L’ouvrage consacré à «l’image du père dans la culture contemporaine» est le fruit d’une publication issue du colloque organisé en Mars 2008, à l’occasion des 80 ans d’une grande figure contemporaine de la Psychanalyse, celle d’André Green qui, sous la responsabilité de Dominique Cupa, a bien voulu accepter de participer à ces nombreux témoignages donnés à l’occasion de son anniversaire, dans le cadre de l’Université de Paris X-Nanterre. L’ensemble des écrits regroupés dans ce livre rend ainsi compte des nombreux hommages rendus à André Green : l’homme et le psychanalyste engagé, avec la pensée clinique qu’il véhicule et transmet avec passion depuis de nombreuses années. Mais ce recueil ainsi constitué s’avère être aussi une formidable palette de réflexions sur la question de «l’image du père dans la culture contemporaine» qui mêle tout autant des questions cliniques que des questions personnelles au sein d’une problématique plus collective sur l’organisation sociétale contemporaine dans laquelle nous- patients et analystes- vivons. C’est ainsi qu’au-delà de la seule problématique paternelle contenue dans le titre de ce recueil de textes, ce livre traduit la complexité croissante à penser une « fonction tiercéisante » (voir « la théorie de la triangulation généralisée avec tiers substituable » développée par André Green) selon différents axes correspondant aux sept parties de l’ouvrage :
Sept parties composent, en effet, l’ouvrage et se déclinent ainsi par ordre : «évolution ou involution de l’imago paternelle», «la fonction tierce du père en cause», «cliniques du père aujourd’hui», «cadre (paternel) linguistique et psychanalytique», «père biologique, père sexué, père symbolique», «blessures et meurtres du père», enfin «présences du père». Sans pouvoir recenser l’ensemble des contributions qui le composent, notons le véritable intérêt pour le lecteur à découvrir une diversité des points de vue entre les perspectives attachées à l’image paternelle léguée par le complexe d’Oedipe freudien avec ses facettes structurales/ historiques qu’elle représente et les perspectives plurielles qui alimentent une réflexion contemporaine sur la transformation actuelle des « repères » identificatoires que véhicule la mutation de notre société. C’est ainsi que si de nombreuses contributions s’organisent autour de la véritable inquiétude que représente cette «crise» des repères avec pour corrélat une clinique de plus en plus difficile, d’autres cherchent à ouvrir le champ des réflexions sur la complexité croissante qu’implique une évolution sociétale et historique de la «position paternelle». En filigrane de ces textes, persiste en effet l’idée que le père contemporain n’est plus le père d’hier. L’on peut le déplorer au regard de certaines graves dérives de la pensée, avec néanmoins, le risque d’une position nostalgique sur le «père d’antan», l’on peut aussi s’en saisir pour complexifier une «fonction tiercéisante» en combattant précisément ce qui semble faire rupture aujourd’hui : à savoir le véritable intérêt à penser la problématique de l’altérité au sein de la psyché humaine. Remercions donc encore André Green de nous avoir donné l’occasion de penser ensemble cette « image du père » non plus comme une figure du passé mais bien comme une figure bien contemporaine dans la psychanalyse d’aujourd’hui.