Dans les traces du prénom, ce que les autres inscrivent en nous, Paris, PUF, 2013, ISBN 978-2-13-061749-5, 218 p.
Le prénom par rapport au nom est peu étudié par les psychanalystes nous dit D. Widlöcher dans sa préface. Cet ouvrage aborde le prénom conjointement sous l’aspect psychanalytique et anthropologique.
Le nom propre représente une idée singulière qui se réfère à une entité propre. Nommer un enfant, c’est le faire entrer dans l’ordre des relations humaines. Le nom est un don et la trace ineffaçable d’une histoire familiale. Dans ce sens là, le prénom est un cryptogramme.
Du point de vue historique, il y avait d’abord un nom unique équivalant à un prénom, qui est au sens étymologique le premier des prénoms. Le nom se réfère à l’identité et fait du sujet un être irremplaçable. Le nom reflète l’être de l’individu et le situe dans un complexe réseau relationnel. Le nom est aussi le lieu de l’expression culturelle c.a.d. de la réalité psychosociale. C’est un message du donneur du nom à un tiers. Les prénoms ont une signification dans toutes les cultures, même s’ils sont choisis dans une liste préétablie comme dans la nôtre. Nommer un enfant, c’est appeler à la vie, mais aussi nous avertir de notre condition de mortel. C’est ainsi que Dieu est innommable car immortel.
Le prénom restreint l’expansion narcissique du sujet et a trois fonctions : identification, filiation et projet. Un complexe réseau de relations familiales précède la naissance de l’enfant et détermine le choix du prénom. Le prénom contient les désirs des parents, leurs attentes et parfois un mandat qui peuvent être aliénants. Recevoir un prénom signifie se situer dans l’ordre des générations. Le signifiant du prénom s’enchaine avec les signifiants parentaux. Le prénom est le point charnière entre le mythe familial, où se rencontrent les lignées maternelle et paternelle, et le sujet qui en est influencé par sa force signifiante. L’appel par le nom a pour conséquence de provoquer la séparation et le sujet peut se reconnaître dans sa différence. Mais l’enfant, de son côté, doit s’approprier son prénom.
Les exemples donnés de pathologie liée au prénom dans la clinique, la littérature et la séquestration d’enfants pendant le terrorisme en Argentine sont particulièrement saisissants.
03.12.2014