Ce texte, préfacé de façon émouvante par la compagne de S. Stewart, Joyce Mac Dougall, est composé de deux parties ; la première repend un texte publié en Français en 1950 sous le titre « nous sommes restés des hommes » (en anglais Give us this day), qui à l’époque avait été refusé aux USA, semble-t-il pour des raisons politiques.
La réédition d’aujourd’hui est complétée de quelque articles du psychanalyste qu’était devenu Sydney Stewart, consacrés pour l’essentiel à des cas cliniques dans lequel le concept de « trauma » est central et dans lesquels sa propre expérience du traumatisme a permis dans le jeu contre-transférentiel un déroulement de l’analyse et l’évolution des patients.
Mais le texte original, Les mémoires de l’inhumain, comme un « Primo Lévi » américain, sont un témoignage de ce que l’homme peut faire à l’homme ; certes en extrême orient il n’y eut pas de chambres à gaz durant la Deuxième Guerre mondiale mais il y eut bien des camps de travail et d’internement aux conditions mortifères, et des marches de la mort. Il y eut cette découverte incroyable pour des jeunes gens qui n’y étaient nullement préparés de la sauvagerie et de la barbarie dont l’être humain est capable. Plus encore que Freud, pourtant sans illusion, surtout après 1920, ne l’avait pensé et théorisé. Ce texte vient opportunément nous rappeler la mondialité de l’horreur tout en nous montrant par son existence même la capacité de l’homme à survivre, à créer et sublimer.