La sublimation, qui pour Freud, avec le refoulement et l’identification, participe à l’édification du fonctionnement psychique, est restée un concept qui pose question.
A la fois destin pulsionnel et activité culturelle, c’est ce double aspect qui a été interrogé au cours d’un colloque organisé par le Groupe toulousain de la SPP. Ce groupe réunissant de nombreux participants, il est impossible de rendre compte des diverses communications, toutes intéressantes.
Parmi les contributions théoriques, citons celle de Paul Denis qui étudie l’objet de la sublimation dans l’économie psychique. Se référant à sa théorie sur les deux formants de la pulsion (emprise et satisfaction), l’appareil d’emprise étant le moyen de relier les zones érogènes avec l’objet de la pulsion, il considère le formant d’emprise comme étant l’axe du mouvement sublimatoire.
Jacques Miedzyrzecki discutant la communication de Paul Denis pose la question de la dynamique conflictuelle au sein même du processus sublimatoire, qui peut conduire à des désublimations. Il pose également la question du lien entre le processus sublimatoire et l’activité de l’analyste.
Pierre Decourt insiste sur la « dimension violente inhérente à toute aventure sublimatoire » qu’il illustre par un fragment clinique et une nouvelle d’Edgar Poe. Marc Babonneau discute ce texte en insistant sur la place de la sublimation dans le monde actuel.
Jean Guillaumin nous invite à relire « L’esquisse » sur la question de l’investissement et du désinvestissement de l’énergie. Il rappelle que le désinvestissement est fonction des problématiques externes et pas seulement internes, la sublimation étant une tentative de traiter les rapports entre le dehors et le dedans. Il rapproche la sublimation et la création qui créent « un objet extérieur supplétif ou topique externe du moi ».
Le versant culturel est traité par Jacqueline Chasseguet-Smirgel qui pose la question de la désymbolisation dans certaines créations contemporaines. Elle prend comme exemple Mishima dans le domaine littéraire et Joseph Beuys dans le domaine plastique. La sublimation impliquant la symbolisation, que penser des œuvres où l’écart entre le corps et la création est aboli ?