Vous désirez faire le tour de la question de l’angoisse ? C’est ce que nous propose V. Kapsambelis dans ce petit ouvrage à la fois concis et exhaustif. Nous apprenons ainsi, au travers d’une approche historique et philosophique, que ce n’est qu’à partir de la fin du 19ème siècle que l’angoisse devient un terme technique en psychopathologie, progressivement distingué de la peur puis caractérisé comme « une peur sans objet », différemment aux phobies.
Un chapitre consacré à l’angoisse dans la clinique traite de la sémiologie des troubles anxieux classifiés en 3 registres : le syndrome physique « qui témoigne d’une mobilisation généralisée du système neurovégétatif.. », le syndrome mental, qui se traduit par des sentiments tels que l’effroi, l’indécision, l’attente d’inconnu qui traduisent l’inefficacité de l’angoisse à trouver ce dont elle est en quête : un objet auquel s’arrimer qui lui permettrait de se transformer en peur de… ou en phobie, le syndrome comportemental dans lequel se distinguent deux grandes formes cliniques : les crises d’angoisse ou « attaques de panique » et l’état d’angoisse chronique ou d’« anxiété généralisée ». L’auteur nous fait parcourir l’histoire très intéressante des entités nosographiques des troubles anxieux en partant de la névrose (mot créé par William Cullen, 1777) en passant par Charcot, Pinel, Herman Oppenheim et la névrose traumatique, par Freud qui fait de l’angoisse l’épicentre des phénomènes psychopathologiques et distingue alors névroses actuelles dont la névrose d’angoisse et psychonévroses pour en arriver à partir de 1980 au DSM 3 puis au DSM4. L’auteur présente quelques « grandes angoisses » et éclaire notre réflexion quand il propose de penser l’angoisse névrotique comme une angoisse de l’avoir ou angoisse de l’accès à l’objet du désir, l’angoisse psychotique comme angoisse de l’être et l’angoisse dépressive comme celle de la perte d’objet : perte de l’objet du désir.
Puis, de façon simple et instructive, V. Kapsambelis étudie l’angoisse du point de vue biologique, en particulier les structures cérébrales impliquées et les circuits peur/anxiété, du point de vue psychanalytique en examinant les deux grandes théories freudiennes de l’angoisse et quelques contributions de ses successeurs, et du point de vue cognitivo-comportemental en étudiant l’historique de ses hypothèses et de ses modèles psychopathologiques. Il termine son ouvrage par un chapitre traitant des différentes thérapeutiques possibles : médicamenteuses, psychanalytiques, cognitivo-comportementales ou corporelles « particulièrement bien indiquées dans les troubles anxieux, notamment lorsque le sujet se montre peu accessible à la verbalisation et donc au travail psychothérapique.»
Oui, nous voyageons et découvrons beaucoup dans ce petit livre.