Cet ouvrage est l’aboutissement des travaux de l’auteur notamment autour du lien précoce, de la subjectivation et de la filiation qu’il mène déjà depuis un certain nombre d’années. Les références y sont abondantes et, les nombreuses évocations cliniques viennent illustrer au fil du texte l’approche théorique toujours assez dense. Le livre comporte trois parties.
La première consacrée à la subjectivation et aux liens précoces, la seconde, à la différence de générations, et la troisième à l’intersubjectivité affiliative paternelle et groupale. L’auteur propose d’envisager «(…) la formation de fantasmes de génération qui transposeraient sur la scène psychique l’introduction de l’espèce dans l’individu. Ces fantasmes qui aboutissent à la parentalité et à l’engendrement de nouvelles générations, se forment sur les traces d’expérience sensorielles précoces, fondatrices du sentiment d’existence, et que je désigne par le terme d’embryon de sens. » p 8.
Dans la première partie, l’approche est celle de la métapsychologie. L’auteur reprend avec une très grande précision toutes les avancées récentes, extrêmement fructueuses pour la clinique du bébé et du jeune enfant. L’écoute du sensoriel élargit le champ de la clinique en donnant de précieuses indications sur les défauts du lien précoces et sur les écueils de la subjectivation. A . Konicheckis insiste en particulier sur la subjectivité de l’objet.
Dans la seconde partie, l’auteur fait du « fort-da » le modèle de la transmission de génération en génération, de la filiation. Il propose le concept de montaison (utilisé pour décrire le mouvement des saumons dans les rivières) pour décrire « le mouvement de régrédience générationnelle caractéristique du transfert, le patient rencontre le trans-générationnel à travers la différence des générations. »p118. On entrevoit aisément non seulement la place de l’enfant dans certains contextes mais surtout sa fonction pour le psychisme parental spécialement autour des questions de deuil, circonstances dans lesquelles sa présence permet d’occulter l’absence.
La parentalité paradoxale et les filiations malaisées où, la transmission devient pathogène, sont ensuite décrites dans la dernière partie, ainsi que la fonction paternelle tout particulièrement dans sa dimension de préservation des générations. La notion d’affiliation y est développée en référence au générationnel et au groupe. La réflexion de l’auteur s’ouvre ensuite sur la dimension de la culture.
Ce travail très documenté constitue donc une référence sur la question du lien précoce et sur la transmission des générations.