C’est à partir de textes de plusieurs conférences ou de publications que Bernard Golse nous entraîne dans des réflexions sur ce qu’est pour lui « L’être bébé ».
Après avoir fait un tour d’horizon sur ce qui, depuis quelques années, a constitué l’essentiel des recherches en psychiatrie du bébé, psychanalyse et psychiatrie périnatale, il nous donne largement son point de vue de psychanalyste et pédopsychiatre, dirigeant depuis de nombreuses années un service renommé.
B. Golse ne se contente pas d’informer, il prend partie dans le vif débat qui oppose les tenants d’une psychanalyse et d’une psychiatrie périnatale et leurs opposants.
Après avoir affirmé qu’il considère l’étude du bébé comme « l’exploration d’un monde nouveau », B. Golse partage avec d’autres auteurs la conviction que le corps de celui-ci est » la voie royale » d’accès aux processus de « psychisation ». Un développement sur les acquis de la psychiatrie du bébé fait suite à ce constat. Il parle d’une » révolution » dans la façon de penser le bébé.
Il consacre une première partie de son livre à tracer un chemin entre la psychanalyse, la théorie de l’attachement et la phénoménologie par rapport au bébé, posant la question de savoir s’il peut y avoir « une psychanalyse du bébé qui ne soit pas phénoménologique » ! Ceci étant posé, il peut dans une deuxième partie, s’intéresser aux problématiques actuelles à propos du bébé. Le bébé sait-il penser, c’est-à-dire a-t-il la possibilité de « cocréer le monde avec la mère », de jouer, de « co-construire les affects », de transférer ? L’auteur aborde la question des différents types de thérapies conjointes parent(s)-bébé et celle, sujet à controverse, de l’observation directe. Puis, la question du père intervient, qu’il envisage sous l’angle du processus. Il parcourt ensuite les données actuelles de la psychopathologie du bébé et singulièrement ce qui concerne l’autisme infantile. Dans une troisième partie, il aborde la question de la musique, langages et transmissions, nous exposant aussi la très intéressante recherche PILE mise en route dans son service et qui concerne les précurseurs corporels et interactifs de l’accès au langage verbal.
Son véritable plaidoyer pour l’approche psychanalytique des bébés rejoint ceux pour qui celle-ci permet un élargissement de l’action psychanalytique vers des « horizons théorico-cliniques nouveaux ».
B. Golse jette aussi les bases, grâce aux recherches actuelles sur les précurseurs du langage verbal, d’un néo-structuralisme, structuralisme des processus dynamiques, précise-t-il.
C’est un « Être bébé » envisagé sous des angles multiples auquel nous invite B. Golse. Les protagonistes qui travaillent auprès des bébés trouveront dans ce livre de nombreux sujets de réflexion, de même que les psychanalystes d’adultes qui s’intéressent au bébé réel aussi bien qu’au bébé reconstruit dans l’après-coup.