Ce livre est une somme de réflexions autour de la théorie de la séduction et de l’“abandon” de la neurotica de Freud.
La thèse d’Ilse Grubich-Simitis qui a traduit Vue d’ensemble des névroses de transfert (1915), une “fantaisie phylogénétique”, est qu’après avoir substitué, à partir de 1896, au modèle traumatique le modèle de la pulsion comme facteur étiologique des névroses, Freud, ultérieurement, complexifie le modèle de la pulsion, en y intégrant le facteur traumatique.
Christophe Dejours propose une introduction, “ Pour une théorie psychanalytique de la différence des sexes ”, à l’article de Jean Laplanche. De façon synthétique et très éclairante, il explique quelques concepts clés que ce dernier développe dans l’ensemble de son œuvre.
Jean Laplanche introduit le concept de genre en psychanalyse afin de préciser la signification de la différence des sexes dans la théorie sexuelle. “Le genre précède le sexe. . . il est organisé par lui”.. Le genre, non sexuel, résulte de messages énigmatiques d’assignation qui sont compromis par l’inconscient, le “ sexual ” (la sexualité infantile) des parents et les messages doivent être traduits, symbolisés par l’enfant ; c’est une exigence de travail qui lui est imposé, les résidus non traduits participent à la constitution de l’inconscient de l’enfant. Cette perspective change le vecteur de l’identification qui devient alors “ identification par le socius de la préhistoire personnelle ”.
Jean Schimek montre l’existence d’une continuité entre les aspects majeurs de la pensée freudienne avant et après l’“abandon” de la théorie de la séduction ; l’événement infantile précoce ne devient traumatique que si son souvenir inconscient trouve un effet d’après-coup à la puberté, ce qui souligne l’importance, dès 1896, du rôle des transformations psychiques internes ainsi que le rôle des “ conceptions ” de Freud dans l’interprétation et la reconstruction du traumatisme originaire à partir de “ répétitions ” indirectes et déguisées qui ont pu s’exprimer sous l’influence du facteur transférentiel. Les germes conduisant à la découverte du fantasme et de la réalité psychique ont donc toujours été présents, leur mise en évidence ne constitue pas une rupture radicale avec la neurotica.
Le noyau essentiel du fonctionnement psychique, selon André Green, réside dans la relation conflictuelle qu’entretiennent deux systèmes, chacun ayant son mode d’organisation et de désorganisation, celui du langage et celui, appelé “visionnaire” par Jean-Claude Rolland, ou “hallucinatoire”, rattaché à la pulsion, à moins qu’il ne faille penser qu’existerait un troisième système. Jean-Claude Rolland propose d’introduire comme troisième système, le principe de plaisir, André Green propose, en lien avec le concept de “ ré-entrée ” d’Edelman, de complexifier la conception du refoulement, compte-tenu de la possibilité de multiples connexions nouvelles, lors d’un nouveau refoulement. Celui-ci interroge la part de non-dit qui ne relève pas de la censure, inhérente à la sexualité.