Cet ouvrage est la réédition de celui paru en 2007, il propose une actualisation des thèses de James Gamill autour de la position dépressive, concept central de l’œuvre kleinienne. James Gamill psychanalyste franco- américain a été formé à Londres .Analysé par Paula Heimann et supervisé par Mélanie Klein, il s’installe à Paris en 1966. Très tôt, il s’attache à la transmission de la pensée kleinienne, à son ouverture. Ses travaux sont donc le fruit d’une longue et très riche expérience de clinicien, de superviseur et, de formateur. La clinique de l’enfant occupe une place centrale dans la pensée de James Gamill, celle-ci en effet permet aussi un accès aux cliniques les plus difficiles, patients borderline, psychotiques. On peut dire que ses travaux contribuent à redorer les blasons de la psychanalyse de l’enfant. Cet ouvrage très documenté témoigne largement des qualités de l’auteur, en particulier de la richesse de sa pensée qui sans cesse reste ouverte en permanence sur la créativité. Les positions théoriques ne sont là que pour soutenir le chemin de la clinique, les références sont nombreuses tant du coté des psychanalystes qu’en dehors.
Dans le premier chapitre qui constitue le centre de l’ouvrage en quelque sorte, l’auteur précise ce qu’il entend par « Editions successives de la position dépressive ». Il s’agit de moments particuliers de l’existence au cours desquels l’individu se trouve face à la perte, pouvant revêtir plusieurs formes : la perte du sein , la perte de l’aspect maternel des soins, la perte de l’illusion œdipienne , le début de l’école primaire , le début et la fin de l’adolescence, la relation amoureuse , la naissance du premier enfant , la crise du milieu de la vie , la retraite….Chaque « édition » nécessite une élaboration psychique qui passe inévitablement par le travail de deuil . Cette élaboration comporte des intrications avec l’Œdipe et les allers-retours sont nécessaires du coté de la position schizo-paranoide. Ce travail d’élaboration psychique abouti inévitablement à un gain, repérable dès l’élaboration de la première édition (la perte du sein). C’est la possibilité de l’accès à la représentation symbolique des liens. L’échec de ces élaborations qui conduit à l’état dépressif voire à la catastrophe psychique. Ainsi, à la lumière de ces travaux, la position dépressive peut être considérée comme une étape normale et indispensable du fonctionnement psychique. Ensuite, l’auteur nous propose une réflexion clinique sur la violence. Il dégage trois facteurs favorisant son surgissement chez l’humain : la blessure narcissique avec éléments paranoïde ou excitation excessive, le défaut de pare-excitation qu’il qualifie de défaut d’identification maternelle, et, la labilité émotionnelle.La contre-vérité psychique chez l’enfant et l’adolescent est un concept développé à partir de la clinique du clivage. L’auteur propose de considérer ce concept comme une modalité défensive laissant la place au faux, la vérité psychique est mise à distance. Celle-ci devient alors l’objectif du soin psychique. Plusieurs points technico-cliniques sont ensuite abordés. La question de la fréquence des séances trouve sa réponse dans la qualité de l’écoute analytique qui guide la nécessité d’une fréquence suffisante permettant que se déploie pleinement le travail analytique. Abordant la clinique de l’adolescent en souffrance, il pointe la nécessaire articulation du travail psychothérapique, psychanalytique, avec la prescription médicamenteuse, (antidépresseurs notamment) chez l’adolescent lorsque cette dernière s’avère nécessaire et J. Gamill énonce les dangers de la prise en charge pharmacologique seule d’un adolescent en souffrance. Après avoir exploré les confins du trauma dans un travail de réflexion centré sur la clinique abordant les rapports entre séduction et dépression, l’auteur examine la dépression primaire normale et pathologique et ses rapports avec la position schizo-paranoide et la position dépressive. Il nous propose de distinguer trois catégories : la première comportant les états dépressifs liés aux reproches du surmoi, la seconde les états dépressifs en liens avec des exigences trop fortes de l’idéal du moi et enfin les dépressions primaires dans lesquels on observe un sentiment d’être laissé tomber. L’ouvrage se conclue par une réflexion sur la formation des psychothérapeutes et des psychanalystes d’enfant, dans un entretien avec Didier Houzel . Dans cet échange, James Gamill insiste sur les exigences de la formation, confirmant ainsi le souci de transmission très présent dans tous ses travaux.