Freud et la culture, Paris, PUF, 2013, ISBN 978-2-13-060746-5, 217 p.
La culture viennoise de la seconde moitié du 19ième siècle est marquée par le libéralisme des classes moyennes bourgeoises, contrecarré par la masse antilibérale nationaliste et antisémite. Ce fut également l’époque du triomphe de la raison scientifique et de l’instruction ; Freud reçut une éducation basée sur la culture classique, mais son appartenance à la confession juive a limité son avenir professionnel. C’est dans cette période de tensions qu’est née la psychanalyse.
Les réflexions sur la culture sont présentes explicitement ou implicitement dans toute l’œuvre de Freud. Freud aborde la culture sous deux angles : d’une part, la psychologie des masses, il tente de l’expliquer, sur le modèle des psychonévroses, par la libido. Celle-ci et la maîtrise du complexe d’Œdipe sont au fondement de la culture. L’Œdipe opère entre individuel et collectif, social et culturel. Le revers de la médaille est ce que Freud appelle hypocrisie culturelle. De ce fait, le surmoi individuel est culturel car grâce à son instauration, la personne devient porteuse de la culture. La culture est l’œuvre et au service d’Eros unificateur, mais accroît, par contre, le sentiment de culpabilité. Le surmoi culturel est à l’origine des idéaux d’une société et élève ses exigences. Il est transmis aux générations suivantes.
D’autre part, la culture est aussi un domaine d’expression et de projection de l’activité d’esprit humaine ; à l’inverse le contexte culturel influence aussi le psychisme humain individuel.
En analogie avec le travail de rêve, le travail de culture est un travail psychique dont le processus conduit au développement culturel de l’être humain aussi bien sur le plan individuel que social. La notion de travail de culture rend compte des relations complexes entre inconscient et culture ; l’inconscient étant porteur de l’héritage archaïque, donc éminemment culturel.
Les sociologues, cependant, reprochent à Freud d’avoir négligé le symbolique et la langue, bien qu’il les ait effleurés.
Au total, la psychanalyse doit s’intéresser au phénomène culturel, et elle est en même temps culture par excellence en faisant advenir le moi à partir du ça.
08.12.2014