Eiguer Alberto, Une maison natale, psychanalyse de l’intime, Paris, Dunod, 2016, ISBN 978-2-10-074731-3, 170 p.
L’auteur nous plonge dans ses souvenirs et anecdotes d’enfance autour de sa maison natale pour nous montrer la symbolique non seulement de la maison mais aussi de chaque pièce. Il nous dépeint l’importance de la maison dans le développement psychique de l’enfant. Cependant, il remarque que les souvenirs peuvent être chassés ou modifiés un fois narrés. La maison nous identifie et sa représentation inconsciente constitue l’habitat intérieur qui comporte deux versants : l’image corporelle d’une part et la représentation du groupe familial d’autre part. Cet habitat intérieur est projeté et se manifeste dans le décor et le style de la maison. Ainsi, nous faisons comme les animaux qui marquent leur territoire. La maison renvoie à l’archaïsme : d’une part aux origines de l’être se traduisant par l’ambiance de la maison et d’autre part l’archaïsme qui est à la base des identifications secondaires. En découlent les fonctions de l’habitat intérieur : la fonction de contenance et de différenciation dedans / dehors, la fonction d’identification, la fonction de continuité historique et de mémoire, la fonction créatrice et esthétique. Particulièrement saisissante est l’idée que la maison nous aide à prendre conscience des différences, à les penser, facilitant ainsi l’approche de l’autre.
La cuisine est un lieu d’échange par excellence et renvoie non seulement à l’oralité mais aussi à la scène primitive. Le grenier, le débarras et la cave touchent la question de l’énigme, notamment celle de la filiation. La chambre des parents se réfère évidemment aux fantasmes de la conception.
Et en fin de compte, les lieux de passage renvoient à notre métier d’analyste : nous permettons aux patients de franchir une porte.
Rénate Eiber (février 2017)