Antonino Ferro nous propose dans cet ouvrage un recueil de courts textes qu’il faudrait non seulement lire, mais aussi pouvoir écouter. Le lecteur se promène au gré des rêveries de l’analyste au travail et, découvre ici et là le surgissement de l’inattendu.
Les rêveries se définissent alors comme le terrain favorable à la survenue de l’einfall. De ce fait la créativité est à l’œuvre. La richesse de la pensée peut se déployer grâce notamment à la vertu de la pensée en image, la langue du rêve. On pourra rapprocher ces écrits de l’ouvrage « Cogitations » de Bion même si celui-ci s’attache plus manifestement à une recherche théorique. C’est le plaisir du jeu avec les pensées qui prédomine tout au long de ce texte. L’humour est très présent, à travers ces lignes, il rend possible certains accès délicats. C’est même un des piliers de cette écriture ludique. La confirmation est faite du rapport du witz avec l’inconscient. Le mot d’esprit permet l’accès sans détour au sens caché. Ces courts textes sont comme de multiples scénettes évoquant tout autant les variations au sens musical du terme, que les figures de la danse. Un pas en avant, un pas en arrière, l’image apparait et disparaît. La rêverie reste éphémère. La précarité de la condition humaine trouve une illustration. La rêverie pourrait bien devenir alors une forme de résistance fondamentale pour la pratique analytique. S’il fallait un manifeste témoignant de l’atroce découlant du manque de métaphore, le voici ! « La tendance est désormais à la fuite de plus en plus massive des pensées, les hommes les suivant, gouvernés comme des automates aux têtes vides par la communauté de la Pensée unique qui planait au dessus de leur tête ».p.50.