètement modifié notre conception de la « construction ».
Le grand mérite de Lacan est d’avoir redécouvert le rôle des mots à double sens dans l’interprétation en 1953 dans « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse » et dans les articles contemporains publiés dans les Écrits en 1966. Lacan a repris l’explication que Freud avait donné du rôle des assonances dans Le mot d’esprit en la traduisant en termes linguistiques. Le mot est un signe, il a une face matérielle, le « signifiant », et une face conceptuelle, le « signifié ». Le mot équivoque a la particularité d’avoir deux « signifiés », l’un innocent et l’autre tendancieux, pour un seul « signifiant ». Pour Freud, la pulsion a contourné la censure en abandonnant le signifié tendancieux pour le signifié innocent. De la place de l’analyste qui écoute un mot équivoque, Lacan peut dire que ce qui se déplace, c’est le « signifiant », qui occupe successivement dans son écoute deux positions différentes, S1 et S2. En se déplaçant ainsi, le signifiant « transporte » un sens nouveau, qui surgit du rapprochement de S1 et de S2. C’est ce transport que Lacan appelle une « métaphore ». Le sujet de la psychologie, divisé par l’existence de l’inconscient, disparaît, et à sa place surgit le « sujet de l’inconscient », qui est le créateur et le protagoniste du fantasme inconscient révélé par la mise en rapport de deux signifiants. Il faut le rapprochement de deux signifiants pour que le sujet de l’inconscient surgisse, d’où la définition paradoxale : « Le signifiant est ce qui représente le sujet pour un autre signifiant ».
Chez Lacan, le « signifiant » est considéré comme identique, non seulement à la représentation de mot, mais même à la représentation de chose, et plus précisément à ce que Freud appelle le « représentant-représentation » [50]50 (Vorstellung-repraezäntanz), qui est, pour Freud, la première représentation refoulée dans le refoulement originaire [51]51. Cette assimilation du « signifiant » à la représentation de chose inconsciente est un temps essentiel dans l’affirmation de Lacan que « l’inconscient est structuré comme un langage » [52]52, et que finalement, « l’analyse linguistique [...] a le rapport le plus étroit avec l’analyse tout court. Elles se confondent même. Si nous y regardons de près, elles ne sont pas essentiellement autre chose l’une que l’autre » [53]53.
Dans la conception de Freud, le fantasme inconscient que l’interprétation dégageait après l’écoute par l’analyste d’un mot à double sens était un ensemble complexe de représentations de mots préconscientes et de représentations de choses préconscientes et inconscientes. Pour Lacan, c’est la verbalisation en tant que telle qui agit, souvent à l’insu du sujet [54]54. Tout ce que l’analyste a à faire, c’est de « jouer du pouvoir du symbole en l’évoquant de façon calculée dans les résonances sémantiques de ses propos » [55]55. Certes, une telle « ponctuation » va faire que « ce vécu qu’on appelle plus ou moins proprement pensée se produise ou non quelque part, là se produit quelque chose qui tient à une chaîne, exactement comme si c’était de la pensée » [56]56. Mais il s’agit de « signifiants irréductibles, non-sensical, faits de non-sens » [57]57. L’analyse n’a pas pour but que le sujet se comprenne mieux lui-même, mais « la mise au jour de la manifestation du désir du sujet » [58]58. Le patient ne doit pas « prendre conscience » de ses fantasmes inconscients, et l’analyste ne doit pas non plus chercher à « comprendre » son patient [59]59, car « comprendre », c’est répondre à la demande, et « donc tuer le désir » [60]60. L’analyse n’a pas à rendre l’inconscient conscient, car le terme même de « prise de conscience », emprunté à la psychologie, « mérite la méfiance » [61]61.
La disparition du sens dans la psychanalyse lacanienne a fini par vider la notion même d’interprétation de toute signification, comme Jacques-Alain Miller l’a d’ailleurs reconnu lucidement [62]62. En outre, Lacan a soutenu que la ponctuation la plus simple consistait à souligner une « parole pleine » (ou une « parole vide », c’est au patient de s’y retrouver) en mettant fin sur le champ à la séance. Le risque d’assujettissement du patient à l’analyste et d’exploitation du transfert est alors bien plus grand que dans la technique classique.
Avec le temps, la grande construction de la théorie du langage de Lacan s’est écroulée, comme il l’a reconnu lui-même [63] 63, laissant intacte la question du rôle des mots dans l’interprétation. Comment l’interprétation vient-elle à l’esprit de l’analyste ? Peut-être devons-nous à nouveau retourner à Freud, en gardant à l’esprit les critiques de Freud, et celles de Viderman. L’Interprétation des rêves, replacée dans le contexte de sa correspondance avec son ami Wilhelm Fliess, mis sans le savoir dans la position « d’analyste » de Freud, fourmille d’exemples détaillés de la façon dont les mots à double sens déclenchent le processus interprétatif.
4. Le temps éclaté
Les exemples cliniques de Freud, empruntés à son auto-analyse, restent les exemples cliniques les plus détaillés que nous puissions étudier sans violer la confidentialité de la cure. Dans une cure réelle, comme dans le texte de Freud, les premières idées qui viennent à l’esprit de l’analyste pendant qu’il écoute son patient s’enchaînent les unes aux autres, parfois de façon évidente, parfois de façon obscure, à l’aide de mots à peu près dépourvus d’ambiguïté. Puis survient un mot équivoque, et aussitôt, la trame associative se complexifie, renvoyant à une multitude de plans différents. Soit par exemple le « Rêve des trois Parques », fait par Freud en septembre ou octobre 1898, au cours d’un voyage en Bosnie-Herzégovine où il s’est trouvé seul sans son épouse, qu’il a laissée en Italie :
« Je vais dans une cuisine pour me faire donner un entremets. Il y a là trois femmes, dont l’une, l’hôtesse, roule quelque chose dans ses mains, comme si elle faisait des Knödel. Elle répond que je dois attendre qu’elle ait fini (les paroles ne sont pas nettes). Je perds patience et je m’en vais vexé. Je mets une redingote, mais la première que j’essaie est trop longue ; je la retire, quelque peu surpris qu’elle ait un parement de fourrure. Une seconde que je mets a une longue bande incrustée avec un dessin turc. Un étranger au long visage et à la petite barbe en pointe me rejoint et m’empêche de la mettre en déclarant que c’est la sienne. Je lui montre alors qu’elle est recouverte de broderies turques. Il demande : Qu’avez-vous à faire de ces (dessins, bandes) turcs ? Mais nous sommes ensuite très aimables l’un envers l’autre » [64]64 ».
Les associations de Freud le mènent d’abord au contexte immédiat du voyage qu’il est en train de faire en pays musulman, qui lui évoque un des premiers romans qu’il ait lu à l’âge de treize ans. L’héroïne de ce roman s’appelait Pélagie. Les trois femmes du rêve le font penser aux trois Parques, puis à l’histoire du jeune homme qui regrettait, après-coup, de n’avoir pas davantage profité de la jolie poitrine de sa nourrice, puis au souvenir de sa mère, qui l’avait mystifié, quand il avait six ans, en lui faisant croire que les enfants naissent de la terre, en se frottant les mains et en faisant apparaître des particules d’épiderme qui se détachaient de ses mains.
Freud est donc conduit dans des directions inattendues et vers des problèmes fondamentaux, mais les thèmes s’enchaînent les uns aux autres sur un mode assez linéaire. Un changement de régime associatif survient quand Freud associe la scène des knödel, où la mère de Freud s’est comportée en faussaire, à une affaire de plagiat commis par un certain Knödl aux dépens de Brücke, le professeur d’histologie de Freud, quand il était étudiant en médecine. Sur le mot « plagiat » convergent au moins sept chaînes associatives :
- les « plagiostomes », qui rappellent à Freud « une fâcheuse circonstance où il s’est couvert de ridicule devant le même Brücke ;
- le plagiat est associé au vol du pardessus dans le rêve, et le pardessus à « un instrument de la technique sexuelle », le préservatif ;
- les désirs qui tourmentent (plagen) Freud pendant le sommeil ;
- des désirs restés insatisfaits au cours du voyage de Freud en Dalmatie, quelques années plus tôt ;
- Fleischl, assistant de Brücke, qui a aussi, comme Knödl, le nom de quelque chose qui se mange (Fleisch, la viande), et qui est mort de son intoxication par la cocaïne, « un remède qui coupe la faim » ;
- un début de théorisation du rôle des mots à double sens à propos des déformations de noms propres, et de leur rôle comme « pont » (Brücke) associatif [65]65.
- enfin la question du plagiat, qui est au cœur de la relation transférentielle actuelle entre Freud et Fliess, comme le rappelle Anzieu [66]66.
À la différence du mot d’esprit, dans lequel un signifiant renvoie seulement à deux signifiés, l’un « innocent », et l’autre « tendancieux », dans l’analyse, un mot à double sens comme Knödel/Knödl réalise instantanément une multitude de désirs et de conflits appartenant aux époques les plus variées de la vie du rêveur :
- le désir de savoir d’où viennent les enfants de la période œdipienne ;
- la relation transférentielle ambivalente actuelle à l’égard de Fliess, que Freud soupçonne de plagiat, et de qui il redoute la même accusation ;
- la relation ambivalente passée à un autre Maître de Freud, le Pr Brücke ;
- l’insatisfaction sexuelle actuelle de Freud, qui a dû laisser son épouse en Italie et poursuivre seul son voyage en Bosnie-Herzégovine [67]67 ;
- l’insatisfaction de besoins physiologiques élémentaires, comme la faim, du dormeur ;
- le souvenir de la relation ambivalente de Freud avec son ami Fleischl, qui est mort victime d’une toxicomanie à la cocaïne, la première découverte scientifique de Freud, en 1889 ;
- le désir de continuer à écrire son livre sur l’Interprétation des rêves, qui tourne le rêve non plus vers le passé ou le présent, mais vers le futur.
De même, comme l’a montré André Green [68]68, dans une analyse, l’attention flottante de l’analyste suit d’abord de façon assez linéaire les associations du patient. Chaque phrase du patient renvoie l’analyste à un élément ou à un autre de la cure. Mais de temps à autre la survenue d’un mot à double sens dans le discours du patient provoque un brusque et transitoire élargissement du champ de perception de l’analyste, qui lui donne à voir les liens entre une multitude de plans de la situation transférentielle, appartenant aux temporalités les plus diverses. A lui ou à elle alors de choisir de se taire ou de parler, de faire une intervention longue et apparemment explicative, ou de souligner le lien entre deux représentations, en fonction de ce qu’il perçoit de l’angoisse et des résistances. Les mots qu’il va prononcer, s’ils ont été bien choisis, vont à leur tour faire surgir chez le patient un nouveau réseau associatif.
Les mots ne sont pas seuls à avoir la propriété d’avoir des significations multiples. Souvent ce sont des images qui sont dans ce cas, comme dans le « Rêve de l’oncle », fait par Freud en février 1897. C’est un rêve très condensé, puisqu’il ne comporte que deux pensées et deux images : L’ami R. est mon oncle – J’éprouve une grande tendresse pour lui. Je vois son visage quelque peu modifié devant moi. Il est comme étiré en longueur, une barbe jaune qui l’encadre ressort avec une particulière netteté » [69]69.
En analysant ce rêve, Freud pense d’abord que l’image qu’il voit dans le rêve est une formation composite faite du portrait de deux hommes pour lesquels il éprouve des sentiments diamétralement opposés : son ami R., qui a une barbe noire, mais est en train de grisonner, et dont l’honnêteté est irréprochable, et son oncle Joseph, qui avait une belle barbe blonde, et qui a été au contraire la honte de la famille, puisqu’il a fait de la prison comme faux-monnayeur. C’est donc une image à double sens que l’on pourrait comparer à une de ces caricatures où un personnage idéalisé et inattaquable, comme le Roi de France Louis-Philippe, est insulté parce que son portrait est aussi le portrait d’une poire. Comme un mot d’esprit, une image peut sous une apparence inoffensive satisfaire une pulsion inadmissible pour la censure, qui se laisse tromper par les apparences. Le père de Freud avait dit à Freud que son oncle Joseph était une « tête faible », et le rêve satisfait donc le désir inconscient de Freud de dire que son ami R. est une « tête faible », ce qui est tout à fait étranger à ce que Freud pense consciemment de son ami.
Poursuivant son analyse, Freud se rend compte que l’image de l’oncle à la barbe jaune contient encore bien d’autres portraits : les quatre autres oncles de Freud, qui étaient eux, irréprochables, et qu’un lapsus calami lui a fait oublier dans son livre [70]70 – son père, dont les cheveux ont grisonné en quelques jours à la suite de cette affaire – Freud lui-même, qui est en train de grisonner actuellement – un autre ami de Freud, N. juif, comme Freud et comme R.
Didier Anzieu [71] 71, complète encore cette galerie de portraits : l’ami R. est vraisemblablement l’ophtalmologue Königstein, et c’est donc un « roi (König) à la barbe jaune », c’est-à-dire Frédéric Barberousse, peut-être une « identification héroïque » de Freud – l’oncle Joseph, cache peut-être Joseph Breuer, ami et modèle de Freud avec lequel celui-ci s’est brouillé après avoir perdu toute estime pour lui – Joseph est aussi le modèle biblique de Freud, l’interprète des rêves.
En contraste avec la brièveté de ce rêve, le réseau associatif qui en part renvoie à toutes les époques de la vie de Freud, en un véritable « éclatement » du temps :
La première association de Freud est une très forte résistance. Il n’a pas envie de l’interpréter, ce rêve est un non-sens [72]72. Les associations sur le grisonnement de son père à l’occasion de l’incarcération de Joseph montrent que le deuil de son père joue un rôle décisif dans cette résistance [73]73. L’ambivalence à l’égard de l’ami R. cache une ambivalence à l’égard du père, et aussi, dans le transfert, à l’égard de Fliess, à qui Freud ne raconte ce rêve qu’un an plus tard.
Freud surmonte cette résistance en repensant à la triste histoire de son oncle Joseph, qui le ramène plus de trente ans en arrière, donc quand il avait une dizaine d’années.
Les motifs de son ambivalence envers son ami R. appartiennent aux restes diurnes. La veille, Freud lui a rendu visite et il lui a dit qu’étant juif, il n’avait aucun espoir d’être nommé professeur comme il l’espérait. R. n’est pas tout à fait aussi irréprochable que Freud l’a d’abord écrit, car il a renversé un piéton avec son vélo. Cet accident, pour lequel il est poursuivi, va être utilisé contre lui pour lui refuser le titre de Professeur, auquel il est candidat, tout comme Freud et tout son autre ami N. Dans le climat d’antisémitisme qui règne alors à Vienne, Freud n’a pas plus de chance que R. ni que N. d’être nommé professeur. Mais comme R., N. est l’objet d’une plainte devant la justice, ce qui va donner aux autorités universitaires un prétexte pour le refuser, prétexte qui n’existe pas dans le cas de Freud. L’insulte de « tête faible » proférée contre R. (et la chaude tendresse réactionnelle que Freud éprouve à son endroit dans le rêve) réalise donc le désir d’être nommé professeur, bien que juif [74]74.
L’ambition universitaire semble donc le désir principal réalisé dans le rêve. Mais si Freud a bien une telle ambition, elle ne joue qu’un rôle mineur dans sa vie à côté d’un projet d’une toute autre ampleur, inscrit dans ses expériences originaires. Dans une scène qu’on lui a rapportée, et qui se place à sa naissance, « une vieille paysanne avait prophétisé à la mère heureuse de son premier-né qu’elle avait fait cadeau au monde d’un grand homme » [75]75.
Freud n’a évidemment aucun souvenir de cette scène. En revanche, il conserve un souvenir précis de ses onze-douze ans (donc contemporain de l’arrestation de l’oncle Joseph et du grisonnement de son père) où, dans une auberge du Prater, un poète ambulant lui avait prédit qu’il serait ministre, justement à une époque de réforme en Autriche, où des Juifs, dont son père avait accroché les portraits dans sa maison, avaient pu participer au gouvernement [76]76. Cette prédiction à la période de latence donne un sens après-coup à la prédiction rapportée à la naissance. Et le rêve fait après la mort du père donne à son tour après-coup un sens à ces deux prédictions.
L’image de l’oncle à la barbe jaune condense donc le désir de Freud de satisfaire sa mère en devenant un grand homme, celui de réparer la honte de son père en rapport avec l’emprisonnement de son oncle, celui de l’emporter sur ses amis, sur son analyste, et finalement sur son père, celui d’émanciper les juifs – et celui tout de même d’être nommé Professeur.
Comme le dit Freud à propos d’un autre rêve, « c’est là une liaison des plus contraintes et insensées, mais ce n’est pas pour autant une liaison que je pourrais établir à l’état de veille si elle n’était déjà établie par le travail de rêve » [77]77. Ce qui emporte la conviction du patient comme celle du lecteur, c’est cette cohérence et cette convergence de la trame associative autour de quelques mots équivoques, et qui donnent un sens à de multiples plans de la vie psychique du patient. On ne saura jamais si tel événement important de la petite enfance a réellement eu lieu ou s’il a été fantasmé. Les souvenirs d’enfance sont trompeurs, et les évènements psychiques les plus importants de la vie de l’individu ont lieu avant qu’il ait acquis la mémoire et le langage. Mais l’expérience originaire peut être reconstruite à partir des croisements et des recoupements des associations. C’est cela que Freud entend par « construction », et non pas l’inculcation au patient d’une théorie préétablie sur ce qu’a pu être le début de sa vie.
20 novembre 2007
Résumé
Chaque nouvelle interprétation en psychanalyse réinvente la psychanalyse, comme si c’était la première fois. En même temps, chaque interprétation récapitule l’histoire de la psychanalyse pour chaque analyste, même si ses péripéties se sont perdues pour lui dans la nuit des temps. Quelques temps forts de cette histoire de Freud à Lacan et à Green ont été isolés pour montrer comment les psychanalystes parviennent à modifier le cours des représentations inconscientes en n’utilisant que des mots.
Références
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Notes
[1] Freud S. (1923) Remarques sur la théorie et la pratique de l'interprétation des rêves, pp. 82-83.
[2] Freud S. (1912) Le maniement de l'interprétation des rêves en psychanalyse. p. 44
[3] Ibid., p. 4.
[4] Freud, S. (1916) Introduction à la psychanalyse, Ch. XVIII, p. 279.
[5] Freud (1909) Le petit Hans, p. 206.
[6] Freud S. (1916) Introduction à la psychanalyse, Ch. XVIII, p. 304.
[7] Freud (1915) L'inconscient, p. 205.
[8] Freud (1915) L'inconscient, p. 205.
[9] Freud S. (1912) La dynamique du transfert.
[10] Ibid., p. 103.
[11] Freud (S. 1914) Remémorer, répéter, élaborer, p. 106.
[12] Freud, S. (1916) Introduction à la psychanalyse, 28e Conférence. La thérapeutique analytique, p. 492.
[13] Freud S. (1914) Remémorer, répéter, élaborer, p. 106.
[14] Freud, S. (1916) Introduction à la psychanalyse, p. 492.
[15] Freud S. (1937) Constructions dans l'analyse, p. 270.
[16] Freud (1937) Constructions en analyse, p. 278.
[17] Forsythe/Vorsicht, pp. 67-68. In : Freud S. (1933) Rêve et occultisme.
[18] Par exemple : une « particularité de langage » de Dora donne le sens d’une participation à une scène sexuelle per os à la toux hystérique de Dora : elle pense que Mme. K aime son père pour sa « fortune » (le mot « fortune » en Allemand signifie aussi « puissance sexuelle »). C’est donc qu’elle pense que son père est « infortuné », impuissant, et qu’il a recours à la fellation ! (Fragments d’une analyse d’hystérie (Dora) p. 33). Dora a un bijou en forme de goutte : « La « goutte » est employée comme un aiguillage, comme un mot à double sens et « bijou » signifie, peut-on dire, « propre » (Schmuck : bijou : propre). (p. 67). Les Nymphes dont il est question comme divinités mythologiques sont aussi les petites lèvres (p. 74). Verkher, la gare signifie aussi les rapports sexuels. Dora marche en traînant la jambe : elle a fait un faux-pas (p. 77).
[19] Par exemple : un vent violent (aria) dans des rêves, se rattachait à sa malaria (Histoire d'une névrose infantile. L'homme aux loups, p. 349, n. 2 ). Le patient est inhibé devant un professeur de Latin qui s’appelle Wolf (p. 351. Freud réfute l’idée que cela aurait pu être la peur de son maître qui aurait été à l’origine de la peur des loups p. 352, n. 1).
Cf. surtout l’analyse de l’assonance Wespe/S. P. (p. 397).
[20] Un « brillant sur le nez » (Glance/Glanz). In Freud (1927) Le fétichisme).
[21] Freud S. et Breuer J. (1895) Études sur l'hystérie p. 140.
[22] Freud S. et Breuer J. (1895) Études sur l'hystérie p. 145, n. 1.
[23] Freud (1899-1900) L’interprétation du rêve. VII A, p. 583 (SE5, p. 530).
[24] Freud S. (1905) Fragments d’une analyse d’hystérie (Dora), p. 47, n. 1.
[25] Par exemple Freud traite l’homophonie dysenterie/diphtérie dans un de ses rêves de Freud d’ « assonance paraphasique » Interprétation du rêve, p. 337 (SE4, p. 293).
[26] Breuer, Considérations théoriques, p. 166. Cf.également p. 173 : « Un rapport symbolique quelque peu compliqué, reposant sur des similitudes sonores des plus ridicules et sur des associations verbales qu'on ne trouve presque que dans ces états ».
[27] Freud, L’interprétation du rêve, VI, D, p. 384, Le terme « présentabilité » se substitue dans les Œuvres Complètes à la « figurabilité » de la traduction de Denise Berger (L’interprétation des rêves, p. 256), qui remplaçait elle-même « l'aptitude à la figuration » de Meyerson (La science des rêves, p. 295).
[28] Il est frappant de voir que Freud utilise à propos du rôle des mots dans le rêve la même formulation qu’il emploiera plus tard dans L’inconscient à propos des psychoses : « D’une façon générale, les mots sont fréquemment traités par le rêve comme des choses et connaissent les mêmes compositions que les représentations de chose » (Interprétation du rêve, VI, A, p. 339) (SE 4, p. 295).
[29] Interprétation du rêve, p. 80 (SE4, p. 50).
[30] Freud Interprétation du rêve, p. 212.
[31] Freud Interprétation du rêve, p. 80.
[32] Interprétation du rêve, p. 387 (SE5, p. 339-40).
[33] Freud S. (1910) Sur le sens opposé des mots originaires.
[34] Interprétation du rêve p. 397, n. 1 (1925) (SE5, p. 352, n. 1).
[35] Interprétation du rêve p. 397, n. 2, 1914 (SE5, p.352, n. 2).
[36] Benveniste (Remarques sur la fonction du langage dans la découverte freudienne, p. 81) relève les erreurs étymologiques d’Abel. Toutefois quand il dit que les sens opposés de sacer, « sacré » et « maudit » relèvent de conditions culturelles et non linguistiques, il déplace le problème sans invalider ce que disent Abel et Freud.
[37] Freud, 1905, p. 207.
[38] Lacan J. (1955) Variantes de la cure-type, p. 333.
[39] Lacan J. (1955) Variantes de la cure-type, p. 339.
[40] Lacan J. (1955) Variantes de la cure-type, p. 337
[41] Lacan J. (1955) Variantes de la cure-type, p. 338.
[42] Lacan J. (1964) Le séminaire, XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 119.
[43] Lacan J. (1964) Le séminaire, XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 125.
[44] Lacan J. (1953) Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, p. 250.
[45] Lacan J. (1955) Variantes de la cure-type, p. 333.
[46] Lacan J. (1958) La direction de la cure et le principe de son pouvoir, p. 595.
[47] Lacan J. (1954) Introduction au commentaire de Jean Hippolyte sur la « Verneinung » de Freud, p. 371.
[48] Lacan J. (1954) Introduction au commentaire de Jean Hippolyte sur la « Verneinung » de Freud.
[49] Viderman S. (1970) La construction de l'espace analytique Denoël, Paris.
[50] Lacan J. (1959) A la mémoire d'Ernest Jones : Sur sa théorie du symbolisme, p. 714.
[51] Freud (1915) Le refoulement, p. 191.
[52] Lacan J. (1957-1958) Le Séminaire. Livre V. Les formations de l'inconscient III, p. 49. Saussure définit le « langage » comme l’ensemble disparate des faits étudiés par la linguistique. Le langage n’a donc en réalité évidemment aucune « structure », d’un point de vue linguistique. La même critique a été faite dès 1956 par le linguiste Émile Benveniste, pourtant proche de Lacan, dans « Remarques sur la fonction du langage dans la découverte freudienne ». Benveniste veut bien que l’inconscient soit « structuré », mais ne voit pas comment ça pourrait être « comme un langage ». En revanche, il admet la comparaison des tropes du discours avec les processus primaires de l’inconscient. Mais Roman Jakobson exprime l’opinion opposée dans Deux aspects du langage et deux types d’aphasie : les processus primaires ne peuvent être classés comme des tropes définis.
[53] Lacan J. (1959-1960) Le séminaire, VII. L'éthique de la psychanalyse, p. 12.
[54] Lacan J. (1953) Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, p. 294. </span
[55] Lacan J. (1953) Fonction et champ de la parole et dulangage en psychanalyse, p. 294
[56] Lacan J. (1969-1970) Le séminaire, XVII. L'envers de la psychanalyse, pp. 100-101.
[57] Lacan J. (1964) Le séminaire, XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 226.
[58] Lacan J. (1960-1961) Le séminaire, VIII, Le transfert, pp. 234 et sq.
[59] Lacan J. (1960-1961) Le séminaire, VIII, Le transfert, p. 228.
[60] Lacan J. (1960-1961) Le séminaire, VIII, Le transfert, p245.
[61] Lacan J. (1953) Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, p. 254.
[62] Miller J. -A. (1996) L'interprétation à l'envers. La cause freudienne, N°32, 9-13.
[63] Lacan J. (1973) L'étourdit. Scilicet 4 Ed. du Seuil, Paris. p. 46.
[64] Freud, L’interprétation du rêve, V B, IV, I, p. 242.
[65] Freud, L’interprétation du rêve, V, B, IV, I, pp. 244-245.
[66] Anzieu, L’auto-analyse de Freud, p. 310.
[67] Anzieu, L’auto-analyse de Freud, p. 310.
[68] Green A. (2000) Le temps éclaté Ed. de Minuit, Paris.
[69] Freud, L’interprétation du rêve, p. 173.
[70] Freud, L’interprétation du rêve, p. 173, n. 1.
[71] Anzieu D. (1958) L’auto-analyse de Freud et la découverte de la psychanalyse, p. 140.
[72] Freud, L’interprétation du rêve, p. 173.
[73] Anzieu, L’auto-analyse de Freud, p. 140.
[74] Freud, L’interprétation du rêve, p. 175.
[75] Freud, L’interprétation du rêve, p. 229.
[76] Freud, L’interprétation du rêve, p. 230.
[77] Freud, L’interprétation du rêve, V B, IV, I p. 244.