La violence comportementale est habituellement marginale dans les traitements analytiques. En France en particulier, les patients potentiellement violents sont soignés dans des cadres aménagés par rapport à la cure type.
Perelberg et coll. rapportent ici une expérience de traitement analytique à cinq séances par semaine de tels patients dans un centre de soins analytiques pour jeunes adultes en Angleterre. Il s'agit d'une expérimentation qui s'appuie sur une sorte de supervision groupale des analystes participants, et qui se trouve présentée comme telle aux patients.
L'exposé détaillé des cures permet de bien saisir comment le dispositif particulier dans lequel elles se déroulent, faisant tiers dans la relation analytique, vient contenir les mouvements de déréalisation qui précèdent les passages à l'acte. Les auteurs ne s'y trompent pas, qui pointent l'importance de leur cadre dans leurs résultats.
La revue de littérature de l'article inaugural donne un bon aperçu des auteurs anglo-saxons qui restent assez méconnus en France. Elle rapporte aussi des travaux anglais récents qui tentent de distinguer agressivité et violence. Distinction qui n'est pas sans conséquences sur les choix d'intervention de l'analyste.
La différence dans le maniement du transfert de part et d'autres de la Manche, tout à fait évidente à certains moments du livre, se trouve relativisée par Davies, pour qui ces patients s'identifient au contenu concret de l'interprétation plutôt qu'à sa signification symbolique. Dès lors l'analyste, de par son activité de pensée, en établissant des distinguos et des relations de causalité, crée la fonction paternelle et disloque le fantasme d'une fusion avec la mère. Le patient s'appuierait ainsi plus sur l'activité psychique de l'analyste que sur le contenu même de ses interventions.
Dans un récit de cure assez spectaculaire, Fonagy insiste sur l'utilité d'éviter dans un premier temps toute interprétation d'un sens inconscient du matériel, toujours susceptible par son caractère potentiellement persécuteur de déclencher des mouvements violents.
Le livre de Perelberg et de ses collègues nous apporte un éclairage un peu différent sur une question qui avait été abordée autrefois dans le cadre de l'étude des états-limites et qui se trouve traitée ici dans des aspects proches des fonctionnements psychotiques.