L’expression somatique du nouveau-né peut être considérée comme difficulté de l’ajustement réciproque de la dyade mère-enfant. Mais les difficultés peuvent commencer bien avant la naissance car le désir d’enfant, nécessairement ambivalent, s’accompagne d’un bouleversement psychique pouvant influencer la fécondité et le déroulement de la grossesse. Après la naissance, les symptômes ultra précoces du nouveau-né sont en lien avec l’état affectif de l’entourage et montrent la mise en place de la compulsion de répétition. Les cris paroxystiques et le reflux gastro-oesophagien sont une réponse du bébé à un excès d’excitation dû à un hyper investissement anxieux des parents. Cet hyper investissement peut avoir pour conséquence une hyper vigilance du bébé responsable des troubles du sommeil. Cependant, l’extrême variété des troubles du sommeil nécessite d’explorer le rôle et la valeur dans l’économie psychosomatique. Les manifestations allergiques semblent volontiers en relation avec une situation conflictuelle. L’expression somatique chez l’enfant cède la place à l’expression psychique au fur et à mesure du développement. Il existe une forte intrication entre les caractéristiques personnelles du bébé et celles des parents à travers leur problématique actuelle. Le tout premier développement passe par l’accès à la position passive supposant une intrication pulsionnelle préalable suffisante. À partir de là se développent la discrimination d’objets et d’états affectifs, ensuite l’activité autoérotique et la pensée qui aboutit à la phase génitale précoce.
Après avoir exposé ainsi les bases théorico-cliniques, les auteurs se proposent d’étudier des nourrissons avec une symptomatologie psychosomatique, âgés de 0 à 4 mois, et leurs mères, appariés à une population témoin, à l’aide de tests standardisés. Les résultats de cette étude montrent une grande diversité entre les bébés tant sur le plan de la personnalité que de leurs compétences. Il est intéressant d’observer qu’autant l’excès d’excitation que l’absence d’excitation empêche le développement à l’auto apaisement. De la même façon, les capacités d’adaptation à un environnement perturbé sont variables pour chaque bébé quelque soit sa symptomatologie somatique. Des performances optimales du bébé peuvent cependant avoir un caractère défensif. Les capacités de mentalisation de la mère jouent un rôle important dans la régulation des surcharges d’excitation chez elle et son enfant.
En conclusion, on peut dire que dans la consultation psychosomatique, l’action thérapeutique réside dans le fait de parler à un tiers. La psychothérapie psychanalytique de la triade bébé-mère-père, dont le but est un remaniement en profondeur de l’économie psychosomatique des parents tout en protégeant leur narcissisme, se base sur la sensibilité particulière de cette période. Les thérapies devraient briser la compulsion de répétition.
Le message à retenir de cet ouvrage est que l’ajustement de la triade ne va pas de soi.