À une époque qui évoque volontiers “ la fin du divan ” il est particulièrement opportun de retourner aux origines.
C’est à un retour aux sources françaises de la psychanalyse, mésestimées par Ernest Jones, qu’André Bolzinger nous invite. Dans un premier chapitre sur le mode du “ je me souviens ” de Georges Perec, l’auteur d’abord restitue le Paris vu par Freud, celui de sa correspondance avec Martha, micro souvenirs, très évocateurs de l’époque d’une France d’avant l’affaire Dreyfus et le Boulangisme ; Paris, ses célébrités, ses théatres, ses médecins plus ou moins célèbres. Et comme le dit Bolzinger : “Moins de cent ans après la prise de la Bastille, un jeune homme dont la formation intellectuelle avait été placée sous le signe des lumières, n’était pas indifférent au pays et à la langue de Voltaire”. Mais surtout Paris va pour lui prendre le visage de Charcot… Le livre prend alors sa pleine signification, celle d’une histoire documentée et minutieuse de Charcot, de son terreau culturel, de l’état des controverses qui entourèrent le “Maître”, l’hystérie, et l’hypnose. Cet ouvrage nous permet d’approcher l’entourage du “maître”, ses précurseurs, ses disciples, milieux scientifiques partagée entre la germanophobie et l’estime pour une suprématie scientifique allemande. Freud était venu à Paris pour approcher un spécialiste de l’anatomie pathologique (comme il l’était lui-même), et il a découvert un clinicien des névroses. Il était venu parfaire sa science des “nerfs” ; nous savons ce qu’il en advint.
Nous sont restituées les querelles de l’époque qui ont un étrange parfum d’actualité : hérédité (génétique), corps, esprit, suggestion, etc. Comme conclut l’auteur : “A chaque génération, il importe que les acquis soient reconquis, enrichis et confrontés à d’autres horizons. Assumer un héritage et créer du neuf, cela va de pair”.