Ce livre est un aperçu particulièrement précieux pour le travail en situation analytique avec des personnalités mal structurées, très intolérantes à la solitude.
Après avoir défini l’angoisse de séparation, phénomène universel au fondement du sentiment d’identité, et passé en revu les théories de Freud et d’autres analystes, l’auteur
1) montre que l’angoisse de séparation se manifeste sous diverses facettes qu’il faut comprendre en fonction du contexte clinique. À la différence de la relation objectale, l’angoisse de séparation menace l’intégrité du moi chez des patients ayant une relation d’objet narcissique.
2) sur le plan technique, insiste, en se référant au concept kleinien de l’identification projective, sur le lien étroit entre cadre analytique et angoisse de séparation. En effet, l’angoisse de séparation, partie intégrante de la situation transférentielle, doit être interprétée surtout si la communication verbale est interrompue. L’angoisse de séparation peut être à l’origine de la réaction thérapeutique négative, sous-tendant le désir de faire un avec l’objet. L’acting-out peut prendre la signification de défense lors d’une séparation contre l’absence de contenant. La tolérance de l’angoisse de séparation est un des critères de la décision de la fin de l’analyse.
3) introduit ensuite le concept de la portance, défini comme gain d’autonomie, et qui implique l’introjection d’un objet bon et un objet contenant. La perception conjointe de l’espace et du temps permet l’émergence du sentiment de portance qui se traduit par la capacité du moi de se soutenir indépendamment de l’objet. La tolérance de la solitude favorise le sentiment d’identité, la créativité et la perception de l’objet différent de soi. Le travail analytique vise donc à instaurer ce sentiment de portance dont l’acquisition constitue un critère de fin de l’analyse.