Gérard Pirlot
René Magritte fait avec ses toiles ce que la littérature réalise avec les mots. Il crée un imaginaire.
Sa peinture fait penser, car elle peint la pensée, ou plutôt la pensée du rêve dans ses premières formes d’images car nous avons rêvé avant de voir. Elle illustre la quête d’une « rêvée » - terme de Pascal Quignard- ayant trouvé son support dans sa projection de la toile, là où l’absence du regard maternel ne put offrir un espace de réverbération suffisamment réflexif.
La toile peinte a pu lui offrir la pérennité de cette réflexion.
Sa peinture donne accès à l’ombilic de la pensée associative propre à cette rêvée qui anime le flux d’un inconscient refoulé, en y dénouant des traces mnésiques difficilement exprimables en paroles.
Se peut-il que Magritte peigne ce que l’enfant en lui a pressenti des rêves et des pensées d’une mère tentée plusieurs fois par le suicide et qui finit par réaliser celui-ci ? Se peut-il qu’il peigne comme un garçon créant des couleurs pour rendre plus vivante une mère déprimée ?
C’est à ces questions, parmi d’autres, que l’auteur tente de répondre en utilisant ce que la psychanalyse appliquée à la biographie et à l’œuvre d’art d’un artiste peut apporter, en complément aux études des spécialistes de l’œuvre de Magritte.