Le livre est séparé en 2 parties, une principale : « les folies minuscules » suivie d’un court aperçu sur « les folies meurtrières ».
Dans son avant propos, Jacques André annonce son projet avec une finesse et un humour que l’on retrouvera tout au long de son livre. Il remarque que la psychanalyse a fortement souligné qu’il n’y a pas de discontinuité entre la santé et la pathologie mentale, il va explorer les « folies minuscules », celles qui font partie de la « vie normale » », l’inconscient de tous les jours ».
Le livre est divisé en chapitres dont les titres sont presque tous empruntés à des mots entendus au cours d’une cure, tels que « on ne touche plus », « la fourchette » « le temps volé », « ma mère est folle », mots qui frappent par leur caractère concret.
J.André commence en général les chapitres par la citation de quelques phrases prononcées par des patients. Il nous communique ainsi de très courts fragments de séances à partir desquels il laisse vagabonder sa pensée avec virtuosité, sur un mode évoquant l’association libre, tout en restant parfaitement maîtrisé.
Nous ne pouvons qu’en donner quelques exemples, car délibérément il n’a pas voulu donner de fil directeur à son ouvrage.
Ainsi à partir d’une phrase: « tu es un accident, tu n’étais pas désiré »il va mettre en opposition les théories de Freud et de Winnicott sur la relation de la mère et du bébé.
Des chapitres comme « On ne touche plus » ou « Darkness visible »sont construits comme des thèmes et variations à propos du toucher et de la mort, mort dans la clinique (la mélancolie) mais aussi dans la littérature et la peinture, en nous faisant en même temps partager ses plaisirs esthétiques.
Certains chapitres sont très courts voire réduits à une phrase, d’autres donnent lieu à des développements théoriques.
Ainsi à partir du « trou », terme utilisé de façon grossière par un patient pour parler du vagin, l’auteur expose de façon succincte sa théorie sur la « féminité primitive », discute celle de Laplanche sur la généralisation de la théorie de la séduction et la problématique de la castration et fait intervenir les théories de Lacan dans le débat
Ou partant de « juste une chose encore » qui sont les mots d’une patiente pour prolonger ses séances,il développe ses idées sur la régression, qui seront reprises et développées dans son rapport au prochain Congrès des psychanalystes de langue française .Il souligne l’opposition entre Lacan pour qui la « régression n’existe pas » et Winnicott qui a montré l’importance de la régression à la dépendance dans les cas limites .Il en tire la conclusion qu’une « théorie psychanalytique ne peut se constituer en généralité qu’au prix d’une simplification de la complexité psychique ».
Dans la deuxième partie de l’ouvrage « Les folies meurtrières » comme le note J. André des « folies minuscules aux folies meurtrières il y a plus qu’un pas ».
Ayant suivi de près la vie de «criminels ordinaires » en Guadeloupe, il nous livre sans commentaires quelques récits de ces meurtres d’êtres proches.
Tout au long de son livre l’auteur montre son goût des formules lapidaires, voire paradoxales, dont le caractère percutant pourrait parfois entraîner le risque d’inhiber l’esprit critique du lecteur, par ailleurs constamment intéressé. On retiendra la richesse de ces textes courts et la profondeur des aperçus qu’il propose.