… « Notre histoire, notre temps est discontinu et nous aimerions en assurer la continuité qui serait aussi celle de notre identité. » Six auteurs en quête de J-B Pontalis l’écrivain et le psychanalyste, le temps d’un dialogue en mai 2006 à L’hôpital Ste Anne……
Pour J. André les écrits de J.-B. Pontalis sont des mots de psychanalyste et d’écrivain. L’inachèvement pourrait qualifier son œuvre, mais ce terme déplait à J.-B. Pontalis car il clôt ce qu’il souhaite garder ouvert. Son œuvre pour ne pas être unitaire ne manque pas d’unité dit-il encore. Toute œuvre est inachevée dira Pontalis, en insistant sur la notion de mouvement qui vise à répondre à l’immobilité de la mort. Pour Pontalis pas de « Processus » mais une « Traversée », terme repris à C. Chabert. La question de la mélancolie parcourt son œuvre… Mais s’agit-il de mélancolie ou de nostalgie ?
Le rêve occupe une place importante dans les écrits de Pontalis nous dit F. Coblence, elle évoque la « Pensée rêvante », une pensée « Proche du rêver » mais ce n’est pas un modèle, tout au plus une source parmi d’autres, répond Pontalis. Source dont il espère qu’elle étendra le champ de nos perceptions et rendra nos « Pensées du jour plus aventureuses ». Le rêve est extrêmement intelligent et fait de nous des visionnaires c’est pour cela que Pontalis l’aime tant. « Le rêve est une pensée qui ne sait pas qu’elle pense » !
Chacune des propositions des auteurs, commentant ses écrits, recueille un commentaire de Pontalis, ce qui rend cet ouvrage, au ton très amical, extrêmement vivant.
J. Melhman, lui, s’attache à rendre compte des travaux de Pontalis, mais celui-ci dans sa réponse lui fait remarquer qu’il semble vouloir interpréter son inconscient ce qui lui paraît ne pas être le sujet du colloque !! Il le contredit aussi sur les commentaires qu’il fait de l’œuvre de Wolfson : « Le schizo et les langues ». Dans cette réponse on perçoit l’agacement de Pontalis qu’il traduit avec humour et élégance.
« Savoureux », l’exposé de P. Miller plaît à Pontalis ! L’évocation de leur rencontre lors d’un déjeuner d’un congrès et l’allusion au film Bagdad café séduit J.-B. Pontalis. Il veut en rester aux saveurs et non partir vers le savoir… Il se montre « gourmand » des saveurs du monde, mais on peut repousser le savoir quand on en sait déjà beaucoup…..Lui répond-t-on.
Incarné, J.-B. Pontalis montre qu’il l’est. Le sensoriel est toujours présent chez Pontalis nous indique J. P. Dubois qui pose la question de savoir comment l’esprit vient à la chair. Il s’est dépris de la philosophie, mais retrouve à travers l’objet de pensée à partager une continuité entre philosophie et psychanalyse.
Avec Hélène Parat on aborde la question de « l’écho » entre Merleau Ponty et Pontalis et plus généralement de l’entre-deux qui « irrigue » ses livres. Sa pensée, dit-elle, est celle de l’écart, d’une tension maintenue où l’inconscient est invité à laisser sa marque.
Tout un passage sur l’introduction de Winnicott en France par J.-B. Pontalis nous montre H. Parat, en analyste, cheminant d’une pensée à l’autre. J.-B. Pontalis lui répond, en précisant que durant cette journée ont été cernées les pensées qui animent son œuvre : méfiance envers toute emprise des concepts, ou de théories, insistance sur le mouvement, refus de tout assujettissement à un maître ou à une institution ; être assujetti à l’Inconscient lui suffit, dit-il. Il ajoute qu’il « rêve » d’une alliance entre le sensible et l’intelligible et des entrelacs entre la sensorialité et la vie de l’esprit.