Doris-Louise Haineault nous décrit un type de relation mère-fille dans laquelle la fille est attendue comme une autre soi-même. Le corollaire en est que la mère va tenter d’exercer une forte emprise pour empêcher la fille de s’individualiser. Ces « Surmères » ont hérité d’une blessure narcissique mortelle qu’elles tentent de réparer par la maternité mais qu’elles ne pourront que transmettre à leur fille. Elles ne savent pas bercer, calmer, partager des affects, elles ne peuvent que tenter de combler leur vide intérieur extrêmement angoissant, par des sentiments de toute puissance et de contrôle de l’autre, c’est-à-dire d’abord de leur fille. Un pacte faustien se trouve ainsi tacitement passé entre les deux partenaires : la Surmère demande à l’enfant de lui donner sa vie et tout l’amour dont elle a besoin pour survivre, en échange de quoi l’enfant obtiendra d’elle sa présence indéfectible pour l’éternité. L’enfant ne peut qu’accepter. Il devient le thérapeute de la mère et se constitue un faux self soignant pour la réparer. Dans ce contexte fusionnel, toute rupture de la part de la fille équivaut à un meurtre de la mère et d’elle-même. De plus, la trop grande proximité empêche l’élaboration des fantasmes et l’avènement du symbolique, entraînant somatisations et envahissement par les angoisses archaïques.
Le travail de l’analyse est celui de la mise au jour du vrai self, de la désidéalisation de la Surmère et de la découverte du manque qui rompra la chaîne de la toute puissance.