Éclairer les mécanismes de l'identité féminine à partir du regard qui est celui d'un homme, tel est le paradoxe initial de ce livre qui vise un large public intéressé par la thérapie familiale psychanalytique. Certes, il est une part de féminin en l'homme, ce qui favorise la compréhension et l'empathie, mais quelque chose de la femme reste irrémédiablement inconnu. Néanmoins c'est en rapport à l'autre, du sein de la différence que l'identité s'affine et se construit, sans que l'emprise inhérente au désir puisse être totalement réductible.
Alberto Eiguer défend une théorie dualiste qui se distingue du monisme freudien centré sur le seul pénis. Castration phallique et "castration vaginale" se répondent, et c'est l'idée de lien à l'autre qui importe. La première partie de l'ouvrage étudie la construction de la différence et s'interroge sur l'émergence de la conscience féminine, et notamment sur l'identification au féminin de la mère. La deuxième partie s'attache aux destins du féminin, de la rencontre à la maternité mais aussi au choix de la solitude. L'auteur y critique la mythologie de la domination, qui engendre nombre de malentendus dans les couples modernes, alors que le plus souvent les conflits du couple traduisent des problèmes identitaires chez les conjoints. Lorsqu'ils servent d'arme contre l'autre, les mythes amplifient les difficultés ; mais ils peuvent être constructifs s'ils synthétisent une réciprocité et des fantasmes partagés. Sous le titre de "Dérives du féminin", la troisième partie décrit de manière quelque peu caricaturale des configurations féminines marquées par l'histrionisme, le comportement passionnel, la crainte d'être envahie ou encore la volonté de former l'autre comme dans le mythe de Pygmalion. Délibérément schématique, ce livre donne un accès non technique et parfois suggestif à nombre d'aspects de l'expérience féminine telle est est perçue et vécue dans la relation entre hommes et femmes.