En reprenant, tout en la complexifiant, la métaphore classique de l’analyste-miroir, Louise de Urtubey se propose de concevoir la situation analytique comme cet espace quasiment infini entre deux miroirs qui se renverraient l’un à l’autre leurs images respectives, créant ainsi un champ complexe de combinaisons et de contradictions, qui nécessite de la part de l’analyste la capacité de s’en extraire après avoir accepté d’y être plongé.
Son ouvrage a le mérite d’argumenter la nécessité de cette double capacité pour chaque moment-clé de toute analyse : décision inaugurale, choix techniques (avec une vigoureuse contestation de la “passivité analytique” telle qu’elle est quelquefois comprise), interprétations (leurs risques et leurs pathologies), absences (chapitre particulièrement intéressant vu du côté du contre-transfert : pourquoi nous absentons-nous ?) ; enfin, terminaison – en tant qu’inévitable mise en acte.
La seconde partie de l’ouvrage, de façon très cohérente si l’on prend la mesure du poids des assertions contenues dans la première – consacrée au contre-transfert dans ses multiples voies de manifestation –, est entièrement dédiée à la réaction thérapeutique négative. Louise de Urtubey après un passage en revue synthétique de la littérature sur le sujet, y affirme la prééminence – et ceci au-delà des éventuels points aveugles restés non-analysés chez l’analyste –, d’une conception de cette réaction comme construite et dénouée (ou pas) à deux. Place est faite à une forme de réaction thérapeutique négative de l'analyste lui-même : le passage à l'acte sexuel, dont Louise de Urtubey montre la dimension de haine et les effets de destructivité.
Les deux cas cliniques évoqués en fin d’ouvrage sont passionnants. L’ensemble de l’ouvrage pourrait être vu comme une invite pressante à prendre la mesure des conséquences possibles de l’inévitable intermittence de nos auto-analyses.