L’ouvrage est le premier volume de la réédition d’une partie de l’œuvre de M. Bouvet, qui rassemble les écrits originaux et les apports à la clinique psychanalytique de cet auteur.
Il comprend trois chapitres :
– Le Moi dans la névrose obsessionnelle. Relations d’objet et mécanismes de défense.
– La clinique psychanalytique : la relation d’objet.
– Dépersonnalisation et relations d’objet.
Dans son introduction, intéressante en elle-même, M. de M’Uzan insiste, à juste titre, sur le ton particulier de cet auteur et le travail approfondi de ses exemples cliniques sur lesquels prend appui la théorie. » Alliance d’exigence intellectuelle dominée par la raison et aptitude à se mouvoir dans les régions les plus ténébreuses de l’esprit….. » nous dit-il. On constate son admiration pour l’homme, disparu prématurément, et pour l’œuvre, ciblée sur certains sujets, qui reste purement psychanalytique mais qui peut toucher un cercle élargi de non spécialistes.
De cette œuvre importante, M. de M’Uzan nous donne en quelques mots le thème général : » Ses idées essentielles – qui portent en gros sur les systèmes de relation du sujet avec ses objets, sur les notions de distance et de rapprochement, sur la fixation et la régression considérées comme références nosographiques – ont été assimilées de telle sorte qu’elles sont devenues comme le bien commun ».
Maurice Bouvet nous entraîne dans ses réflexions à propos des relations du sujet dans le monde extérieur, dans le cas de la névrose obsessionnelle. Pour cela, il consulte de nombreux auteurs connus ayant écrit sur ce thème. Lui-même, à partir de son travail clinique, nous donne une étude approfondie de cette névrose. Dans tous les cas qu’il a connus, il souligne l’importance des troubles des relations objectales, la « technique obsessionnelle » assure toutefois une relation stable du sujet aux objets. Le sujet, dit-il, trouve une solution de compromis entre la nécessité de maintenir à distance les relations et le désir, malgré tout, de les maintenir. Le travail de refoulement, nous prévient-il, ne peut avoir lieu dans la névrose obsessionnelle. Par la projection, les sujets éprouvent l’autre comme ils sont et de ce fait ils en ont peur. Leur agressivité exprime autant d’amour que de haine. Les critères d’adaptabilité sont liés à la notion de faiblesse ou de force du moi. Il montre les interrelations entre l’état du moi d’un sujet, l’équilibre pulsionnel et les manifestations obsessionnelles. Il discute la question du stade auquel s’est fixé la libido de ces névrosés. Pour lui, il y a fixation à la phase sadique anale du développement, ce qui n’empêche pas, précise-t-il, l’apparition des difficultés de la phase précédente. Il souligne les rapports étroits entre états obsessionnels et psychose. Il nous propose un travail approfondi de clinique psychanalytique. Puis, il fait une longue étude des phénomènes de dépersonnalisation, à partir d’un très long exposé clinique, où l’on retrouve la question de la temporalité de la formation du moi et de la distinction de celui-ci avec l’objet au regard de l’origine de ces phénomènes.
Cet ouvrage majeur de M. Bouvet forme une somme considérable d’apports théorico-cliniques indispensables à notre pratique analytique.