Cet ouvrage rend compte du Colloque Interne de la SPP en 2006 qui proposait de réfléchir au destin des récits de rêves en séance. Bernard Chervet dans une large introduction reprend et élabore la question de l’inscription psychique ainsi que le modèle du rêve. Il remet en perspective le travail du rêve et celui du transfert sur l’objet analyste. Il questionne l’apport des rêves à des fins thérapeutiques et la place des récits de rêve dans le discours de séance ; cheminant ainsi il souligne la place insistante du rêve dans toutes les scènes de la vie psychique.
Christine Jean-Strochlic, résume brillamment ce qui fait l’essentiel des nombreuses interventions de ce colloque dont voici un aperçu très succinct : le rêve entre le dedans et le dehors de l’appareil psychique, est l’axe du transfert et le lien avec le contre-transfert, entre autres, pour Jean Guillaumin. Françoise Coblence interroge la place de l’affect, tandis que Germaine de Bissy voit en l’analyste une « mère d’accueil » qui accepte la non figurabilité. Emmanuelle Chervet développe l’idée d’un mouvement régrédient dans l’articulation et la condensation des strates historiques différentes et la partition entre les précurseurs des processus primaires et secondaires. Marina Papageorgiou évoque le désir du dormeur de retrouver un sommeil sans rêves. Pour Laurent Danon-Boileau c’est l’interprétation qui engendre la subjectivation de l’affect. Dans un très beau texte, Manuela Utrilla Robles fait parler les ombres, elle explore le rêve et le rêveur à la découverte de l’objet qui se cache derrière l’ombre. C’est la co-construction du travail sur le rêve du patient qui intéresse Claude Janin et cet espace intermédiaire où peut se jouer une partie entre les deux personnes en présence. La dimension de lutte contre la mort dans le travail du rêve à travers l’étude de la survie du féminin, tel est le point de vue de Bianca Lechevalier qui rapproche aussi contes et rêves liés par le langage tout en posant la question de la lutte contre l’inhumain. Narcisse à deux, nous dit Augustin Jeanneau. Les cauchemars des enfants sont évoqués par François Kamel, à partir d’un cauchemar de l’analyste. C’est leurs destins qu’interroge Sara Botella qui insiste sur l’intérêt d’étudier deux psychismes au travail. Enfin Jacques Angelergues fera un parallèle entre dessin et récit du rêve dans la séance de l’enfant dans la continuité du travail de René Diatkine.
Avec le talent qu’on lui connaît pour sillonner l’œuvre de Freud dans tous les sens, Bernard Chervet rend la tâche difficile à qui a la mission de faire un résumé de son écrit. La force vive de cet ouvrage me semble être contenue dans la diversité des interventions qui permet de créer un tableau, à plusieurs, sur la question du rêve en séance et touche le lecteur par la diversité des approches individuelles sur la question. On voit des personnalités très différentes à l’ouvrage marquer de leur « patte » les couleurs et les formes d’un tel sujet.