Professeur émérite de l'université Paris V, psychiatre et psychanalyste titulaire de la SPP, Bernard Brusset réussit un tour de force : présenter dans le format d'un "Que sais-je ?" l'historique et les caractéristiques des psychothérapies, dans la spécificité de chaque méthode, mais sans relativisme. Il montre d'abord l'autonomie progressive de la psychothérapie, liée à la découverte des pouvoirs de la suggestion hypnotique, puis le passage de l'hypnose à la psychanalyse, insistant sur la psychanalyse comme traitement caractérisé par la pratique de l'interprétation des conflits infantiles refoulés actualisés dans la relation de transfert.
Cette définition sert de pierre de touche dans l'évaluation de la distance entre les diverses psychothérapies et la psychanalyse. Place est faite à Ferenczi, Jung, Adler, Graddeck et aux premières formes de psychosomatique. Le chapitre III, central, étudie la façon dont les psychothérapies psychanalytiques ont pris place dans la pratique des psychanalystes, dans un élargissement considérable des indications des traitements psychanalytiques. L'historique, de Knight et Alexander jusqu'à Mélanie Klein, Winnicott et Bion, précède une mise en évidence des bases théoriques communes aux psychothérapies et à la cure classique : maintien du cadre théorique et des règles fondamentales de la psychanalyse, avec pour but non pas directement la disparition des symptômes mais l'appropriation par le sujet de sa vie psychique inconsciente au cours d'un processus et d'un travail spécifiques. La psychothérapie doit se rapprocher le plus possible, d'emblée ou secondairement, des mêmes invariants fondamentaux que la psychanalyse ; la spécificité relative des processus psychothérapiques tient à la moindre fréquence des séances et à la perception visuelle de l'analyste, contenante et étayante, qui met en jeu la communication non verbale, posturale et mimique, ce qui active de façon sélective certains niveaux de régression et de transfert. Sont ensuite présentées et évaluées à l'aune de ce critère les formes particulières de psychothérapie psychanalytique – psychothérapies d'enfants, psychothérapies de soutien (Kernberg), psychothérapies brèves, psychodrame psychanalytique, psychothérapies de groupe, psychothérapies des psychoses et psychothérapies institutionnelles.
Le chapitre IV est consacré au foisonnement des psychothérapies non psychanalytiques, classées selon leur date d'apparition et caractérisées avec précision dans leur historique, leurs objectifs et leurs méthodes ; l'auteur indique à l'occasion leur parenté ou leur éloignement par rapport à la psychanalyse, ou la façon dont les psychanalystes peuvent utiliser certains de leurs apports (par exemple le psychodrame de Moreno, ou certaines conceptions systémiques). L'évolution actuelle des psychothérapies peut être schématiquement résumée par trois types de références : la psychanalyse freudienne pour les nombreuses formes de psychothérapie psychanalytique, le behaviourisme et les cognitivismes pour les thérapies comportementales et cognitives et la tradition humaniste et existentielle, souvent éclectique. L'empirisme est favorisé par la pression sociale croissante pour le maximum d'efficacité thérapeutique sur les symptômes à faire disparaître et l'adaptation sociale à restaurer. Le propre des psychothérapies psychanalytiques est d'analyser autant que possible les conflits intrapsychiques que le transfert actualise, en utilisant pour cela la fonction tierce du cadre ; elles sont donc des mises en œuvre de la méthode psychanalytique et non des extensions secondaires.