Colette Combe nous fait part de son travail de réflexion et de son expérience de psychanalyste concernant les soins de la boulimie dans le cadre des hôpitaux de Lyon.
Quand l’expérience première du lien a été trop incertaine, la boulimie serait une tentative concrète de faire tomber en soi la nourriture pour engloutir de la présence. Le temps est vécu en accéléré, de facon défensive, avec pour fonction d’abolir les différences. En ce sens, la boulimie est une addiction. Chez ces patientes, la constitution d’un espace intime, qu’il soit psychique ou physique, a été incomplète ou n‘a pu avoir lieu, si bien que leur intime propre n’est pas à leur disposition et les empêche de se lancer dans l’âge adulte. L’enjeu du soin de la boulimie est de rendre accessible ce lieu dont dépend l’équilibre psychosomatique, et de cesser d’éviter, par un processus semblable à celui de la position centrale phobique décrite par Andre Green, le vide, le creux psychique. Dans ce contexte, la survenue de la dépression, dépression de santé, est organisatrice de la guérison. Le temps des cauchemars signe le retour des problématiques qui s’articulent autour de l’angoisse de castration et représente une étape du sevrage boulimique.
La psychanalyse des troubles alimentaires nécessite une écoute adaptée à cette problématique, en particulier à son vide, à sa destructivité et à l’archaïsme de la sexualite cannibalique.