Ce collectif reprend les textes et les débats d’un colloque consacré à LACAN, organisé en 2005 par François DUPARC, et qui participe à un mouvement actuellement perceptible dans notre société de révision de l’héritage lacanien.
Dominique SUCHET et François DUPARC, discutent la manière dont l’identification primaire, s’organisant dans la spécularité, tend vers l’aliénation passionnelle. La dualité en miroir, à l’origine de l’agressivité paranoïaque, pourrait ainsi connaître deux destins narcissiques opposés. De l’un, référé au seul imaginaire il n’y aurait rien à attendre que la répétition de la lutte fraternelle-identitaire, tandis que dans l’autre, l’intervention du symbolique à travers une loi paternelle efficiente permet l’ouverture à la triangulation oedipienne. Le passage, dans le transfert de l’un à l’autre suppose la confrontation du sujet au vide d’un sens lié au seul signifié.
Dans une deuxième table ronde consacrée à l’articulation de la pulsion dans le langage, Gilbert DIATKINE souligne l’impasse du projet « global » visant à faire rentrer le langage dans un système logique organisé. De la « gerbe de Booz » (poème de V. HUGO) LACAN fait le paradigme d’un langage dont le circuit ne saurait exclure son destinataire. DIATKINE, rappelant la distinction entre le représentant psychique de la pulsion, ancrée dans la réalité du corps biologique et le représentant-représentation de la pulsion qui s’origine aux restes perceptifs, s’interroge sur le devenir de l’affect dans ce montage ; affect qui selon FREUD, se dissocie du représentant de la pulsion par le refoulement primaire.
De son côté, partant de l’hypothèse d’une similitude entre ce que l’on qualifie de processualité et le symbolique lacanien, Bernard CHERVET montre comment, dans le « circuit », développé par LACAN de la parole (entre les différents temps de son émission et de sa réception ; comme un message revenant au sujet sous une forme inversée ; etc.), ces éléments sont articulés logiquement à l’après coup tel que FREUD le travaille, d’abord dans l’esquisse avec « Emma », puis surtout dans les deux textes concernant l’oubli du nom. Ces deux textes séparés par trois années auront permis à FREUD l’élaboration en après-coup d’un déni qui en soutenait le premier temps. CHERVET montre, ici, que si le déni est porteur d’une potentialité désorganisante, il permet aussi le traitement, en sous-main, de la régressivité pulsionnelle induite par le traumatique.
Bernard PENOT rappelle l’insistance de LACAN sur le mouvement pulsionnel de double retournement comme condition nécessaire à l’émergence de la subjectivité par l’entremise d’un éprouvé de passivation. Mais l’existence même du sujet est conditionnée –dit Guy CABROL- à son accession à l’ordre du symbolique marquée une « Behajung » primordiale, affirmation d’une perception originelle, qui peut faire défaut sous l’effet de la forclusion. Ce qui est ainsi aboli du dedans (et peut, dès lors, faire retour du dehors par l’hallucination), se situe dans l’ordre symbolique. C’est particulièrement la forclusion du signifiant du « Nom du Père » (c’est à dire la prise en compte par la mère de l’effet d’une parole paternelle capable de se poser comme Loi et référencée comme telle à la castration), qui est considéré par LACAN comme condition fondamentale du déclenchement de la psychose.
Une dernière partie met en perspective l’avancée théorique des dits « quatre discours » avec les scissions à répétition du mouvement psychanalytique lacanien ; leurs enjeux institutionnels, avec en particulier l’histoire de la fondation du quatrième groupe sont rapporté ici par Sophie De MIJOLLA-MELLOR.