Cet ouvrage collectif examine la position de la psychanalyse dans le monde actuel et comment l’adapter aux besoins et demandes changeantes sans en renier ses origines. C’est aussi la question dans un monde d’opérationnalité, de rapidité et de mécanicité : comment intéresser l’individu à sa vie psychique et prendre du temps. Si la psychanalyse perd sa capacité d’adaptation elle est mortelle, si, par contre, elle garde la créativité et l’évolutivité elle reste vivante ce qui se traduit par les controverses, le potentiel de transformation dans la métapsychologie et un plaisir caché de l’analyse. Penser les changements dans la société permet de contrecarrer un enfermement qui conduirait à une idéologie et donc à sa mort.
Un autre point est comment peut-on entendre l’urgence d’une souffrance aigue et la revendication de la rapidité de traitement. En proposant un espace de contact avec soi, une relation authentique et d’écoute, une mise en suspend du temps, la psychanalyse permet être salvatrice dans un contexte déshumanisant et destructeur. L’expérience d’un psychanalyste dans une école de commerce parisienne, recevant des étudiants du monde entier, montre qu’il est possible de rester analyste et de pouvoir aborder des patients qui sont dans l’action, la performance et très loin de toute élaboration psychique.
La psychanalyse dans une société en changement où les repères et la temporalité s’effacent, est censée donner du sens. Différente de la cure type, la pratique analytique, notamment en institution, ne perd pas de sa noblesse. Les modalités de travail y aboutissent à des nouvelles voies thérapeutiques arrimées à la métapsychologie freudienne. Le psychanalyste en institution a la possibilité de susciter et l’intérêt des équipes soignantes et des patients pour la vie psychique.
Au total : Bien que la résistance contre la psychanalyse ait existé dès sa création – surtout par rapport à l’inconscient, la castration et la toute-puissance humaine – elle résiste toujours malgré sa mort annoncée et sa quasi-disparition du champ de la psychiatrie et du DSM.
Rénate Eiber (octobre 2019)