Nous avons l'habitude en France de parler du « tournant » de 1920 où « l'expérience clinique » de Freud l'amena à postuler une deuxième topique, formée à partir d'une compulsion de répétition et d'une pulsion destructrice. Ronald Britton, in « Sex, Death, and the Superego. Experiences in Psychoanalysis » nous livre, à travers un élégant tissage de la clinique et de la littérature, une clarté d'écriture et une analyse fine et suivie de sa propre « expérience clinique » (ce à quoi nous sommes accoutumés chez nos voisins britanniques), ses réflexions sur la théorie psychanalytique contemporaine.
Si la psychanalyse commence véritablement avec le rêve selon une pensée française, pour Britton, la psychanalyse commence véritablement avec l'hystérie et « l'expérience clinique » de Freud et Breuer. Tout au long de la lecture de ce livre, un certain décalage entre le rêve comme modèle (donc l'interprétation des rêves) et l'hystérie comme modèle (donc Anna O) sera présente en filigrane. Mais le lecteur français retrouvera chez ce post-kleinien, voire bionien, une attention à l'Œdipe et à la scène primitive, malgré l'absence des pulsions de la deuxième topique.
La réflexion de R. Britton suivra trois axes : la première « où commença la psychanalyse véritablement » : l"hystérie ; la deuxième, qui couvre « la deuxième période freudienne » : le moi et le surmoi ; et pour terminer, une réflexion sur le narcissisme et les maladies narcissiques « problématique emblématique de la deuxième moitié du vingtième siècle. »