Sous ce titre délibérément provocateur, Jean Cournut analyse les difficultés de compréhension et de relation entre hommes et femmes. La domination séculaire des hommes sur les femmes, dans les diverses cultures, ne serait-elle pas le reflet d'une peur du féminin ? Il faut encadrer les femmes de peur qu'elles ne subvertissent la société des hommes. Mais de quelle subversion ?
Jean Cournut analyse de multiples formes de cette peur généralement déniée par les hommes comme par les femmes ; nous en retiendrons deux : d'une part la puissance de procréation et le lien originel à la mère qui font du féminin maternel une menace d'emprise voire d'engloutissement dont il est difficile au jeune garçon de se dégager. D'autre part, la sauvagerie potentielle de la sexualité féminine, qui ne connaît ni limites ni loi et qui apparaît dans les figures de la sorcière, de la sphinge ou de la femme fatale.
Le féminin reste largement irreprésentable pour les femmes comme pour les hommes ; mais si les femmes ont souvent peur de la violence physique ou de l'intrusion, elles ont sans doute beaucoup moins peur de la vie que les hommes. Au total, "si les hommes ont peur des femmes et que peut-être ils les envient, en tout cas ils les dominent, toujours en se donnant de bonnes raisons mais sans trop savoir pourquoi. Ils croient le savoir un peu, ils l'avouent parfois, ils le nient presque toujours".
Cette synthèse de réflexions anthropologiques et de données psychanalytiques, menée sous une forme précise, à la fois directe et approfondie, ouvre à un large public les recherches les plus récentes sur le féminin vu pour une fois du côté des hommes. L'auteur développe en même temps une conception renouvelée d'un masculin qui prendrait vraiment acte de la différence des sexes, surmontant aussi bien la négation que la peur. L'ouvrage donne à comprendre la force sociale des conceptions infantiles du masculin et du féminin (c'est-à-dire d'une représentation de la différence des sexes en termes de l'opposition entre phallique et châtré) et la difficulté d'une élaboration de la relation entre hommes et femmes qui soit réellement affranchie de l'angoisse de l'autre.
Jean Cournut, qui nous a récemment quittés, nous lègue ainsi le meilleur de son expérience humaine et psychanalytique avec une force et une simplicité particulièrement attachantes.