Le livre de Denys Ribas est un appel à la confrontation sérieuse entre les théories cognitives et psychanalytiques. De ces confrontations qui précisent les désaccords, naissent également des convergences remarquables.
Denys Ribas introduit dans son introduction une description méconnue de l’autisme par Hans Asperger qui mérite autant que Kanner la paternité de la découverte de ce syndrome. Mais alors que Kanner en 1943 décrit les enfants vus en consultation, Asperger les soigne depuis 1926 dans une institution thérapeutique mettant en œuvre un traitement privilégiant la relation affective. Pour Asperger, la relation établie suppose des responsabilités éducatives et une exigence envers lui. La nature profonde de l’enfant ne se révèlera qu’à celui qui est dans une situation pédagogique avec lui.
L’auteur décrit également la pédagogie curative introduite à Vienne en 1911 par Clémens Von Pirquet et définit sa conception de cette pédagogie comme une approche spécifique qui ne doit pas être confondue avec la rééducation, une synthèse intuitive de la pratique médicale et éducative, un outil référentiel qui s’adresse autant aux médecins qu’aux infirmières, aux enseignants, aux thérapeutes.
Une connaissance de l’enfant nécessite une relation vivante et affective avec lui. A partir de cette thèse une présentation des patients d’Asperger nous est donnée à lire.
Suit un exposé et critique des positions cognitives. Pour l’auteur, le cognitivisme reste très prisonnier d’une idéologie positiviste scientiste un peu naïve (p. 99).
Une partie est consacrée aux réflexions psychanalytiques, riche de références théoriques et d’illustrations cliniques.
La lecture de cet ouvrage nous plonge également dans des témoignages précieux d’anciens autistes aux personnalités exceptionnelles qui ont su émerger de leur isolement et nous donne accès aux souvenirs de leurs expériences qui confirment pour l’auteur certaines intuitions cliniques, mais nous livrent aussi des faits nouveaux qui suscitent des questions nouvelles.
Face à la clinique, une confrontation entre les approches cognitivistes et psychanalytiques est riche d’enseignements ; Denis Ribas propose des liens entre ces deux approches, si l’on dépasse les différences de langage, tentative de traduction qui se révèle fructueuse.
Des questions nouvelles donc, sur lesquelles cet ouvrage fait le point et devient une référence.
L’auteur termine son ouvrage en livrant un rêve. Son rêve évoque une institution pour les autistes qui serait organisée avec trois pôles auxquels les enfants et adolescents pourraient recourir selon leurs besoins en proportions variables.
Nous laissons le plaisir aux lecteurs qui le désirent d’aller le découvrir.