… Une femme psychanalyste à la rencontre d’une autre femme, psychanalyste, elle aussi…
L’auteur nous propose de cheminer avec elle de façon très vivante à la découverte de cette pionnière de la psychanalyse que fut Lou Andréas Salomé. Elle nous fait partager son admiration pour celle-ci dans un ouvrage très documenté qui capte l’attention et se lit avec facilité. On se laisse guider dans le tissage habile des très nombreux extraits de texte de Freud et de Lou Andréas Salomé, même si l’on reste parfois interrogatif à propos des interprétations qui sont données sur les deux protagonistes.
Ce livre, réécriture d’une recherche universitaire, est organisé autour de trois parties principales. Dans la première partie, A. Verougstraete nous emmène « à la rencontre de deux destins », ceux de Lou Andréas Salomé et Sigmund Freud, elle tente une étude comparative de leurs parcours et analyse leurs échanges à propos de Nietzsche et de Rilke. Dans la deuxième partie, il sera question de la défense de la cause psychanalytique et de la question du féminin, l’anal et le sexuel, puis du travail sur le narcissisme, tous écrit avant 1922. Enfin, dans la troisième partie la question du féminin s’appuiera sur les écrits après 1922 (congrès de Berlin et période où les liens avec Anna Freud se resserrent).
Après leur rencontre au congrès de Weimar en 1911, une amitié « amoureuse », inaugurée par le rire de Freud à propos de l’enthousiasme de Lou pour la psychanalyse, s’installe entre eux. Malgré quelques rencontres, dont celles qui se situent à la Berggasse19 (1912 et 1921) et qui furent des moments charnières dans leur travail partagé, il y eut essentiellement des échanges épistolaires entre eux.
Anne Verougstraete nous montre Lou batailler avec fermeté mais révérence avec Freud à propos du féminin. La question du féminin et surtout la question de la particularité du féminin dans le travail de la pensée animeront de nombreux échanges. Dans ce milieu masculin de la psychanalyse à ses débuts, Lou Andréas Salomé va avoir une position tierce, enveloppe contenante du groupe Viennois et une attitude de médiatrice aussi. Son amitié avec Anna Freud la rapproche encore du père de la psychanalyse. L’auteur nous incite à constater le profond respect de Freud pour cette femme brillante intellectuellement et séduisante à bien des égards.
Après avoir lu ce livre, on est tenté par la lecture ou la relecture des écrits de Lou Andréas Salomé comme par exemple cette très belle « Lettre ouverte à Freud » qu’elle écrivit pour le soixante-quinzième anniversaire du « Maître », mais aussi par un livre déjà ancien de H.F. Peters : « Ma sœur, mon épouse ». Cette biographie de Lou Andréas Salomé, par ce professeur de littérature Allemande aux Etats-Unis, évoque entre autre la profonde influence de cette femme sur Nietzsche et Rilke, dont elle fut la maîtresse par ailleurs.