Médecin, psychologue, psychanalyste, Alain Braconnier enseigne à l’Université Paris V et dirige le centre Philippe Paumelle dans le XIII° arrondissement de Paris. Il nous livre ici le fruit de ses réflexions sur les relations mère-fils, sujet peu traité eu égard aux abondants écrits traitant des relations mère-fille ou père-fils.
La thèse qu’il défend est celle de l’amour de la mère, source de bienfaits pour son fils, véritable pouvoir dopant pour la vie et ses avatars, contrairement aux énoncés mettant en garde contre l’amour maternel dévorant et dévastateur.
L’ouvrage est composé de quatre parties.
La première partie s’intéresse au droit qu’ont les mères d’aimer leur fils. Et ce faisant, l’auteur bat en brèche un ensemble d’idées reçues et de préjugés de la relation mère-fils : » Il ne sera jamais un homme ou il va devenir homosexuel, ou bien à l’école, il ne saura pas se défendre, ou encore il va choisir le portrait de sa mère, il restera toujours un enfant »… La relation mère-fils se révèle être une histoire d’amour dans la mesure « où la naissance d’un fils pour sa mère condense tous les fantasmes, conscients et inconscients de la femme : être la fille chérie de son père à qui elle offre pour sa descendance, un autre lui-même ; être la femme de son mari à qui elle apporte un allié mais aussi un rival ; être la mère d’un garçon grâce auquel elle réalisera ce qu’en tant que femme, elle n’a pas pu réaliser ».
Avec la relation particulière de l’amour mère-fils, vont pouvoir se décliner les mille visages des mères oscillant entre bienveillance, passion, protection, possession, castration, distance… Et l’étayage de cette relation va se peaufiner par un processus de séparation, de rupture travaillé à tour de rôle par chacun des deux partenaires.
Dans la deuxième partie intitulée : » élever un garçon », l’auteur essaie de repérer et d’expliquer des particularités liées au sexe masculin, s’inscrivant ainsi dans un débat entre culture et nature, enrichi des connaissances biologiques des neuro-sciences. Si l’enjeu est celui de l’identification dans la relation mère-fille, il serait celui du modèle féminin dans la relation mère-fils ; à chaque sexe ses difficultés et ses spécificités !
L’auteur esquisse les étapes du grandir : entre recherche de proximité voire de fusion, puis celle d’une distance prise par l’apparition de la pudeur ; L’étape ultérieure sera celle de la séparation à l’œuvre dans le processus d’adolescence pour permettre l’autonomie, pétrie de la dimension du travail de subjectivation.
La troisième partie est consacrée aux inter-relations du fils avec les différents partenaires de la famille, sur un fond de question ardente : « à quoi servent les mères ? » ; A. Braconnier y répond par la nécessité d’un rôle qui évolue au fil du temps puisque la mère restera mère pour la vie… Elle passera de sa fonction de protection, à la dimension de pouvoir contenir et punir. Sa place ne sera acquise qu’à la condition expresse de partager l’éducation avec le père. Et il va sans dire que la composition de la fratrie va influencer le fonctionnement familial. Il n’est pas égal de naître garçon et fils unique, avoir des frères et sœurs ou grandir seulement avec des frères.
Le modèle des familles d’aujourd’hui est questionné, tant les familles nucléaires (mais que devient le père ?) que les familles recomposées (que faire de ces deux mères ?).
La dernière partie est consacrée à l’exposé des motifs de consultation pédo-psychiatrique et à la prise en charge proposée : c’est tout le champ de la psychopathologie infanto-juvénile qui est ici convoqué au travers de scènes de la vie quotidienne.
La lecture de cet ouvrage est riche de références théoriques, d’illustrations cliniques. Il reste un ouvrage grand public, à la manière d’un guide pour s’initier au plaisir de la compréhension de la relation mère-fils, de l’enfance en passant par l’adolescence.