Avec le premier numéro de cette nouvelle collection éditée par l’ASM XIII, l’équipe du Centre Alfred Binet (CAB), confrontant son travail à celui du Centre Anna Freud de Londres, revient, via le thème de la temporalité, à ses origines : la création et l’usage du secteur de psychiatrie infanto-juvénile. S’y ajoute un texte de V. Kampsambélis sur la temporalité chez les schizophrènes adultes.
Comme le souligne G. Lucas, la pratique dite “ de secteur ” a pu être critiquée par référence à une psychanalyse jugée trop envahissante ou, à l’inverse, trop “ insuffisante ”. Dans une période où la durée des traitements de nature analytique est régulièrement interrogée, l’auteur défend avec vigueur la nécessité de la durée et de la continuité, en référence à la cure analytique, dans la pratique de secteur, seules à même d’assurer un cadre véritablement soignant. Ceci est d’autant plus justifié dans le travail auprès de familles dont certaines ont pu ériger la discontinuité en mode de fonctionnement.
D’un autre côté, la question de l’indication dans la psychanalyse des enfants ne saurait être indépendante des possibilités de mobilisation de la famille ou de la nécessité du maintien d’une homéostasie à laquelle il serait vain, voire risqué, de “ s’attaquer ”. F. Villa montre tout l’intérêt des consultations thérapeutiques, entretiens qui mobilisent et l’enfant et sa famille selon un rythme qui peut être adapté à chacune. Ces consultations ont, historiquement pour modèle, les “ inventions ” techniques de D.W. Winnicott. F Villa s’attache à décrire les effets de réverbération entre psychologie collective et individuelle que l’on peut voir à l’œuvre dans cette pratique, et dont M. Ody fait un indicateur du moment propice à la mise en route d’un travail individuel (psychothérapie ou psychanalyse).
Des exposés de cas cliniques par d’autres auteurs viennent illustrer ces différentes propositions.
En contrepoint de ces travaux, C. Avram et S. Cann tentent d’expliciter, à partir de leur expérience dans l’unité du soir du CAB, l’effet parfois spectaculaire et toujours un peu énigmatique des groupes thérapeutiques sur les capacités de symbolisation des enfants.
Enfin, il faut lire le texte remarquable de V. Kampsambélis traitant de la temporalité chez les schizophrènes adultes et ses conséquences par rapport à leur prise en charge. L’intemporalité propre à l’inconscient (et qui affirme l’indestructibilité de la pulsionnalité) y est opposée à l’a-temporalité des processus schizophréniques (alimentée par un fantasme de destruction de toute pulsionnalité). Cette distinction permet une intéressante relecture du négativisme et du délire.