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Proposition de débat à partir de l’article de Paul Denis, « Transidentité : rapport au réel et limites de l’autodétermination »
Claire-Marine François-Poncet
Depuis Mai dernier l’OMS a voté une nouvelle classification internationale des maladies (CIM-11) où la transidentité (lorsque la personne s’identifie à un genre qui n’est pas celui qui lui avait été assigné à la naissance) a été retirée de la catégorie des troubles mentaux et a été déplacée sous le nom « d’incongruence de genre[1] » dans le chapitre « santé sexuelle ». La France, qui a admis que, dans les écoles, des enfants dysphoriques de genre puissent être nommés par un prénom consacrant leur changement d’identité, est en passe de renchérir à partir d’un rapport d’experts confié à un médecin généraliste et à un représentant d’une association de personne « trans ». Ce « Rapport relatif à la santé et aux parcours de soins des personnes “trans ”» (Janvier 2022) , à la demande du ministère des Affaires Sociales et de la Santé, propose un véritable changement de paradigme dans sa conclusion : « comme lorsqu’elle a légiféré pour l’accès à l’IVG en 1975, et, auparavant, pour l’accès à la pilule contraceptive en 1967, la France a plusieurs fois agi en faveur de l’égalité des droits et du droit de chacune et chacun à disposer de son corps, dans des contextes politiques hautement débattus et controversés ». La transidentité, défendue par les associations de transgenres, doit donc désormais être interprétée dans un contexte politique de changement social, où le droit à disposer de son corps pourrait aller jusqu’à l’automutilation, par exemple dans l’ablation d’organes génitaux, et cela au nom de la santé sexuelle. La contraception, l’IVG, l’ablation des seins ou du pénis se situeraient-ils dans la continuité politique d’un féminisme qui inviterait la femme à s’affranchir définitivement de la maternité comme dernier bastion de l’inégalité homme-femme ?
Thomas Laqueur dans son essai[2] sur le corps et le genre en Occident montre la liberté avec laquelle la culture s’est toujours appropriée les représentations de la différence des sexes dans des modèles où « le sexe est toujours de l’ordre de la situation : il ne s’explique que dans le contexte de batailles autour du genre et du pouvoir » (p.43). « Après la révolution scientifique[3], la différence sexuelle ne procéda pas plus de l’anatomie que ça n’avait été le cas dans le modèle précédent du sexe unique », on continua de « s’approprier l’autorité de la nature pour légitimer un ordre social fondé sur la domination de l’hétérosexualité vouée à la reproduction » (p.384). Nos civilisations patriarcales dont la Loi est à l’origine fondée sur l’incertitude de la paternité, « triomphe de la vie de l’esprit sur la vie sensorielle » (Freud, 1939[4]), sont-elles en train d’évoluer vers un autre ordre culturel ? Le transsexualisme serait-il au service de sexualités non procréatives de plus en plus fréquentes en Occident ?
Mais Paul Denis nous rappelle que la dé-pathologisation de la transidentité peut nous questionner à la lumière de la souffrance des patients qui viennent nous consulter avec des demandes de changement de genre. Cette souffrance mentale est pourtant bien reconnue par les rapports d’expert qui prônent la dépsychiatrisation, et serait même au cœur des préoccupations de l’OMS ou de nos ministères qui relèvent des troubles psychiques et un taux de suicidalité chez les personnes transgenre bien plus élevés que dans la population générale. Mais, dans un renversement spectaculaire, ces troubles seront revendiqués par les associations trans comme les stigmates du regard social ou politique : les transgenres, au nom de toutes les minorités sexuelles « queer », se déclarent les victimes de la domination d’un ordre patriarcal où les hétéros (cis-genre) seront stigmatisés à leur tour comme les dominants ou les agresseurs. En considérant que la conviction d’être d’un autre sexe que le sien pourrait être vue comme « une conviction proche d’un délire » (p 2) Paul Denis pourrait donc être accusé d’être un homme hétéro dont l’idéologie militante serait à l’origine de la souffrance des minorités sexuelles…. Je souligne au passage que l’article de Paul Denis sur la transidentité témoigne, comme tous ses nombreux écrits, d’une parole pensante à l’opposé des discours militants
Mais les enjeux politiques et la psychologie des masses, portés par les réseaux sociaux, ne tiennent pas face à l’écoute de la souffrance de ceux qui nous consultent avec des revendications de non-binarisme ou de réassignation de genre, car cette souffrance est toujours singulière, comme le souligne Paul Denis en introduction de son article. Les adolescents en s’emparant de la terminologie des transgenres dans leurs groupes de pairs, nous montrent avant tout comment cette révolution sociale leur permet d’exprimer dans une certaine provocation autour de la sexualité, les conflits entre identité sexuée et orientation sexuelle, propres à cette période de la vie. En parler, de façon plus ouverte ou légitime, dans une remise en question des stéréotypes du féminin ou du masculin des générations précédentes, ne fait-il pas partie du « progrès nécessaire des générations » évoqué par Freud (Trois Essais) en lien avec la remise en question de l’autorité des parents à l’adolescence ? Les revendications de changement de genre avec l’aide de la médecine, très minoritaires dans la population des adolescents, pourraient-elles être interprétées comme le symptôme d’une pensée de groupe venant soulager des troubles identitaires profonds grâce à des refuges narcissiques collectifs ? Les pratiques religieuses communautaires n’offrent-elles pas des illusions groupales du même ordre avec parfois des sacrifices de la vie sexuelle tout aussi radicaux ?
Freud souligne dans Malaise dans la Culture (1930), un texte infiniment contemporain, combien la civilisation est « fondée sur l’exigence d’une vie sexuelle d’une même nature pour tous » qui « se place au-dessus des inégalités dans la construction sexuelle acquise et coupe un assez grand nombre d’humains de la jouissance sexuelle, devenant la source d’une grave injustice » (p.291). Thomas Laqueur observe que « Freud avait une conscience aigüe des processus douloureux qui président à la sélection des parties corporelles vouées à représenter les différences éloquentes dans l’ordre de la civilisation » (p.384). Marie Bonaparte, une analyste femme, évoque le poids des mots, du récit culturel, dans la fabrique du sexe féminin : « je crois que les mutilations sexuelles rituelles imposées aux femmes d’Afrique, depuis un temps immémorial, constituent l’exact pendant physique des intimidations psychiques imposées dans l’enfance à la sexualité des petites filles de race européenne ». Le féminisme, à l’origine des études sur le genre, défendrait-il un ordre social où les mutilations sexuelles de la transidentité viendraient réparer ou compenser les mutilations en tous genres infligées aux filles dans l’ordre patriarcal ? Se revendiquer d’un autre genre que le sien permettrait-il de survivre individuellement à l’injustice de l’ordre symbolique de la différence des sexes et des générations voué à la survie ou à la reproduction de l’espèce ?
Mais l’injustice de nos civilisations qui coupe un grand nombre d’humains de la jouissance sexuelle (Freud) est-elle rétablie dans ces orientations sexuelles subverties sous la forme d’une quête de reconnaissance identitaire dans le mouvement LGBTQI ? Comme Paul Denis le souligne, la mutilation des organes sexuels pourrait compromettre « l’expérience et les satisfactions de la sexualité » (p 5). Il faut cependant noter que l’évolution de la Loi sur la transidentité (2016 en France), de nouveau sous la pression des associations de transgenres, ne soumet plus la demande de transition à une opération chirurgicale des organes génitaux. L’auto-détermination déclarative devient la règle, révélant paradoxalement le poids de la détermination ou de l’assignation sociales dans ces demandes de changement de genre où il s’agit d’être regardé, assigné socialement à une catégorie « transgenre »[5] opposée au genre de la naissance. Aujourd’hui, les transgenres ne tentent pas tant à modifier les données de leur sexe biologique que de recourir à des « chirurgies d’affirmation », souvent hormonales, pour modifier le visage, le torse, la voix ou la pilosité afin d’apparaître dans un autre genre que celui de leur sexe caché…Ces sexualités hors normes remettraient-elle en question les équivalences entre la maturité psychique de l’identité sexuée et l’ordre symbolique (de la différence des sexes et des générations) que la psychanalyse défend dans sa psychogénèse de la sexualité ? Ou confirmeraient-elles la découverte par la psychanalyse de la sexualité élargie à une sexualité infantile a-genre, polymorphe, en quête de satisfaction sans fin ? Le « progrès des générations » viendrait-il ici élargir la première voie ouverte par Freud avec Les Trois Essais (1915) pour démontrer combien la sexualité humaine se soumet difficilement aux normes ? Face à toutes ces questions, sans doute est-il nécessaire de privilégier l’écoute clinique de ces nouvelles formes de souffrance psychique, hors nosographie, en se souvenant que la psychanalyse a contribué à une approche amorale et non pathologisante des identifications de genre et de la sexualité. Elle a cependant également indexé la normalité et la maturité psychique de l’identité sexuée à une correspondance entre l’anatomie sexuelle et l’ordre symbolique.
Quelle serait alors l’écoute de l’infantile dans ces problématiques ? L’enfant a toujours un sexe ou un genre dans la tête des parents : il est assigné dès la naissance, avec toute une fantasmatique liée à leur propre sexualité infantile, et cela bien avant qu’il découvre la différence des sexes. Le genre pendant la petite enfance se définit par des assignations par le petit groupe de l’entourage proche, le père, la mère, un ami, un cousin, etc…qui par leurs fantasmes, leurs idéaux, inconscients et préconscients infiltrent de leur sexualité infantile les rapports avec l’enfant dans un ensemble complexe d’actes significatifs (choix du prénom ou du surnom, soins corporels et autres liens inconscients dans le corps à corps avec l’enfant). Une illustration des attentes inconscientes des parents nous est donnée par le docu-fiction Petite Fille (Arte) où la mère de Sacha désire une petite fille à la naissance de son garçon et lui donne un prénom mixte. Le plaisir affiché avec lequel cette mère habille son petit garçon en fille semble confirmer l’identification féminine de Sacha par sa mère dès sa naissance. Une autre observation m’a été confiée par une collègue psychanalyste. Il s’agit d’un suivi d’un petit garçon de trois ans, accompagné par sa mère. « Pourquoi vous dites zézette en parlant à votre fils de son sexe ? » demande cette psychanalyste à la mère lors d’une consultation. « Ah…parce que j’ai pensé que c’est plus mignon que de dire zizi ». L’ambivalence maternelle s’est ici saisie de l’ambiguïté des mots -zézette comme une version féminine ou un diminutif de zizi… En général, les mères tendent à user d’un nom particulier, souvent un diminutif, pour désigner le pénis alors que les filles ne se voient pas gratifiées de mot spécifique pour leur zone génitale. Pas de mot à avoir parce que rien à voir ? « Pour se signifier ou se transmettre la castration n’a pas forcément besoin de mots menaçants ou de gestes blessants, il suffit parfois que les mots manquent…Les différences entre le masculin et le féminin dans l’enfance se transmettent dans le choix des jeux de filles ou de garçons mais également par les faits de langage comme le démontre cette observation éloquente. Réactivée par sa confrontation à l’enfant qu’elle a , la théorie de la castration comme vestige de la sexualité infantile maternelle vient à brouiller et à exciter ce qui fait la différence des sexes chez cette mère, plus qu’elle l’organise » (p.1638[6]). Ce petit garçon deviendra-t-il un transexuel pour autant ?
L’assignation de genre à la naissance s’appuie sur un constat anatomique, mais celui-ci est d’emblée interprété, organisé par une représentation de la différence des sexes dans l’ordre symbolique. Une belle illustration de ce processus nous est offerte par la romancière Camille Laurens dans son livre « Fille ». « C’est une fille… » sont les premiers mots du roman et de l’entourage lors de sa naissance. Sous-entendu : « ce n’est pas un garçon.. », à la grande déception du père qui n’a pas de prénom pour déclarer son nouveau-né à la mairie . L’observation très fine menée par cette petite fille (dans le roman) des « habitus » (Freud) ou des comportements significatifs de sa planète monde, révèle comment le genre , masculin ou féminin, convoque toute une fantasmatique inconsciente chez les adultes qui l’entourent. Cette petite fille en viendra à la conclusion, lors de la naissance d’un cousin, que la différence des sexes figurée par le binarisme « Rien/Tuyau » organise cette fantasmatique dans une opposition entre les genres masculin et féminin. L’anatomie perceptive à la naissance de cette « fille » ne relève pas tant de son sexe biologique que de représentations fantasmatiques d’un sexe unique, le sexe mâle, dans une logique binaire phallique-castré.
A l’adolescence, l’actualisation de la sexualité infantile grâce aux nouveaux répondants représentatifs et somatiques de la puberté, remet en jeu les échanges entres les sexualités infantiles inconscientes des enfants et des parents. Les consultations familiales proposées autour des demandes de changement de genre mettront-elles à jour les enjeux inconscients, souvent tabous du côté des parents, dans l’assignation du genre de leur enfant dans le passé ? La temporalité psychique du travail analytique peut-elle s’inviter face à des revendications d’immédiateté qui passent souvent par le comportement à l’adolescence ?
Un collègue psychiatre[7] qui reçoit des adolescents avec leurs parents dans le cadre de demande de « certificats de transition » observait que les mères n’ont pas la même attitude que les pères dans ces consultations. Les seconds, plutôt atterrés, s’éloignent ou se résignent, contraints par les représentations actuelles ou leurs épouses. Les mères, curieusement, soutiennent avec une certaine aisance l’hypothèse du changement envisagé (garçon-fille ou le contraire) au nom d’une certaine modernité qui fait fi de toute douleur. Elles semblent soutenir ce changement, sans en mesurer les conséquences, comme une source de libération sexuelle qu’elles s’approprient comme femme. Les pères le ressentent et se sentent exclus. Et si ce sentiment d’exclusion était un des facteurs à l’origine du transsexualisme de leur enfant ? Et si la complaisance des mères tenait à des rêveries de changement de sexe qui coloraient leur vie enfantine de petites filles ? Ce psychiatre, également psychanalyste, nous montre un travail possible avec les parents dans ses « consultations de genre ». A la suite d’une hospitalisation en lien avec une menace suicidaire, un jeune lycéen peut faire son « coming out » d’un désir d’être une femme. Plusieurs consultations avec la famille permettront de dévoiler chez cet adolescent sa colère et sa tristesse à l’égard de son père « qui ne l’a jamais regardé » et « qui ne s’intéresse pas à lui ». Dans ses propos s’entend un dépit amoureux (si on ne refuse pas de l’entendre) que ne vient pas apaiser l’attention de sa mère. Celle-ci peut alors révéler un évènement douloureux qui a failli provoquer l’éclatement de la famille : le départ d’une sœur aînée du domicile familial à la suite d’un conflit violent avec le père. Ce départ a été vécu comme un arrachement par ce père, profondément endeuillé depuis la séparation de sa fille. Son fils, par sa demande de changement de genre, tente-t-il de prendre la place d’un objet mélancolique, une fille perdue pour son père ? Cela lui permet-il de dénoncer l’exclusion qu’il ressent ? Au fil des consultations, ce lycéen peut entrevoir son choix d’être une femme comme une préférence au choix d’être désiré comme une femme dans une orientation homosexuelle qui mettrait autrement en jeu son angoisse de castration et l’identification impossible à un père meurtri par sa fille. Il observe alors que son désir de changement de sexe peut changer en fonction de l’interlocuteur et pourra se saisir de l’ambivalence de sa revendication.
En conclusion, on peut se demander si les chromosomes, dont Paul Denis souligne la différence entre l’homme et la femme (p.4) et leur caractère inaltérable, dénié dans les déclarations de « changement de sexe », ont quelque chose à voir avec la différence des sexes toujours médiatisée, socialisée chez l’humain. Dans sa pièce « Tous des Oiseaux », Wajdi Mouawad met en scène un jeune chercheur en génétique qui répète avec humour à son amante les formules des chromosomes qui auraient pu déterminer leur rencontre. Mais ses talents de chercheur au service de la séduction de cette jeune fille palestinienne ne résisteront pas au rejet de leur rencontre par un père juif, fils de déporté, qui revendique une haine ancestrale envers les palestiniens. C’est avec stupeur que nous découvrons au cours de la pièce que ce père est lui-même un enfant palestinien abandonné, adopté par son jeune père soldat israélien lors de l’invasion de la Palestine dans la guerre du kippour. Cette révélation provoquera un arrêt cardiaque chez ce père. Sa réanimation, sur son lit de mort, se fera en langue arabe grâce à des comptines chantées par la jeune fiancée palestinienne violemment rejetée dans la vie de son fils. Les conflits identitaires inconscients peuvent donner lieu à des enjeux de vie et de mort lorsqu’ils convoquent un enfant perdu, cet enfant assigné dès sa naissance (par les désirs conscients et inconscients de l’entourage) que tentent d’oublier les transgenres en faisant appel à la Nature qui aurait fait une erreur[8] sur leur genre d’origine. La Nature, les chromosomes, offriraient-ils un dernier recours pour légitimer le destin d’une anatomie toujours de l’ordre de la représentation chez l’humain ? Car dans sa formule « L’anatomie c’est le destin », Freud ne se réfère ni au biologique, ni à une anatomie scientifique ou descriptive, mais à une anatomie imaginaire, perceptive, qui provient de la verticalisation de l’humain à l’origine de la civilisation (Freud, Malaise, 1930[9]). La station debout fait en effet disparaître de la vue les organes génitaux féminins (par opposition à l’animal), et est à l’origine de la perception d’un sexe unique : le sexe masculin. Le caractère contingent, illusoire de la différence « anatomique » des sexes chez l’humain est devenu le destin de la civilisation moderne dans des logiques duelles présence /absence, phallique /castré ou genre/sexe etc… La découverte par la psychanalyse de la sexualité élargie, a-genre, polymorphe, offre une issue à ce dualisme en installant la bisexualité psychique en chacun de nous.
[1] Le terme d’’incongruence de genre a remplacé celui de dysphorie de genre également dans le DSM, le mot dysphorie signifiant détresse et donc trouble ou souffrance psychique.
[2] Laqueur T. (1992), La fabrique du sexe, Essai sur le corps et le genre en Occident.
[3] Le travail scientifique commence au siècle des Lumières où l’interprétation d’un corpus emprunté à la biologie de la reproduction continue d’obéir à des métaphores dictées par les impératifs culturels (Laqueur).
[4] Freud (1939), L’homme Moïse, GW XVI, p.219
[5] Dans son adresse à un parterre de psychanalystes Lacaniens (« Je suis un monstre qui vous parle », La maison de la poésie, YouTube, déc.2020) le philosophe Paul B. Preciado se présente avec trois autres lecteurs sous l’identité commune de « transgenre ». Cette catégorie est secondée par une seconde identité (« homme », « femme », « non binaire » ou « homosexuel ») toujours déclarée dans une opposition à l’identité sexuée d’origine.
[6] Mi-Kyung Yi (2019), Comment jouer avec l’arbre qui cache la forêt ?, Revue française de psychanalyse 2019/5 (Vol. 83), pages 1635 à 1640.
[7] Tamet, J-Y (2018), « Être une femme ou comme une femme » , intervention au colloque de Cerisy « La psychanalyse, anatomie de sa modernité », à partir des travaux de Laurence Kahn.
[8] Bien qu’aucune recherche n’ait pu démontrer qu’il existe un rapport de causalité avéré entre le processus biologique de sexuation à la naissance et le processus subjectif d’identification de genre, un courant naturaliste, alimenté par des sexologues et des endocrinologues, persiste à déterminer le transsexualisme comme un hermaphrodisme psychique d’origine organique. C’est dans cet esprit que Christine Jorgensen (qui subit la première opération chirurgicale, en 1967, dans une transition d’homme à femme) devient le porte-parole du mouvement « trans » avec la déclaration (à ses parents) : « La nature avait fait une erreur que j’ai corrigée, et à présent je suis votre fille ».
[9] Freud S. (1930), Malaise dans la civilisation, Paris, PUf, p.49 (note de bas de page).