Entre les murs de François Begaudeau, est un roman en forme de témoignage. Les murs, ce sont ceux d’un collège de banlieue d’une grande ville, ceux qui enferment et qui protègent ; ceux surtout qui délimitent l’espace scénique du drame : un professeur de français vaguant entre ses différentes classes et la salle des professeurs ; huis clos qui se déroule, le temps d’une année scolaire, et dont il nous fait percevoir l’évolution progressive.
Comme sous l’effet d’une caméra subjective, l’auteur nous amène à reconstituer une continuité, là où ne s’accumulent qu’une succession d’instants, de classes, de lieux, que rien ne devrait permettre de rassembler. Nous suivons le formidable travail de mise en continuité psychique que doivent assurer les équipes pédagogiques de ces collèges.
Mais au delà de l’intérêt documentaire de ce texte, il peut intéresser le psychanalyste par la reconstitution qu’il donne du langage de ces jeunes gens. Travail de restitution de la langue que ces adolescents construisent entre eux, et des efforts qu’ils fournissent pour trouver un accommodement avec le langage des adultes, de sorte qu’il leur permette de porter et médiatiser la formidable puissance pulsionnelle qui les agite. Travail d’élaboration collective dont François Begaudeau se fait le chroniqueur attentif.
Essai sur la création du langage à travers le travail d’appropriation que ces jeunes gens sont obligés d’en faire, ou bien transposition moderne d’un conte initiatique du moyen âge, plusieurs lectures de ce joli texte sont possibles.