Gérard Bonnet se propose ici d’étudier l’origine, la signification, et ce à quoi correspondent ce qu’il appelle les idéaux fondamentaux :la beauté, la tendresse, l’idéalisation de la vérité, la fidélité, la vie humaine. Il rappelle que Freud considère que le plaisir apporté par l’idéal est d’ordre sexuel, et qu’il en fait même un objet sexuel au sens propre du terme. L’idéalisation est le fruit d’une expérience inconsciente très précoce, source d’un plaisir intense, et elle est de l’ordre de l’affect. A double tranchant, elle peut entrainer l’amour ou la haine des idéaux, l’un et l’autre procurant inconsciemment du plaisir. A l’adolescence, l’enfant est confronté à une poussée à l’idéalisation très intense ; c’est « une exigence absolue » (J Kristeva) qui lui permets de s’arracher à ses parents et de rencontrer l’être idéal, mais qui peut s’inverser dans son contraire : la violence destructrice. Pour Gérard Bonnet, l’idéalisation est possible si à l’occasion d’une rencontre, d’un évènement, d »une expérience, il y a éveil d’une attente refoulée et impensable. Le sujet retrouve dans le réel des équivalents de l’affect d’amour perdu .L’adolescent peut vivre à travers les idéaux la réalisation d’un fantasme de ré engendrement incestueux : retourner dans le sein maternel et se ré enfanter comme un être nouveau et merveilleux, animé et guidé par les idéaux que la mère a incarnés.
D’où la proposition de considérer l’idéalisation comme une troisième forme de sexualité manifeste au même titre que la sexualité génitale et la sexualité prégénitale. C’est la sexualité idéale ou passionnelle : elle est fondée sur une poussée constante, représentée par le surmoi ou l’idéal du moi ; elle a une base spécifique représentée par le moi idéalisant ; elle a pour but des jouissances au moins aussi variées que la sexualité pulsionnelle et pour objets des objets idéaux qui dans l’inconscient sont des objets sexuels. Cette sexualité transcende et dirige les autres formes de sexualité.