Ce livre est dédié à Nicole Bru, médecin, propriétaire d’un laboratoire pharmaceutique, dont on nous dit dans l’introduction que sur ses fonds propres elle a créé une maison d’accueil qui regroupe des enfants victimes d’agressions sexuelles. Cette maison située au centre d’Agen réunit quinze jeunes filles âgées de 7 à 18 ans, venant de tout le territoire national, après un parcours très chaotique. Sous l’impulsion de G. Raimbault ce lieu s’est défini comme un centre d’accueil éducatif et de soins. C’est aussi un lieu de réflexion sur la place du soin et de la psychanalyse dans le traitement de ces jeunes filles.
Les auteurs se questionnent sur l’origine de ces incestes, les familles dans lesquelles ils surgissent mais aussi sur les manières de réparer en profondeur ces blessures, en proposant un lieu et une écoute particulière. Ils soulignent les mises en danger de ces enfants dans ces familles où tous les repères sont bousculés. Ils s’interrogent sur la nature du traumatisme et sur les formes différentes que prend l’inceste.
Après avoir identifié ces différentes formes d’inceste, les auteurs s’attachent à cerner la spécificité du traumatisme : la rupture du lien de filiation, l’altération du continuum générationnel, la dépossession de l’intime et surtout les distorsions cognitives et identitaires telles que l’identification à l’agresseur. Ils insistent sur l’importance de l’âge auquel se produit le traumatisme comme facteur aggravant et les réactions au traumatisme (auto destructivité).
Avant d’explorer les diverses solutions pour protéger et soigner les victimes, les auteurs évoquent les familles, leurs modes de fonctionnement et les approches judiciaires et sociales. Ils se pencheront enfin sur le devenir de la féminité et l’accès à la maternité pour ces victimes, féminines, qui ont parfois été tentées par la solution suicidaire. Certaines auront la possibilité d’échapper à des solutions extrêmes en pouvant faire appel à leur créativité. On sera particulièrement intéressé et touché, dans cette perspective, par les témoignages de Niki de Saint Phalle et Anaïs Nin.