Ce texte est celui de la conférence prononcée par Georges DEVEREUX en 1964à l’occasion de son admission comme membre adhérent à la SPP. A ce titre il comporte un double intérêt : théorique et historique. En 1964, Georges DEVEREUX est de retour des Etats-Unis où, ayant tenté d’articuler la psychanalyse à l’ethnologie, il vient de publier « Psychothérapie d’un indien des plaines » ; texte qui le rendra célèbre.
La thèse ici développée, est celle d’un fantasme de persécution lié à la conviction de la possession d’une identité. Celui-ci aurait pour corollaire le renoncement à toute identité (psychose) ou bien la constitution d’une fausse identité (faux self). On reconnaît, à ces thèmes, certaines préoccupations théorico-cliniques de cette époque autour de l’identification des états-limites et de la fonction sociétale de la folie.
L’effort de l’auteur pour conférer à l’identité un statut métapsychologique semble avoir pour contrepartie la mise à l’écart des problèmes posés par la compulsion de répétition. L’analyse, dans cette perspective, est assez nettement « éducative ». L’auteur, semblant tenir pour acquises des limites assez précises quand au normal et au pathologique, s’oppose ici très nettement, consciemment ou non, aux positions adoptées par FREUD dès l’abandon de la « Neurotica ». L’intéressant, est que cette position, avancée ici comme évidente, semble refléter un état commun de la pensée psychanalytique de l’époque, du moins à la SPP.
De ce point de vue, le cas clinique développé est surprenant. Chez ce patient à l’organisation narcissique très prégnante et ayant quelques agirs pervers de nature vraisemblablement fonctionnels plus que structurels, DEVEREUX pose, comme ne devant soulever aucune question, une succession d’interdits formels. Ceux-ci sont justifié d’un mot : « il s’agissait là d’un simple cas d’acting out » (« Acting in » ou « out » étant alors des préoccupations très présentes dans les débats théoriques).
Le questionnement contre-transférentiel est totalement absent de la réflexion clinique. Le déroulement de la cure semble cependant y survivre.
Quoiqu’il en soit, ce petit livre, truffé de références aux travaux antérieurs et si particuliers de DEVEREUX contient des idées originales, concernant par exemple le développement de l’infans ou bien le rêve et son écran. Il aborde les pathologies du narcissisme selon un angle inhabituel.