Comme pour les numéros précédents il s’agit d’un choix de textes publiés dans L’International Journal of Psychoanalysis en 2009 ; cette année la rédaction est sous la direction de Louis Brunet (Canada) dans la suite de Florence Guignard. Ce numéro comporte trois parties, l’analyste au travail, Théorie et technique et, Formation psychanalytique.
Dans la première partie c’est Ann G. Smolen (USA) qui ouvre le débat avec son travail intitulé Réservé aux garçons ! Interdit aux mères ! Elle propose un riche exposé clinique de cure d’enfant soulevant des questions tout à fait actuelles, tant sur le plan de la défaillance des liens précoces consécutive à des configurations traumatiques , que sur le plan du contexte de l’adoption et de l’homoparentalité, comportant des enjeux transféro-contre-transférentiels bien particuliers dans la cure .Ce travail clinique est ensuite discuté dans une perspective très fructueuse, à la fois par Viviane Abel Prot( France, APF) par James M. Herzog(USA), et, par Virginia Ungar(Argentine).
La seconde partie de ce numéro comporte plusieurs contributions. Celle d’Anna Ferruta (Italie) intitulée « La réalité de l’autre : rêver de l’analyste » envisage à partir du matériel onirique d’une cure, le problème de la réalité de l’autre. Rêver de l’analyste, en début de cure et après un travail d’élaboration marque la transformation que le travail de la cure facilite. Ainsi on repère la différence entre un moment de cure où le processus de maturation n’est pas encore installé et un moment ou travail analytique permet l’accès privilégié au monde interne du patient.
L’article d’Anette Blaya Luz(Brésil) « La vérité comme moyen de se développer et de préserver un espace de pensée dans les esprits du patient et de l’analyste » à partir du matériel d’une cure de patient border line, envisage la nécessité pour l’analyste de s’appuyer sur la théorie et de proposer des aménagements de cadre dans de telles configurations. Ceci afin de maintenir l’authenticité, la vérité, du lien dans le couple analytique.
Avner Bergstein (Israël) dans son texte « De l’ennui : une rencontre intime avec des parties encapsulées de la psyché » suggère une approche psychanalytique de l’ennui chez l’analyste. Celle-ci est issue de matériel clinique de la constellation autistique qu’il s’agisse d’autisme ou de barrière autistique chez les patients névrosés. Le vide, la désolation, l’objet interne mort, « l’aire stérile du manque » autant d’éprouves que l’analyste doit être en mesure de supporter sans quoi le risque serait de se fourvoyer dans une réanimation artificielle et forcée. C’est à partir de cette expérience partagée que peu à peu la transformation peut avoir lieu.
Alessandra Lemma(UK) considère dans son texte intitulé « Etre vu ou être regardé ? Une perspective psychanalytique sur la dysmorphophobie » les difficultés posées par la dysmorphophobie, symptôme d’un narcissisme en souffrance. L’image corporelle, l’importance du regard est ici examinée très attentivement dans une approche bifocale : théorico-clinique.
Danilelle Quinodoz(Suisse) dans « Vieillir, le regard d’une psychanalyste » explore la richesse de la cure de la fin de vie. A partir de matériel clinique, elle examine les spécificités de la vieillesse, du vieillir. Elle définit la seconde d’éternité (terme emprunté au poète, J. Prevert), comme un moment privilégié susceptible de permettre un échappement face au déroulement du temps chronologique. Dans la cure « la seconde d’éternité » peut laisser la place au temps figé, et constituer une aide précieuse.
Et enfin Mireille Ellonene-Jequier (Suisse) se penche sur la clinique de la psychose, du vide dans son article « L’analyse de la création du « vide », du « rien » dans certaines formes de psychoses ». Elle décrit les distorsions du moi inhérentes à ces configurations (morcellement, vide, fusion, désintégration…). Cette prise en compte permet dans le travail analytique des ouvertures du coté de l’élaboration.
Dans la dernière partie de ce numéro, Glen O. Gabbard (USA) et Thomas Ogden (USA) proposent une contribution tout à fait intéressante « Devenir psychanalyste ». Ils insistent sur les expériences maturatives nécessaires à la spécificité et à la créativité de chaque analyste.