Si dans un texte intitulé avec subtilité « La défaillance », Jacques André fait l’éloge de l’« exigence », de l’« appétit » du féminin, signes de « passivité positive » qu’il différencie de la passivité, négatif d’une activité valorisée par la « prétention phallique », dont il reconnaît, bien entendu, la place et le rôle dans le complexe de castration et l’identification à laquelle il procède, il propose également de considérer que le féminin, « sous sa face la plus sombre », « sa sauvagerie au-dedans », puisse être « un autre mot pour l’inconscient », un autre mot pour désigner l’empire et la démesure du sexuel délié…
Anne Juranville montre ("Violence de femmes") à propos de Baise-moi, de Virginie Despentes, que ce qui paraît un « semblant d’inscription dans la perversion » bascule dans un passage à l’acte maniaque psychotique. L’expression du Surmoi archaïque dans sa dimension sacrificielle tente de produire une idole, non-manquante, incastrable… l’Autre maternel imaginaire.
Les représentations mythologiques et « Esthétique(s) de la femme fatale » sont interrogées par Dominique Maingueneau : par définition nomade et maléfique pour l’homme « ordinaire » auquel la femme ne cesse de donner la preuve de l’illusion de l’ordre qu’il tente d’assurer pour se rassurer, elle est, avec l’artiste, co-créatrice d’une « mythologie esthétique » et, ce faisant, témoigne de la vérité de l’être féminin.
Monique Schneider ("Freud et le rapport féminin à la négation") propose que l’évolution de l’« approche » de Freud quant au féminin puisse être placée sous le signe de la négation. Le lieu féminin devient métaphore de l’espace psychique, espace intime voué à l’effraction par un corps étranger que Freud aura l’idée de tenter d’expulser (par hypnose), avant de penser à l’admettre et le mettre en circulation (par la psychanalyse).
"Fat-analités du féminin… ou les fatalités d’un regard masculin sur le sein érotique maternel" : Hélène Parat met en évidence les modalités défensives masculines que peuvent soulever les représentations du féminin / maternel représentées par la double valence du sein nourricier et érotique et en illustre quelques aspects par l’analyse du film de Federico Fellini, Les Tentations du Dr Antoine.
L’hypothèse soutenue par Mohammed Ham à partir d’une étude sur "Le destin sacré du féminin et le « "maktoub des femmes" est que « la sacralisation mythique du féminin et sa localisation du côté de la femme est une position nostalgique d’un mythe de nature androgynique en rapport avec les signifiants du Maternel ». M. Ham étaye cette hypothèse, notamment, par une étude de l’inscription des signifiants féminin et maternel dans la langue arabe (à partir des radicaux QDS, HRM, HLL, QRA).
La mascarade féminine peut être considérée comme un masque qui dissimulerait l’essence de la femme et une œuvre qui permettrait de capter la beauté avec art et artifice ; elle serait un appel à être reconnue, désirée, un appel à « se faire voir » qui doit s’articuler à un « se faire entendre » pour que le sujet féminin puisse s’arracher « au champ mortifère de l’Autre » qui répond toujours insuffisamment. D’où l’hypothèse soutenue par Jean-Michel Vivès dans l’article au titre évocateur : « La voi(x)e du féminin : entre regard et invocation » : la plainte est d’essence éminemment féminine, hypothèse qu’il étaye par l’analyse de Salomé de Richard Strauss, Orfeo de Monteverdi, et Turandot de Puccini.