Martin Joubert nous propose un livre courageux. Alors qu’un vent de fronde souffle à propos du traitement des enfants autistes, il en défend l’approche psychanalytique.
Dans un premier temps, il revisite l’histoire de cette pathologie avec ses diverses approches et rend compte de manière vivante et claire de l’état des lieux de l’autisme.
L’auteur dans un va et vient constant entre théorie et clinique explore la réalité du vécu des parents et des thérapeutes confronté à la pathologie de ces patients. Et il donne à voir combien ceux-ci sont pris dans l’adhésivité du patient.
En psychanalyste, Martin Joubert livre son contre-transfert dans un travail approfondi. Il souligne cette capacité particulière des enfants autistes à susciter chez ceux qui les entourent ou tentent de les soigner, des fantasmes de mort particulièrement envahissants et nous entraîne dans une réflexion sur ce que l’analyste vit des projections du vécu corporel de l’enfant. Face à cet enjeu de contrainte projeté par l’enfant, il Insiste sur le travail nécessaire pour le thérapeute, d’un retour réflexif sur les risques de sadisme ou de masochisme.
L’auteur montre son travail avec l’enfant dans toute son humanité, ne laissant rien sous silence - ni ses irritations, ni son questionnement, ni ses interventions parfois surprenantes. S’exposant à la critique de ceux qui n’ont pas vécu la grande difficulté de ce type de traitement. Il cherche, s’interroge tente des voies pour ne pas « sombrer » dans l’immuabilité inconsciemment recherchée par le patient et souligne le risque constant d’un blocage de la pensée chez l’analyste. L’enfant en s’attaquant à tout ce qui fait lien dans son psychisme, tend à court-circuiter les traces de ses éprouvés premiers d’une détresse sans recours.
La question se pose alors du choix de s’affronter à une telle pathologie, qu’est-ce qui motive le thérapeute de tels enfants, se demande Martin Joubert ?
Il cite abondamment les auteurs qui l’ont aidé à structurer ses recherches psychanalytiques. On peut regretter, à ce propos, un recours trop fréquent à des références, la richesse de la réflexion personnelle de l’auteur n’en demanderait peut-être pas autant.
Ce livre, par son exhaustivité, devrait intéresser tous ceux qui de près ou de loin ont à voir avec cette pathologie autistique ainsi que les étudiants en psychologie ou psychanalyse. Etant donné la gravité du sujet, on est étonné de lire avec une certaine facilité cet ouvrage dont le sérieux ne vient jamais lasser le lecteur grâce, entre autre, aux exemples cliniques finement analysés et aux liens que fait l’auteur avec la littérature et la peinture. Toutes allusions à l’art qui permettent aux soignants de se dégager de l’emprise de la pathologie autistique.