Françoise Chandernagor, de l’Académie Goncourt, nous propose un conte…
C’est l’histoire, désormais oubliée, d’un ancien peintre de cour, du XVIIIe siècle, qui souhaite encore exposer son « Œuvre », celle de sa vie à la plus grande exposition parisienne…
L’auteure nous fait vivre au sein de la famille et dans la vie d’artiste d’un peintre de cette époque. On assiste à la confection au fil du temps de ce tableau, qui représente sa famille. C’est donc à la fois la question du temps qui passe, des aléas de la vie, la mort des jeunes enfants, la présence d’une enfant arriérée et laissée à l’abandon par sa mère, la détresse de celle-ci devant les deuils et la blessure narcissique liée à la présence de cette enfant « abîmée ». Bref, une vie du XVIIIe siècle somme toute ordinaire, qui sera illuminée par le travail de l’Œuvre en cours et la personnalité attachante de ce peintre.
Tout au long de l’ouvrage, on trouve en arrière plan, le fil qui tient une vie, à savoir la recherche d’une couleur parfaite, une couleur absolue : « la couleur du temps » Pour éclairer la robe de la mère et le tableau dans son entier, et qui puisse l’identifier dans le futur, comme on nomme le : « Vert Véronèse ou le bleu Nattier ».
On pense à Peau d’Âne, bien sûr, et la robe couleur de temps que Peau d’Âne réclame à son père.
En réalité, ce qui sous tend le thème de ce livre, c’est la question de la mémoire, du temps qui se déroule, de la place des souvenirs et de la valeur donnée à la quête de l’homme pour donner un sens à la vie.
Ce tableau d’une vie, finira sans doute « découpé » en morceaux dans la mansarde trop petite de la fidèle servante, dont le peintre n’a jamais perçu le profond attachement….
Ce joli livre très bien écrit, se lit d’une traite, comme on relirait un conte de Grimm, ou bien en revisitant une des salles du musée du Louvre.