Interne chez Bleuler, Max Eitingon eut connaissance des travaux de Freud et le sollicita en 1906 pour un cas. À partir de leur rencontre à Rome en 1907 se développa une intense correspondance dont tout le charme réside dans le mélange des échanges personnels et professionnels à propos de préoccupations quotidiennes.
Eitingon commença aussitôt à envoyer à Freud des livres qu’il jugeait utiles pour ce dernier. Une fois installé à Berlin, il se consacra entièrement à Freud et à la psychanalyse. Pendant la première Guerre mondiale, Eitingon, appelé comme médecin, appliqua non seulement la psychanalyse à l’hôpital militaire, mais trouva à Freud et à sa famille des séjours estivaux près de son lieu de garnison et les ravitailla. Après la guerre, Eitingon devint le bras droit de Freud. C’est en 1920 qu’il fonda de ses propres moyens la Policlinique ouvrant ainsi la psychanalyse à une population démunie. Dans les années 1920, Eitingon œuvra en faveur d’un développement international de la psychanalyse et montra tout son talent de médiateur, d’organisateur, et de mécène en faisant intervenir ses nombreuses relations. Il aida à résoudre de façon diplomatique des conflits entre certains analystes et sa maison d’édition. Il mit en place un institut dispensant une formation académique rigoureuse aux futurs analystes. Il incita Freud à publier ses œuvres, quand ce dernier hésitait, collabora avec Anna et la soutint. Même pendant ses longs voyages, Eitingon ne cessa de rester en contact avec Freud et de s’occuper de la psychanalyse. Sur le plan privé, Eitingon soutint les fils de Freud à la recherche d’un emploi et vint, pendant des longues années à Vienne souhaiter l’anniversaire à Freud de vive voix avec le dévouement d’un fils. L’infatigable Eitingon essaya également d’aider Freud à surmonter les problèmes que celui-ci rencontra suite aux nombreuses interventions chirurgicales après la déclaration en 1923 de son cancer en le poussant à consulter d’autres spécialistes mais aussi en lui fournissant des cigares adéquats et non disponibles en Autriche qu’il lui fit passer en contournant la douane. Pendant l’inflation, il lui fit placer son argent dans des devises plus sures et à l’étranger. La crise de 1929 atteignit aussi Eitingon et l’entreprise de sa famille, base de ses importants moyens financiers, et aboutit à la fermeture de la Policlinique bien qu’il put sauver la maison édition grâce à une collecte de fonds. Les événements de 1933 incitent Eitingon à émigrer à Jérusalem où il fonda aussitôt la Société Palestinienne de Psychanalyse et l’institut de formation. Sa dernière action directe auprès de Freud fut d’encourager la publication de « Moses » malgré la situation politique.