Membre titulaire de la Société Belge de Psychanalyse et ancienne présidente, Jacqueline Godfrind, auteur également de Les deux courants du transfert, s’interroge sur l’avènement du féminin, avec un abord clinique qui l’amène vers une théorie de la technique.
Parler d’ “ identité féminine”, reviendrait, pour l’auteur, à interroger l’ “en-deçà des problématiques névrotiques fondées sur la sexualité féminine ” et donc l’archaïque. A se demander si l’archaïque est sexué ? La sexualisation des origines serait induite par l’investissement maternel, prenant racine dans la capacité de rêverie maternelle laquelle s’exprime dans la rencontre corporelle mère-bébé. Autrement dit, se pose “ le délicat problème du féminin érotique de la mère dans sa rencontre avec l’infans ”. C’est dire le rôle de l’homosexualité féminine dans la construction de la féminité. J. Godfrind développera les avatars de l’attachement mère-fille, d’ “ un pacte noir ” où se déclinent la haine, l’amour, “ l’adhésivité amoureuse à la mère ”…
La construction de la féminité sera un des enjeux cruciaux du travail analytique, en tant qu’affirmation identitaire de la femme et épanouissement sexuel. Avec l’analyse du transfert de base, vont se “ reproduire les vicissitudes de la relation primaire à l’objet ”. L’analyste aura par des interventions “ désexualisées ”, mission d’améliorer la fonction symbolique.
L’auteur pose évidemment la question du choix du sexe de l’analyste, avec le questionnement classique suivant : “ l’analyste femme serait plus volontiers apaisante, l’analyste homme plus volontiers excitant ? ”, et analyse le problème de la séduction traumatique.
Elle rappelle l’importance de l’analité dans le développement psycho-sexuel de la fille, permettant par déplacement sur le vagin, la régulation de la relation à l’objet.
Dans un autre chapitre, l’auteur interroge la dépendance de la femme (de la fille dans l’attachement à sa propre mère) qui s’exprimerait dans la plus grande fréquence des femmes, à chercher une aide psychologique. En retour, elle aborde l’autonomie acquise grâce au travail analytique. Sans oublier bien sûr, que l’avènement à la féminité ne pourra se réaliser que s’il y a un recours au tiers, corps de l’homme et psychisme masculin. En somme, l’archaïque et le tiers masculin seraient deux voies, entre-autres, qui permettraient de comprendre “ comment la féminité vient aux femmes ”.
La lecture de cet ouvrage est agréable, et très accessible. Les illustrations cliniques et les réflexions pratiques dans la technique de la cure maintiennent le lecteur en éveil…