L’auteur rappelle ici, par ordre chronologique, les auteurs qui, dans le champ de la psychanalyse, se sont penchés sur cette notion à partir de Freud. Tout au long de l’ouvrage, D.Houzel apporte également sa propre conception de l’enveloppe psychique, en s’appuyant sur celles de ses prédécesseurs.
Le concept d’enveloppe psychique, permet de décrire et de comprendre certaines organisations psycho-pathologiques, leur genèse, leur fonctionnement.
On a ainsi découvert des substituts d’enveloppe dans certains dysfonctionnements, comme le « faux self » décrit par Winnicott.
En retour, ces découvertes ont permis de comprendre le fonctionnement normal, résultat d’une enveloppe psychique de bonne qualité.
La notion d’enveloppe psychique, nous dit D.Houzel, trouve des applications pratiques dans les cures psychanalytiques et psychothérapiques, concernant en particulier le cadre qui peut être considéré comme ayant la fonction d’une enveloppe.
« Le cadre, en effet, est, pour le processus analytique, ce qu’est l’enveloppe psychique pour le processus de croissance psychique ». D.H.
Après cette introduction, l’auteur rappelle la notion commune à tous les modèles d’enveloppes : la limitation entre un dedans et un dehors.
D.Houzel suit tout d’abord le modèle mathématique pour décrire l’enveloppe psychique et son fonctionnement. Quittant la métaphore, il précise sa pensée en insistant sur la nécessaire qualité de stabilité structurelle de l’enveloppe ainsi que les différents « niveaux de stabilité » du fonctionnement psychique.
Poursuivant sa réflexion, et repoussant l’idée d’une conception statique de l’enveloppe psychique, D.Houzel en propose une conception dynamique.
Il décrit « une enveloppe feuilletée » composée de 3 feuillets :
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a : la pellicule. Elle ne trouve sa stabilité que si la rencontre avec l’objet (« la réalisation » selon Bion) a lieu en temps voulu.
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b : la membrane. C’est sur elle que s’inscrivent les traces de la rencontre.
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c : l’habitat. Il est le résultat de ce qui précède, une enveloppe psychique constituée, avec la construction des limites du Soi et le sentiment d’identité.
L’auteur nomme ensuiteles modèles d’enveloppe « effractée » ou déshabitée, avant de définir les propriétés de l’enveloppe psychique.
A cette étape de l’ouvrage, « les sources freudiennes » sont alors plus précisément évoquées.
En introduisant ce long et riche chapitre, D.Houzel rappelle que les psychanalystes se sont longtemps penchés sur le contenu du psychisme plutôt que sur son contenant.
Il va reprendre les textes de Freud, depuis « L’esquisse » jusqu’à « L’abrégé de psychanalyse », pour mettre en évidence la présence du concept d’enveloppe psychique dans l’œuvre de Freud.
C’est tout d’abord le Moi, structure « limitante » qui, avec sa qualité de stabilité, s’en rapproche.
Dans « L’esquisse », Freud définit le Moi comme frontière entre monde intérieur et monde extérieur, et ayant la fonction de pare-excitation.
Après « L’esquisse » sont cités les collaborateurs contemporains et les successeurs de Freud, parmi lesquelsG.Jung, en rappelant que Freud écrit « Pour introduire le narcissisme » dans un moment conflictuel avec ce dernier.
A la même période est rédigé « Deuil et mélancolie ». Le tournant vers la 2ème topique est amorcé, et avec lui, le centre de gravité se déplace du contenu du psychisme vers le contenant. Il est question de l’étayage corporel du Moi. On trouve ici E.Bick et D.Anzieu.
Suivant toujours le corpus freudien, avec l’écriture du texte « Le Moi et le Ca », c’est la délimitation de l’appareil psychique qui est définie. Federn parlera du noyau et des frontières du Moi ; J.Lacan de l’étayage corporel du Moi.
D.Houzel poursuit la construction chronologique de son ouvrage en évoquant ensuite longuement M.Klein : il rappelle la théorie du « Moi précoce » et des mécanismes de défense.
Viennent ensuite les psychanalystes « post-Kleiniens ». L’auteur fait une part plus large à D.Winnicott avec le concept de « holding ».
Un chapitre est tout entier réservé au travail de D.Anzieu, qui a élaboré le concept de « Moi-peau » en l’étayant tout d’abord sur la théorie freudienne du « Moi », puis sur les travaux de Winnicott concernant le « holding » et le « handling » ; enfin, sur ceux de Bowlby, auteur de la théorie de la pulsion d’attachement.
D.Houzel émet quelques critiques à l’égard deD.Anzieu, mais il s’appuie sur sa notion d’un « Moi » à 2 feuillets pour développer sa propre conception : une enveloppe à 3 feuillets, en rapprochant leurs positions respectives.
D.Houzel cite également les travaux d’E.Bick : il évoque les notions de « peau psychique » et de« seconde peau ».
C’est ainsi qu’il avance dans sa propre conceptualisation : l’une des propriétés de l’enveloppe psychique, selon lui, serait « l’orientabilité », ce qui suppose un espace à trois dimensions. Ce faisant, il se distingue d’auteurs comme G.Haag ou D.Meltzer qui ont parlé de « bidimensionnalité » de l’espace psychique.
D.Houzel postule en effet que « l’orientabilité de l’espace psychique est liée aux identifications paternelles ». Il nous dit : « …dans la cure d’enfants autistes, la sortie de l’adhésivité ne se fait pas par addition d’une troisième dimension à un espace qui n’en aurait que deux, mais plutôt par ouverture d’un espace recourbé sur lui-même… ».
Et plus loin : « L’interprétation de l’analyste a cette fonction d’ouvrir un espace recourbé sur lui-même. Pour cela, elle doit conjuguer les aspects maternels et paternels du contre-transfert en de justes proportions et élaborer sans relâche les dimensions maternelles et paternelles du transfert ». Ainsi considère-t-il comme une nécessité la notion de bisexualité psychique de l’analyste.
L’auteur nous parle ici du cadre psychanalytique, conçu comme ayant la fonction d’une enveloppe psychique. Il appuie son propos en citant à nouveau D.Anzieu ainsi que plusieurs autres auteurs.
Ce chapitre fait l’objet d’une illustration clinique, puis d’une élaboration élargie de la notion d’enveloppe.
La conclusion de D.Houzel nous invite à revenir sur le mouvement qui s’est opéré au cours des années : en lien avec l’évolution des pathologies plus massives prises en charge, après s’être essentiellement intéressés au contenu du psychisme, les psychanalystes se sont penchés et se penchent encore sur son contenant.
Cet ouvrage offre l’intérêt d’un rappel chronologique clair et précis des auteurs qui ont étudié le concept d’enveloppe psychique. L’auteur y introduit sa propre conception, tissée sur la trame de ses prédécesseurs. Le nombre important des auteurs cités témoigne de l’importance accordée à ce concept.